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Dark-Hunter #28 - Stygian


 


   "Je déteste vraiment ce bâtard.
   -Allons, allons Archie, ne le déteste pas juste parce qu'Urian te botterait le cul à chaque fois que tu entreras dans l'arène avec lui.
   Archimède poussa si fort Davyn, que celui-ci tituba et percuta Paris. Tous les deux éclatèrent de rire. Lorsque Archie bougea pour frapper son ami beaucoup plus petit, Urian attrapa sa main.
   -Tu veux frapper quelqu'un, mon frère. Reviens sur le terrain et reprends ton épée. Je serai plus qu'heureux de t’assommer encore quelques fois jusqu'à ce que ton humeur soit épuisée. Mais tu ne devras jamais porter la main sur Davyn.
   -Vas te faire foutre Urian !
   -Archimède !" Les cris furieux de leur père réprimèrent immédiatement sa colère. "Qu'est-ce que tu fais ?
   -Tu hurles toujours sur moi à propos de mon caractère... pourquoi ne lui dis-tu jamais rien... - Il désigna Urian du menton - pour son arrogance ?
   Leur père lança un regard d'acier à Urian qui arqua un sourcil en réponse.
   -Je le ferais, s'il avait tort. Maintenant, tu vas te calmer sinon je serai celui que tu affronteras dans l'arène.

   Cela réussit à calmer la brute massive qui était le plus grand juste après leur père.
   Même si grâce à son sang d'Apollite Urian était presque adulte, il lui manquait encore quelques centimètres avant d'être aussi grand qu’eux deux, et il doutait qu'il puisse jamais complètement atteindre cette taille. Alors que ses muscles étaient bien définis et aiguisés, il tendait vers une constitution plus maigre et plus rapide que les formes plus volumineuses de son père, de Paris et d'Archie.
   Comme Davyn.
   Tous les deux étaient moitié moins corpulents que les autres. Pourtant, ils pouvaient leur tenir tête au combat. Ce qui lui manquait dans la force brute absolue, il le compensait en vitesse et en dextérité.
   Satisfait qu'Archie ait fini de s’en prendre à Davyn, Urian récupéra son bouclier là où il l'avait laissé tomber lorsqu'il s'était précipité pour protéger son ami.
   "Halte!" La fureur de retour dans la voix de son père le pétrifia sur place.
   Urