Note de traduction : Ce chapitre est retraduit dans son intégralité. Si nous avons fait ce choix c'est parce qu'il manque vraiment beaucoup de choses. Vous verrez que ces changements, au premier abord anodins, changent au final, tout le ton du texte. Il vous suffit de lire la première page du livre français puis le texte original pour le voir... Les descriptions des lieux, comme des sœurs de Kyrian, changent ou disparaissent, les termes et expressions vieillottes sont légions, sans parler du vocabulaire et des tournures de phrases utilisées. 
Nous vous invitons si vous le pouvez, à comparer les deux textes, nous avons beaucoup ri en le faisant.
Ces changements sont malheureusement présents dans tout le livre, ainsi que dans les suivants avec plus ou moins d'intensité.


Chapitre 7

 

   "Oh non," dit Amanda, en se mettant sur la pointe des pieds pour se retrouver nez à nez avec Kyrian. Elle haussa les sourcils et du regard le défia de nier ses paroles. Alors qu'elle parlait, chaque mot était court et sec. "Tu te trompes. Je veux mon ancienne vie. Je la veux ennuyeuse et je veux qu'elle soit longue."
   Son esprit l'amusait alors qu'elle soulignait le dernier mot. Elle était spectaculaire quand elle était agacée et il se demandait combien de temps il pouvait lui faire garder cette couleur sur ses joues. Le feu dans ces luxuriants yeux bleus.
   Mieux encore, alors que ses seins montaient et descendaient avec le poids de sa conviction, des images d'autres choses qui l'essoufflerait lui traversèrent l'esprit.
   Il voulait garder son souffle. Il voulait goûter pleinement sa passion.
   Les lèvres de Kyrian le démangeaient à l'idée de la faire sienne, ses mains lui faisaient mal à l'idée de toucher son corps jusqu'à ce qu'elle crie de plaisir.
   Dieux, mais cette femme le tentait comme il n'avait jamais été tenté auparavant. Et il avait aimé la tentation d'une manière qui défiait toute explication. Au fil des siècles, il avait oublié ces petits défauts de sa personnalité, mais depuis qu'il s'était réveillé avec elle à côté de lui, il lui avait douloureusement rappelé l'homme mortel qu'il avait l'habitude d'être.
   Lentement, peu à peu, il pouvait la sentir briser les barrières qu'il avait construit autour de lui, l'engourdissement. Il avait pris ses distances avec ses sentiments depuis des siècles. Et s'il y avait eu des mortelles, il ne s'en souciait  que pendant un temps, aucune d'elles ne l'avaient touché comme elle le faisait.
   C'était si étrange pour lui.
   Pourquoi elle ?
   Pourquoi maintenant ? Maintenant qu'il avait besoin d'avoir les pensées claires pour faire face à Desiderius.
   Les Moires jouaient une fois de plus avec lui et en fait il n'aimait pas plus ça.
   Il pouvait sentir son sang battre dans ses veines alors qu'il regardait ses lèvres pleines et humides. Déjà il pouvait les toucher. Les sentir. Chers dieux, comme il la désirait.
   Elle, seule, réveillait la bête affamée en lui. La partie de lui qui voulait grogner et dévorer son corps lentement, centimètre par centimètre, pendant toute la nuit.
   Mais Amanda était humaine et il ne pouvait rien lui offrir de lui-même. Son âme et sa loyauté appartenaient à Artémis.
   D'ailleurs, Amanda avait droit à son rêve de normalité. Ses rêves d'une maison et d'une famille avec un homme banal.
   Après avoir eu ses propres rêves si cruellement, dépouillés de manière vengeresse, il refusait de le faire pour elle maintenant.
   Elle méritait d'avoir sa longue, pleine, et ennuyeuse vie. Tout le monde méritait une chance d'obtenir les désirs de leurs cœurs.
   Il avala la boule dans sa gorge qui lui faisait mal à cause de son désir pour elle et sut, à ce moment-là, qu'il aurait dû la bannir de ses pensées.
   Elle ne pourrait jamais être la sienne.
   Son destin était de revenir vers une famille qui l'aimait et de trouver un homme mortel qui pourrait...
   Il ne termina pas cette pensée. Elle était même trop douloureuse pour l'envisager.
   "A cause de toi," murmura t'il, résistant à l'envie de toucher ses cheveux, "J'espère que c'est vrai, mais je crains qu'avec les pouvoirs brut inexploités que tu as, et avec ce que fait Tabitha la chasseuse de vampire, ça ne va pas être possible de vivre ta vie ennuyeuse dans les jours à venir.
   Elle rompit le contact visuel avec lui.
   -Je n'ai pas de pouvoirs." Sa voix était forte, pourtant elle manquait de la conviction qu'elle avait eu plus tôt.
   Il tendit la main et toucha son menton, cherchant à réconforter la peine qu'il vit sur son visage, les craintes qu'il ne comprenait pas. Pourquoi ne pouvait-elle pas reconnaître les cadeaux qui lui avaient été donné ?
   "Tu ne veux pas les reconnaître, Amanda, mais ils sont là. Tu as des prémonitions et de la télépathie. Des projections et de l'empathie. Ils sont à bien des égards similaires à ceux de Tabitha, mais tes pouvoirs sont beaucoup plus forts que les siens.
   Le saphir vif de ses yeux revint.
   -Tu me mens.
   Son accusation le surpris.
   -Pourquoi je le ferais ?
   Elle déglutit.
   -Je ne sais pas. Je sais juste que je n'ai pas de pouvoirs.
   -Pourquoi as-tu si peur d'eux ?
   -Parce que...
   Il pencha la tête alors qu'elle se tut sans finir sa phrase.
   -Parce que ? " L'incita t'il.
   Elle leva son regard vers lui et la douleur dans ses yeux lui coupa le souffle.
   "Quand j'avais quinze ans," dit-elle la voix basse, "j'avais l'habitude de les avoir à l'époque. Elles s'avéraient toujours juste. Dans l'une d'elle, ma meilleure amie était tuée dans un accident de voiture. Je l'ai vue. Je sentais sa panique et j'ai entendu les dernières pensées qui ont traversées son esprit avant sa mort.
   Kyrian serra les dents face à sa douleur, il l'entendait dans sa voix. Tendant le bras, il prit sa main dans la sienne. Ses doigts glacés tremblaient.
   -Quand je l'ai vu à l'école, j'ai fais tout mon possible pour l'empêcher de rentrer à la maison ce jour-là avec Bobby Thibideaux. Je lui ai même parlé de mon rêve." Des larmes coulaient à nouveau. "Elle n'a pas écouté. Elle m'a dit que j'étais stupide et méchante et jalouse parce qu'il l'aimait et pas moi.
   Elle secoua la tête alors qu'elle revivait ce jour-là.
   -Je n'étais pas jalouse, Hunter, je voulais juste qu'elle ne meure pas.
   Il caressa ses doigts, essayant de réchauffer sa main.
   -Je sais Amanda.
   -Elle est montée dans la voiture avec moi qui lui criait d'en sortir. Tout le monde à l'école me regardait, mais je ne m'en souciais pas. Tabitha m'a fait reculer pour qu'ils puissent partir et tout le monde a rit.
   Elle lécha ses lèvres sèches.
   -Ils ne riaient plus le lendemain quand ils ont découvert que tout les deux étaient morts sur le chemin du retour. On m'a appelé monstre. Durant les trois années suivantes, personne ne voulait être près de moi. J'étais la fille bizarre qui voyait des choses.
   La colère brillait dans ses yeux quand elle les leva vers lui.
   -Dis-moi, en quoi ces soi-disant pouvoirs sont bien quand ils font que les gens ont peur de moi ? Pourquoi puis-je voir des choses que je ne peux pas changer ? En quoi est ce bon ?
   Kyrian n'avait pas de réponse à lui donner. Tout ce qu'il pouvait faire était de sentir sa douleur intérieure et son agitation.
   -Tu ne comprends pas ?" continua t'elle. "Je ne veux pas connaître l'avenir quand je ne peux pas l'arrêter. Je veux être normale," insista t'elle, la voix brisée sur le dernier mot. "Je ne veux pas être comme Talon ou ma grand-mère et avoir des gens morts qui me parlent. Je ne veux pas savoir ce que tu ressens. Je veux juste vivre ma vie comme les autres gens. Tu n'as jamais voulu ça ?
   Fermant les yeux contre l'agonie sans fondement que lui serrait le cœur, Kyrian lâcha la douceur de sa peau et s'éloigna d'elle.
   -Je suis désolé, Hunter, je ne voulais pas...
   -C'est bon," dit-il lentement.
   Il se plaça près d'une chaise et elle regarda la façon dont il en saisit le dossier. Bien qu'il essayait difficilement de la cacher, elle pouvait sentir sa douleur.
   "Tu as raison," dit-il enfin. " Il y a des moments où être capable de sentir le soleil sur mon visage me manque. Tant de choses me manquent que je ne peux même pas commencer à les compter. J'ai appris que la meilleure chose à faire est de ne pas me torturer moi-même avec mes souvenirs.
   Il leva son regard vers elle et la chaleur dans ses yeux la brûlèrent.
   -Mais les gens comme nous qui ont des dons spéciaux. Nous ne pouvons pas être normal.
   Amanda ne voulait pas l'entendre. Son cœur ne pouvait pas accepter ces nouvelles.
   -Peut-être que tu ne peux pas. Mais je le peux. Je ne laisserais pas ces pouvoirs m'envahir. Ils sont morts pour moi.
   Il rit amèrement.
   -Et tu penses que je suis têtu.
   -Hunter, s'il te plaît," dit-elle, détestant l'agonie qu'elle entendait dans sa voix. "Je souhaiterais juste être au jour d'avant-hier. Je voudrais pouvoir me réveiller et voir que tout cela n'était qu'un cauchemar."
   En ce moment, elle sentait quelque chose qui lui faisait peur. C'était juste un bref tiraillement des pouvoirs dont il parlait. Et cette sensation la transpercèrent quand elle entendit ses pensées.
   Tu souhaites ne m'avoir jamais rencontré, tu veux dire.
   Elle se dirigea vers lui.
   "Hunter...
   Il esquiva son contact et se rendit au comptoir où se trouvait le téléphone. Il le prit et le lui tendit.
   -Appelle Tabitha et dit lui de rester chez votre mère jusqu'à vendredi. Elle peut aller et venir dans la journée, mais après la tombée de la nuit il est impératif qu'elle reste à l'intérieur.
   -Elle ne va pas aimer ça.
   La fureur qui couvait dans ses yeux couleur de nuit s'intensifia.
   -Votre mère est là pour l'attacher. Nous ne traitons pas avec les vampires habituels là. Ces Daimons ont débloqués des pouvoirs extrêmement dangereux, et jusqu'à ce que Talon et moi comprenions à quoi nous avons affaire, elle a besoin de faire profil bas.
   -D'accord. Je ferais de mon mieux.
   Il acquiesça.
   -Pendant que tu lui parles, je vais changer de vêtements."
   Amanda le regarda sortir de la cuisine, le cœur lourd. Elle ne voulait pas qu'il la laisse même durant le temps qu'il lui faudrait pour se changer. Elle ressentait une envie particulière de le suivre et de l'aider à retirer ses vêtements...
   Au lieu de cela, elle composa le numéro de Tabitha.
   "Oh, dieu merci tu vas bien," dit Tabitha, la voix remplie de larmes. "La police vient de me dire pour les maisons et je savais que c'était le moment où tu passais à la maison."
   Les propres yeux d'Amanda se remplirent de larmes, mais elle les refoula. Pleurer ne servirait à rien. Les maisons avaient disparues et toutes les larmes du monde ne pourraient pas les ramener. Elle avait besoin de se concentrer sur le présent pour que chacun d'eux puissent survivre à la colère de Desiderius.
   "Comment va Allison ?" Lui demanda t'elle, essayant de se distraire de la peur.
   "Elle va bien. Sa mère est déjà à l'hôpital. Je suis dans la voiture en chemin pour aller la voir au moment où nous parlons. Personne ne sait ce qui est arrivé à Terminator.
   -Je l'ai.
   Tabitha poussa un soupir de soulagement.
   -Je te remercie, sœurette. Je te dois beaucoup de temps. Alors, tu es où maintenant ?
   C'était la question à laquelle Amanda redoutait de répondre. Tabitha allait péter les plombs quand elle le découvrirait.
   -Je préfère ne pas le dire," éluda t'elle.
   Silence.
   Il s'étira pendant plusieurs minutes et tout ce qu'Amanda entendait à l'autre bout était le bruit de la circulation.
   Tabitha essayait de lire en elle.
   Bon sang !
   Tabitha dit le mot au moment même où le pensait Amanda.
   "Tu es à nouveau avec ce vampire, n'est ce pas ?
   Amanda grimaça. Comment quelqu'un avait pu dire à sa sœur, la chasseuse de vampire, qu'elle avait le béguin pour un vampire et prévu de passer la nuit dans sa maison ?
   Il n'y avait pas de manière facile pour le faire.
   Soupirant, elle essaya de penser à une manière de l'expliquer.
   "Ce n'est pas...exactement un vampire. Il est plus comme toi.
   -Hum hum," dit Tabitha. "Comme moi comment ? Il a des seins ? Il a un petit ami ? Ou il aime juste tuer des trucs ?
   Amanda grinça des dents.
   -Tabitha Lane Devereaux, ne fais pas ta garce. Je sais que ce n'est pas comme les trucs que tu tus, aucun, et je ne veux pas jouer aux Vingt Questions avec toi. Le gars qui m'a attaqué chez toi est vraiment effrayant, et pas du tout comme les autres choses effrayantes avec lesquelles tu joues. C'est différent. Hunter veut que tu fasse profil bas et je suis d'accord.
   -Hunter ? Est-ce que ce n'est pas la même goule suceur de sang qui a menacé ma vie auparavant ?
   -Il ne voulait pas dire ça.
   -Ah non ? Donc tu es prête à parier ta vie sur ça ?
   -Je suis prête à parier nos deux vies sur ça.
   -Tu es complètement folle, tu le sais ?
   -Surveilles ton langage, petite fille. Contrairement à toi, je sais ce que je fais. Je fais confiance à Hunter. Et ce gars, Desiderius, est sérieusement mauvais. Comme Hannibal Lecter.
   Amanda pouvait imaginer Tabitha roulant des yeux alors qu'elle émettait un grognement dégoûté.
   -Je ne suis effrayée par aucun des deux.
   -Peut-être que tu devrais apprendre à avoir un peu peur. Pour ma part je suis terrifiée.
   -Alors pourquoi ne viens-tu pas à la maison où nous pouvons te protéger ?
   Parce que je veux rester avec Hunter. Amanda ne savait pas d'où lui venait cette pensée. Mais elle n'allait pas le nier. Elle se sentait en sécurité et protégée avec lui.
   Il avait à nouveau proposé de l'emmener ailleurs. Elle ne doutait pas que si elle lui demandait, il la laisserait partir, et pourtant...
   Elle ne le voulait pas.
   Mais elle n'oserait pas dire ça à Tabitha. Les choses étaient plutôt lamentables entre eux, alors elle offrit à sa sœur la seule excuse à laquelle elle pensa.
   "Je ne peux pas faire ça, pas tant que cette chose est après moi.
   Tabitha jura de nouveau.
   -Comment est ce que je peux savoir que ce gars, Hunter, ne te tiens pas sous une sorte de pouvoir pour te contrôler ?
   Amanda se mit à rire quand elle se rappela les parole de Hunter à l'usine.
   -Parce que, tout comme toi, je suis trop têtu pour ce genre de chose. D'ailleurs, c'est un ami de Julian Alexander. Tu fais confiance à Julian et Grace, n'est ce pas ?
   -Ben ouais, bien sûr.
   -Alors fais confiance en leur ami.
   -Ok," dit Tabitha à contrecœur. "Mais ma confiance est très mince. Je veux que tu sois en toute sécurité.
   -Et je veux la même chose pour toi. Hunter dit que tu seras en sécurité tant qu'il fait jour, mais assures-toi d'être dans la maison de maman une fois que le soleil se couche et d'y rester. En fait, je ne pense pas que tu devrais aller à l'hôpital. Tu devrais probablement aller maintenant chez maman.
   -Allison est ma meilleure amie, je dois la voir.
   -Alors que tu pourrais les mener à elle ? Pour ce que tu en sais ils t'observent peut-être déjà.
    Tabitha émit un bruit de gorge.
   -Je n'aime pas ça. Pas du tout, mais c'est bon. Tu as raison. Je ne veux pas les attirer vers Allison. Maman peut gérer n'importe quoi. Je vais tourner à la prochaine intersection et rejoindre maman pour la nuit. Tu m'appelles si tu as besoin de moi.
   -Ça ira."
   Amanda reposa le téléphone et ramassa son assiette sur le comptoir où Hunter l'avait laissé. Elle la porta jusqu'à la petite table qui était à côté de la grande baie vitrée. Elle donnait sur une belle cour ancienne derrière la maison, avec des roses sur des treillis, des statuaires grecques, et des arbustes sculptés. La zone était éclairée par des lampes à huile antique qui jetaient une lueur surnaturelle contre les murs en stuc blanc.
   Amanda resta assise seule pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que Hunter revienne. Il avait mis un tee-shirt noir à manches longues qui moulait ses larges épaules. Il avait relevé les manches sur ses avant-bras et elle vit l'entaille très mauvaise qui courait le long de son bras.
   "Le Daimon t'as mordu ou est-ce que c'est un coup de couteau ?
   Hunter regarda la blessure en s'asseyant en face d'elle.
   -La morsure.
   Elle suspendit ses gestes.
   -Tu as besoin de soins, non ?
   -Non, toute la plaie aura disparu demain.
   -Ouais, mais la morsure de cette chose ne va pas te transformer en vampire ?
   Il rit et lui lança un drôle de regard.
   -Techniquement, je suis déjà un vampire. Pour ce qui est de se transformer, c'est impossible à moins que tu ne sois un Apollite.
   -Alors ils ne peuvent pas mordre les humains et les transformer en vampires ?
   -C'est un conte.
   Elle réfléchit une minute.
   -Alors d'où viennent toutes ces idées fausses sur les vampires ?
   Il avala une bouchée de sa nourriture et pris un verre.
   -De villageois effrayés principalement. Depuis le jour où Atlantis a été engloutit dans l'océan, les Apollites et les Daimons ont été persécutés. A un moment donné, toutes les cités grecques connaissaient les Dark-Hunters et nous étions vénérés. Mais alors que le temps passait et que les Dark-Hunters devenaient solitaires, nous avons été la plupart du temps oubliés, sauf dans les mythes et les légendes. Acheron et les autres ont aimés ce principe. Ash est même allé jusqu'à recueillir et cacher les écrits anciens qui se référaient à nous.
   -Acheron ? " demanda t'elle, coupant un morceau de son poulet. "Tu en parles tout le temps. Qui est-il ?
   -Il a été le premier Dark-Hunter choisi par Artémis.
   -Et il est toujours vivant ?
   -Oh ouais. Je crois qu'il est en Californie cette semaine.
   Elle haussa un sourcil.
   Hunter sourit.
   -Il voyage vers un nouvel endroit tout les deux ou trois jours.
   -Comment ? Pourquoi ?
   Il haussa les épaules.
   -Je suppose que quand vous êtes âgé de onze mille ans, les choses deviennent plutôt ennuyeuse. Quant à savoir comment, il a un hélicoptère construit sur mesure qui peut passer le mur du son.
   Amanda digéra cette nouvelle et essaya d'imaginer à quoi pouvait ressembler cet ancien Dark-Hunter. Pour une raison quelconque, Yoda lui vint à l'esprit. Petit, avec la peau gris vert ridée, donnant des paroles remplies de sagesse aux autres.
   -As-tu déjà rencontré Acheron ?" demanda t'elle.
   Kyrian hocha la tête.
   "Nous l'avons tous rencontré. Il forme tous les nouveaux Dark-Hunters et d'une certaine manière il est officieusement notre chef. Il y a aussi cette théorie selon laquelle il est l'exécuteur que les dieux appellent pour nous exécuter lorsque nous dépassons les limites de la convenance.
   Elle n'aimait pas le ton de tout ça.
   -En les dépassant comment ?
   -Ne pas s'attaquer aux humains, pour commencer. Nous avons un code de conduite qui doit être suivi. Aucune révélation de nos pouvoirs devant la foule, aucune association avec les Apollites ou les Daimons, et cetera...
   C’était étrangement réconfortant de savoir qu’il existait de telles lois, mais c’était aussi effrayant d'imaginer l'un de ces types se tournant vers le mal, avec les pouvoirs qu’il possédait.
   -S’il est interdit aux Dark-Hunters de se blesser les uns les autres et que vous annuler vos pouvoirs en vous regroupant, comment Acheron peut-il être un bourreau ?
   -Lui ne draine pas nos pouvoirs – il prit un verre de vin – Ash était un Dark-Hunter cobaye. Parce qu’il était le premier, les dieux n’ont pas éliminés tous les défauts du système. Donc il y a… on pourrait dire, des effets secondaires."
   Maintenant, elle se figurait vraiment une sorte de vie mutante. Un petit Dark-Hunter mutant avec un zézaiement.
   "Et il y a combien de Dark-Hunters exactement ?" demanda t’elle.
   "Des milliers.
   Amanda en resta bouche bée.
   -Sérieusement ?
   Elle pouvait voir la réponse dans la lueur de ses yeux.
   Il y a souvent des nouveaux ?
   -Pas souvent," dit-il rapidement. "La majorité d’entre nous sommes là depuis assez longtemps.
   -Wow," souffla t’elle, "donc si Acheron est le plus vieux, qui est le plus jeune ?
   Kyrian fronça les sourcils, réfléchissant à la réponse.
   -Spontanément, je dirais Tristan, Diana ou Sundown, mais je devrais vérifier auprès d’Acheron.
   -Sundown ? Un surnom, ou sa mère ne l’aimait pas beaucoup ?
   Il sourit.
   -C'était un bandit et c’était le nom qu’ils utilisaient sur ses avis de recherches. Les autorités soutenaient le fait qu’il faisait du meilleur travail à la tombée de la nuit.
   -Ok."Dit lentement Amanda. Maintenant elle se figurait Wild Bill Hickok *. Avec les jambes arquées, une barbe hirsute et du tabac à chiquer dans la joue.
   "Je suppose que vous les Dark-Hunters n’étiez pas des commerçants ou euh…
   -Des gens respectueux des lois ?
   Elle sourit.
   -Je n'étais pas en train d'insinuer pas que vous étiez immoraux, mais vous aviez tous les atouts pour l’être.
   Kyrian lui rendit son sourire. Immoral ? Cela pouvait certainement décrire ses pensées en ce qui concernait son invitée.
   -Il faut un certain comportement et une certaine passion pour devenir Dark-Hunter. Artémis ne veut pas perdre son temps ou le nôtre en sélectionnant quelqu’un incapable de chasser. Je pense que tu pourrais dire que nous sommes tous fous, méchants et immortels."
   Le sourire d’Amanda s’élargit, montrant une petite fossette sur sa joue droite. Bizarre qu’il n’ait jamais remarqué ça avant.
   "Méchant et immortel, je te l’accorderais, mais es-tu vraiment fou ?
   -Si pour toi fou signifie fou à lier, que dirais-tu de moi ?
   Son regard devint diabolique.
   -Que tu es réellement fou. Mais tu sais, j’aime ça chez toi. Il y a des choses à dire en faveur de l’imprévisibilité.
   Kyrian n’était pas sûr de savoir qui des deux était le plus surpris par sa confession. Elle regarda rapidement ailleurs, ses joues rougirent.
   Elle l’aimait... Ces mots évoquèrent en lui une réaction vraiment infantile. Il ressentit un besoin étrange de courir le dire à quelqu’un.
   "Elle m’aime. Elle m’aime."
   Il était âgé de deux mille ans. Avait depuis longtemps passé l'âge pour un tel comportement.
   Pourtant il ne pouvait pas nier la satisfaction et le bonheur qu'il ressentait.
   Un silence gênant tomba entre eux pendant qu'ils mangeaient.
   Alors qu'elle terminait son repas, Amanda faisait de son mieux pour ne pas penser à sa maison. A tout ce qu'elle avait perdu. Elle s'en occuperait demain. Pour le moment, elle voulait juste passer la nuit.
   "Tabitha va rester en place," dit-elle alors qu'elle regardait Kyrian prendre sa propre assiette et la rincer dans l'évier.
   "Bien.
   -Tu sais, "dit-elle doucement, " tu ne m'as toujours pas dit comment tu savais autant de choses sur ma sœur la nuit où on s'est rencontrés.
   Il mit l'assiette et l'argenterie dans le lave-vaisselle.
   -Talon et Tabitha ont un ami commun.
   Les yeux d'Amanda s'écarquillèrent à cette idée. Une taupe... qui y aurait pensé.
   -Un membre du "Zoo" de Tabitha ?
   Il acquiesça.
   -Qui ?
   -Depuis le temps que cette personne travaille pour nous, je ne vais pas te dire qui il est.
   Elle se mit à rire, puis plissa les yeux, essayant de deviner de qui il s'agissait.
   -Je paris que c'est Gary.
   -Je ne dirais rien."
   C'était intéressant, mais pas autant que le Dark-Hunter devant elle. Soupirant, Amanda continua à manger en jetant un coup d'œil à la grande et riche cuisine tandis que Kyrian rangeait la nourriture. Il y avait un petit comptoir de marbre qui ressemblait vaguement à un temple grec. Il séparait la table où elle était assise du reste de la cuisine. Trois hauts tabourets de bar étaient placés devant.
   Tout était impeccable, propre et énorme.
   "C'est une grande maison pour une personne. Depuis combien de temps vis tu ici ?
   -Un peu plus de cent ans.
   Elle se figea.
   -Tu es sérieux ?
   -Je n'ai aucune raison de bouger. J'aime la Nouvelle-Orléans.
   Elle se leva en prenant son assiette à sa place.
   -Tu as sérieusement pris racine n'est-ce pas ? Où as tu vécu avant ?
   -A Paris pendant un certain temps, "dit-il en mettant l'assiette de côté. "Genève. Londres, Barcelone, Hambourg, Athènes. Avant d'arriver par ici.
   Elle regarda son visage pendant qu'il parlait. Il n'y avait aucun signe révélateur de son humeur. Il lui cachait ses sentiments et elle se demandait s'il n'y avait pas un moyen de les faire sortir.
   -Tout ça me parait bien solitaire.
   -C'est le cas." Toujours pas d'indice facial.
   "Tu as eu des amis dans l'un de ces endroits ?
   -Non, pas vraiment. J'ai eu quelques Ecuyers au cours des siècles, mais en grande partie, je préfère la solitude.
   -Des Ecuyers ?" Demanda t'elle. Comme c'est étrange. "Comme au Moyen-Âge ?
   -Quelque chose comme ça." Il la regarda mais ne donna pas de détails. "Et toi, tu as vécu ici toute ta vie ?
   -J'y suis née et y ai grandi. Les parents de ma mère ont immigré de Roumanie pendant la Dépression et du côté de mon père ce sont des cajuns du bayou.
   Il se mit à rire.
   -J'ai connu un grand nombre d'entre eux.
   -En vivant ici depuis une centaine d'années, je paris que c'est le cas."
   Amanda considéra la vie que Hunter avait vécu. Tous ces siècles de solitude, à regarder les gens mourir de vieillesse, alors qu'il ne changeait pas. Ce devait avoir été difficile pour lui.
   Mais même avec ça, sa vie devait bien avoir eu quelques avantages bien meilleurs.
   "Comment c'est de savoir que l'on va vivre éternellement ?
   Il haussa les épaules.
   -Honnêtement, je ne pense pas à ça. Tout comme le reste du monde, je me lève, fais mon travail, et retourne me coucher.
   Cela sonnait comme quelque chose de simple. Pourtant elle sentait quelque chose en lui. Une profonde tristesse. Vivre sans rêves devait être atroce. L'esprit humain avait besoin d'objectif pour réussir, et tuer des Daimons ne lui semblait pas en être un.
   Elle laissa son regard dériver vers le comptoir et essaya d'imaginer ce qu'avait fait Hunter en tant qu'homme. Julian lui avait dit comment ils allaient boire après la bataille et combien Hunter avait voulu des enfants.
   Pire, elle se souvint la façon dont Hunter l'avait regardé porter Vanessa.
   "Tu as déjà eu des enfants ?
   Une douleur intense passa brièvement dans ses yeux, juste avant qu'il ne récupère son stoïcisme.
   -Non, les Dark-Hunters sont stériles.
   -Alors vous êtes impuissants.
   Il eut un hoquet d'indignation et la regarda.
   -Presque. Je peux avoir des relations sexuelles, je ne peux pas procréer.
   -Oh." Elle fronça diaboliquement le nez et essaya d'alléger l'atmosphère. "C'était vraiment une question indiscrète. Je suis désolé.
   -C'est bon.
   Hunter démarra le lave-vaisselle.
   -Tu aimerais visiter la maison ?
   -Maison ?" demanda t'elle, arquant un sourcil incrédule. "Si ça c'est une maison, je vis dans une cabane deux pièces." Son souffle s'arrêta quand elle se souvint qu'elle n'habitait plus nulle part. Se raclant la gorge, elle mit cette pensée de côté. "Oui, "dit-elle rapidement. "J'aimerais la voir."
   Hunter la fit passer par la porte à sa gauche, dans une immense pièce à vivre. Les murs, les moulures et les médaillons étaient absolument magnifiques, avec une grâce et une élégance ancienne, mais les meubles de la maison étaient aussi modernes qu'ils pouvaient l'être.
   La salle était aménagée pour le confort, pas pour impressionner les visiteurs. Mais elle n'imaginait pas les vampires divertir très souvent leurs invités.
    Un choix énorme de divertissement bordait un mur, comprenant une chaîne Hifi, un téléviseur à écran plat et un appareil composé d'un magnétoscope et d'un lecteur DVD.
   Bien qu'il y ait des lampes tout autour, la salle était seulement éclairée par des bougies posées sur trois chandeliers ornementaux.
   "Tu n'aimes pas les ampoules modernes ? Demanda t'elle alors que Hunter allumait un candélabre.
   -Non," dit-il. "Ils sont trop lumineux pour mes yeux.
   -La lumière te fait mal ?
   Il acquiesça.
   -Les Dark-Hunters ont des yeux faits pour l'obscurité. Nos pupilles sont plus grandes que les vôtres et ne se dilatent pas de la même façon. Par conséquence, nos yeux laissent passer beaucoup plus de lumière que les yeux humains."
   Pendant qu'il parlait, elle remarqua que les fenêtres étaient couvertes du sol au plafond par des volets noirs qui protégeaient la maison de la lumière du jour.
   Alors qu'elle contournait un canapé de cuir noir, Amanda s'arrêta net dans son élan.
   Il y avait un cercueil posé juste devant.
   "Est-ce que..." elle ne pouvait pas finir la phrase. Non, pas alors que la vision horrible de Hunter endormi à l'intérieur chaque jour.
   Hunter regarda à son tour, puis croisa sans ciller son regard choqué.
   "Oui," dit-il d'une voix impassible. "Oui, ça l'est. C'est... ma table basse.
   Il se dirigea vers le cercueil, souleva le couvercle et en sortit une télécommande.
   -Pour le téléviseur si tu veux regarder demain.
   Amanda secoua la tête. Maintenant qu'elle y faisait attention, elle vit qu'il y avait toutes sortes de petits bibelots bizarres évoquant les vampires qui traînaient. Des statues miniatures, de petites arbalètes, et même un jeu de tarot des vampires sur la cheminée.
   -Nick pense que c'est drôle, "dit Hunter alors qu'elle prenait le jeu de tarot.
   "Chaque fois qu'il trouve quelque chose avec un vampire dedans ou ayant un rapport avec les vampires, il l'apporte ici et le laisse pour que je le trouve.
   -Ça te dérange ?
   -Non, c'est un bon garçon la plupart du temps.
   Alors qu'il la menait de pièce en pièce dans la maison, elle commença à se perdre.
   -Cet endroit est grand comment au juste ?" Lui demanda t'elle alors qu'ils entraient dans une salle de jeux.
   -Il y a douze chambres et environ deux mille mètres carré.
   -Bon sang, je suis allé dans des centres commerciaux plus petits.
   Il rit.
   Une table de billard plutôt élaborée était fixée au milieu de la salle de jeu, avec une collection de jeux d'arcades et une télévision à grand écran avec une gamme complète de consoles de jeux alignées sur une table basse juste devant. Mais ce qu'elle trouva de plus particulier était une paire de gants de baseball avec une balle sur une table à volets dans un coin de la pièce. Amanda se dirigea vers eux.
   "Je lance la balle avec Nick certaines nuits, "lui expliqua Hunter.
   -Pourquoi ?
   -Ça me vide la tête quand j'essaie d'arranger certaines choses.
   -Ça ne dérange pas Nick ?
   Il se mit à rire.
   -Tout dérange Nick. Je ne pense pas que je n'ai jamais eu à lui demander quelque chose sans qu'il se plaigne à ce sujet.
   -Alors pourquoi le garde tu avec toi ?
   -Je dois être masochiste.
   Maintenant c'était à son tour de rire.
   -Je voudrais vraiment rencontre ce Nick.
   -Pas de doute que tu le verras demain.
   -Vraiment ?
   Il acquiesça.
   -Quoique tu es besoin, tu lui demandes et il te l'aura. S'il te choque d'une quelconque façon, fais le moi savoir et je le tuerais en me levant.
   Il y avait quelque chose dans sa voix qui lui disait que ce n'était pas une menace en l'air.
   Hunter ouvrit une porte-fenêtre et la conduisit dans un atrium entouré de vitre. Le plafond était transparent et montrait un million d'étoiles vacillantes au-dessus de leurs têtes, et leurs chaussures cliquetèrent sur le sol carrelé.
   "C'est magnifique ici.
   -Merci.
   Elle se dirigea vers une grande statue représentant trois femmes au centre de la pièce. L'ensemble était absolument à couper le souffle. La plus jeune d'entre elles étaient couchée sur le côté avec un rouleau en main, tandis que les deux autres étaient assise dos à dos. L'une tenait une lyre tandis que l'autre semblait chanter. Mais ce qui était le plus étonnant était la manière dont elles avaient été peintes. Chacune avait l'air réelle, et elles avaient une ressemblance frappante avec Hunter.
   "Est-ce qu'elle vient de Grèce ?" demanda t'elle.
   Un regard douloureux passa sur son visage alors qu'il hochait la tête.
   "C'étaient mes sœurs.
   Le cœur lourd, elle les étudia de près. Hunter toucha doucement le bras de celle portant le rouleau de parchemin. La toge bleue correspondait parfaitement à ses yeux.
   -Althéa était la plus jeune d'entre nous," dit-il, sa voix prenant une octave plus basse. "Elle était calme et timide, et elle avait un charmant bégaiement quand elle était nerveuse. Dieux, comme elle détestait ça, mais je trouvais qu'il était doux. Diana..." il indiqua celle avec la lyre qui était habillée de rouge. "Elle avait deux ans de plus que moi et avait le tempérament d'une musaraigne. Mon père disait que nous étions trop semblables et que c'est pourquoi on ne pouvait se passer l'un de l'autre. Et Phaedra était un an plus jeune que moi et avait une voix d'ange.
   Amanda regarda la jeune femme vêtue de jaune.
    Il y avait une telle grâce et une telle délicatesse chez ses sœurs.
   Le sculpteur les avait saisies comme si elle était en plein mouvement. Même les plis de leurs vêtements étaient réalistes et délicats. Elle n'avait jamais vu un tel artisanat. Elles avaient l'air si réelles qu'elle s'attendait à moitié à les voir parler.
   Pas étonnant que cela lui fasse autant souffrir.
   "Tu les aimais beaucoup.
   Il acquiesça.
   -Que leur est il arrivé ?
   Il s'éloigna.
   -Elles se sont mariées et ont eu une vie longue et heureuse. Diana a appelé son premier fils en mon honneur."
    Un sourire ténu courba ses lèvres, il avait retenu tous les autres mais pour ça il ne le pouvait pas. Cela en disait long sur leurs relations. Alors qu'elle regardait les femmes, elle se souvint de ce qu'il avait dit dans la voiture sur Althéa. Elle avait rasé tous ses longs cheveux blonds et bouclés quand elle avait appris la disparition de son frère. Elles avaient dû l'aimer autant qu'il les aimaient.
   "Qu'est ce qu'elles ont pensé de ta transition en Dark-Hunter ?
   Il se racla la gorge.
   -Elle ne l'ont jamais su. Pour elles, j'étais mort.
   -Alors comment en sais-tu autant sur...
    -Je les entendais quand elle faisaient leur vie. Je les sentais, de la même manière que toi tu peux ouvrir ton cœur à Tabitha et dire quand elle est troublée.
   Elle se raidit à ces paroles.
   -Comment as-tu appris ça ?
   -Je te l'ai dit, je peux sentir tes pouvoirs.
   Un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale et elle se demanda si elle pouvait lui cacher quelque chose.
   -Tu es un homme effrayant.
   Une étrange lumière assombrit ses yeux.
   -Je ne suis pas un homme. J'ai abandonné mon humanité quand je suis passé de l'autre côté.
   C'est ce qu'il disait, mais elle pouvait voir plus. Il pouvait de pas avoir d'âme, mais l'homme avait un cœur bon et qu'est ce que c'était sinon être humain.
   -Pourquoi as-tu accepté d'être un Dark-Hunter alors que tu n'as pas pris ta revanche sur Theone ?
   -Ça semblait être une bonne idée à l'époque."
   Ces quelques mots firent fondre quelque chose en elle. Peut-être la solitude de sa voix, l'acceptation résignée de son destin dans ses yeux. Elle ne savait pas exactement ce que c'était, mais elle savait qu'elle ne pourrait tout simplement pas revenir à son ancienne vie et oublier cet homme.
   Elle avait vu trop de sa bonté. Trop de sa douleur. Et Dieu lui vienne en aide, plus elle en apprenait sur lui plus elle le voulait.
   Elle le voulait d'une manière qui défiait toute explication. Ils se connaissaient à peine et pourtant il y avait quelque chose qui les liait.
   Amanda regarda ses yeux tourmentés qui l'étudiait avec faim et chaleur. C'était ce que sa mère appelait la "moitié manquante". C'était le terme que sa mère utilisait pour décrire son père. Le terme utilisé par Selena quand elle parlait de Bill.
   Pour la première fois de sa vie, Amanda compris. Et après l'avoir trouvé auprès de lui, elle savait qu'elle ne pouvait pas simplement le laisser partir.
   Pas sans combattre.
   Inconscient de ses pensées, Hunter se détourna et la ramena dans la maison. Il lui montra une suite à l'étage inférieur.
   "Tu peux dormir ici. Je vais t'apporter quelque chose de plus confortable à porter."
   Amanda erra dans la luxuriante chambre à coucher. Le lit à baldaquin king-size ressemblait à celui d'un vieux film. La peinture vert foncé aurait pu rendre la pièce plus petite, mais dans cet espace immense, elle lui donnait un charmant sentiment d'intimité.
   Hunter revint quelques minutes plus tard avec un t-shirt noir et un pantalon de survêtement qui la couvrirait entièrement.
   "Merci", dit-elle en lui prenant des mains.
   Il se tenait devant elle, ses yeux cherchant les siens.
   A sa grande surprise, il leva la main et fit glisser son doigt le long de sa mâchoire. Ses ongles courts raclèrent doucement sa chair, lui envoyant des frissons dans tout le corps. Elle savait qu'il voulait l'embrasser, et elle était étonné de voir à quel point elle voulait son baiser.
   Mais il ne l'embrassa pas. Il la regarda de ses yeux sombres affamés.
   Puis il passa le bout de son pouce sur ses lèvres et elle peina à retenir un gémissement montrant à quel point elle se sentait si bien. L'air entre eux était en proie à des tensions. Avec du désir mutuel et du besoin. La force de celui-ci lui coupa le souffle et la fit se sentir faible et forte en même temps.
   Juste au moment où elle était certaine qu'il allait l'embrasser, il recula.
   "Bonne nuit, Amanda."
   Le cœur battant, elle le regarda partir.


   Kyrian jura à chaque pas qu'il faisait vers son bureau. Il aurait dû l'embrasser. Il aurait dû...
   Non, il avait fait le bon choix. Il n'y aurait jamais rien entre eux. Les Dark-Hunters ne pouvaient prendre une femme que pour quelques nuits, mais il leur était interdit de s'impliquer trop sérieusement avec elles. Le danger était trop grand. Cela rendrait ces femmes vulnérables aux Daimons, et affaiblissait les Dark-Hunters. Il fallait être prudent, et en suivant cette règle, la prudence empêchait d'être tué.
   Ça ne l'avait jamais dérangé auparavant.
   Ce soir, la douleur était presque assez forte pour le briser.
   Il détestait ces sentiments à l'intérieur de lui. Détestait avoir besoin d'elle. Il avait depuis longtemps banni ses émotions et préférait vivre de cette façon, dans un cocon sûr et exempt d'agitation.
   "Je dois la faire sortir de mon esprit."
   Il entra dans son bureau et ouvrit une session sur le site Dark-Hunter.com.
   Son programme de messagerie instantanée clignotait pour lui indiquer des messages entrants et comme toujours, sa boîte e-mail était remplie par des notes d'autres Dark-Hunters. La technologie était une chose merveilleuse. Être en mesure de communiquer entre eux était un véritable cadeau du ciel. Cela leur permettait de faire face aux longues nuits et de les rendre plus supportable et leur permettait d'échanger des informations importantes.
   Kyrian s’assit dans son fauteuil en cuir noir et cliqua sur l’icône qui clignotait. C’était un message d’Acheron.
   "Nick a appelé, il a dit que Desiderius t’avait botté le cul. Tu vas bien ?"
   Kyrian serra les dents et tapa une réponse.
   "Je vais le tuer pour ça. Je vais bien. Desiderius s’est échappé dans un portail. Qu’est-ce que tu sais sur lui ?"
    C’est lui qui a abattu Cromley il y a quelques années, tu as affaire à un important pouvoir. J’ai parlé avec l’Ecuyer de Cromley et il a dit que Desiderius a pris un plaisir énorme à jouer avec la tête de Cromley. Desiderius a fini par le tuer d’une manière dont je ne préfère rien dire. Personnellement, je souhaites que Desiderius vienne à moi, j’ai besoin d’un bon partenaire pour danser. Mais les Daimons ont les jambes faibles.
   Kyrian rit au trait d’esprit d’Ash. L’homme n’avait vraiment aucune patience avec les Daimons plus faibles.
  -Talon m’a dit qu’ils ont utilisé des souffles astraux. Tu as déjà vu ça ?
   En onze mille ans je peux te dire honnêtement que… bon sang, non. C’est une première. J’en ai parlé aux Oracles et ils vont communier avec les Parques. Mais tu sais comment elles sont. Je suis certains que ça ressemblera a "Quand le ciel est vert, et la terre devient noire, les Daimons te feront beaucoup d’ennuis. Pour tuer le plus méchant tu chercheras, tu devras trouver quelqu’un d’unique". Ou d’autres conneries dans ce genre. Je hais vraiment les Oracles. Si je voulais faire un jeu de réflexion, j’achèterais un Rubik’s Cube.
   -Je ne sais pas, Ash, tu es assez bon dans ce domaine. Tu es sûr que tu ne veux pas prendre la place d’un Oracle ?
   Imagines un peu, Général, mon majeur vient de se lever, et il est pointé droit vers toi. Maintenant, laisses moi travailler. J’ai des Daimons à traquer, des Dark-Hunters à contrarier, et des femmes à séduire. Je t’appelle plus tard.
  
Pas d'humeur à parler, Kyrian se déconnecta du site Dark-Hunter. Il avait ouvert sa boîte e-mail, mais il n'avait pas vraiment envie de lire quoi que ce soit.
   Ce qu'il voulait était au-delà de se qu'il pouvait revendiquer.
   Contre sa volonté, il marcha dans le couloir, puis descendit les escaliers.
   Avant de réaliser ce qu'il faisait, il se retrouva devant la chambre d'Amanda. Il pressa les mains contre la porte en bois sombre et écarta les doigts. Fermant les yeux, il pouvait la voir assise dans son lit, ses longues jambes nues sous son t-shirt.
   Le feu embrasa son sang. Il pouvait sentir sa douleur d'avoir perdu sa maison. Sentir sa peur en pensant à Desiderius blessant sa sœur, et son inquiétude pour la colocataire de Tabitha.
   Pire, il pouvait sentir les larmes qu'elle retenait. Elle était si forte. Si capable. Il n'avait jamais connu une femme comme elle auparavant.
   Son rêve de ce matin le déchirait. Il pouvait encore la sentir dans ses bras.
   "Je te veux."
   Il donnerait tout pour l'entendre dire ces mots pour de vrai. Pour voir son regard sur lui comme si elle pouvait le dévorer.
   A l'heure actuelle, la seule chose qu'il voulait faire était d'ouvrir la porte d'un seul coup et lui faire l'amour. Qu'elle le touche. Le tienne. L'accepte.
   Mais ce n'était pas possible.
   Le cœur lourd, il se força à s'éloigner.
   Il avait du travail à faire.


   Amanda regarda l'horloge. Minuit et demi. En temps normal elle se serait déjà rapidement endormi. Mais pour Hunter la nuit commençait.
   Elle se demanda se qu'il faisait jusqu'au petit matin. Il ne devait pas tuer des Daimons tous les soirs. Il n'y en avait pas autant que ça quand même ?
   Avant qu'elle réalise se qu'elle faisait, elle sortit pour chercher où se trouvait Hunter. Il n'avait pas pris la peine de lui montrer sa chambre quand ils avaient fait le tour de la maison.
   Mais son instinct lui disait qua sa chambre serait à l'étage. Probablement aussi loin que possible de la sienne.
   Elle était à la moitié de l'escalier quand elle entendu quelque chose de bizarre à l'extérieur. Un grincement étrange.
   Faisant marche arrière, elle retrouva son chemin jusqu'à la sombre salle de jeux. Il n'y avait pas de lumière, mais la lune et les étoiles au-dehors étaient si brillants qu'elle pouvait voir une ombre dans l'atrium. Son premier reflexe fut de vouloir prévenir Hunter; elle s'arrêta.
   Il y avait quelque chose de très familier dans cette silhouette. S'approchant de la porte vitrée, elle reconnue Terminator et Hunter. Ce dernier avait enfilé un t-shirt et un pantalon de survêtement. Il jetait la balle de baseball dans un robuste filet où elle rebondissait avant de revenir vers lui.
   Dès qu'il lançait la balle, Terminator se lançait à sa poursuite, le chien revenait ensuite vers Hunter.
   Elle sourit à cette vision. Hunter flatta Terminator, puis lui lançait à nouveau la balle.
    Elle commença à partir, mais ne le pouvait pas. Au lieu de ça, elle ouvrit la porte.
    Hunter se tourna instantanément. Il oublia le rebond de la balle et elle le frappa à la tête. Il siffla entre les dents en se frottant la tête alors que Terminator se s'élançait derrière la balle.
   "Tu as besoin de quelque chose ?", demanda t'il, la voix acerbe.
   Je veux que tu m'embrasse.
   Elle déglutit.
   -Je ne savais pas où tu étais.
   -Maintenant tu le sais."
   La froideur était revenu dans sa voix. Ce n'était plus le Hunter qui était avec elle un peu plus tôt, c'était le Dark-Hunter qui s'était réveillé dans l'usine avec elle. Sur ses gardes. Distant.
   Et ça lui brisait le cœur. Ce n'était pas seulement la bosse sur la tête qui le rendait irritable; ses anciennes barrières étaient en place. Il la repoussait.
   Comprenant le message, elle hocha la tête.
   "Ouais, bien, bonne nuit."
   Kyrian la regarda partir. Il l'avait blessé. Il pouvait le sentir et il se détestait pour ça.
   Rappelles la.
   Mais dans quel but ?
    Il ne pourrait jamais y avoir quelque chose entre eux. Pas même de l'amitié.
   Grinçant des dents, il retourna à son lancer. Tout en le travaillant, il essaya de se concentrer sur Desiderius. Essaya d'imaginer le Daimon à sa portée.
   C'était inutile.
   Amanda était toujours avec lui. C'était son visage qu'il voyait en fermant les yeux. Son odeur qui imprégnait ses sens.
   S'il ne la bannissait pas de ses pensées, il se ferait tuer. Et s'il mourrait, Desiderius s'en prendrait à elle.
   Grommelant, il lança la balle contre le filet et la fit rebondir, mais avant que sa main la rattrape, une douleur vive lui vrilla le crâne.
   Kyrian jura. Il appuya la paume de sa main sur son œil droit, luttant contre la douleur, une image lui traversa l'esprit.
   C'était Desiderius.
    Alors que l'image s'affinait, il se figea. Avec une clarté étonnante, il vit Desiderius le tuer.
   Et il entendit Amanda pleurer.

   
   
   


Note de traduction :
"Wild Bill Hikock" était une des plus grande légende de l'Ouest américain.
Il fut notamment le compagnon de la célèbre Calamity Jane
Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wild_Bill_Hickok

Commentaires   

0 #1 Mina 06-09-2016 12:29
Impressionnant la différence !
En effet ça change vraiment certaines choses, et le texte est plus sympa. Dommage vraiment de ne pas avoir eu ça dès le départ :sad:
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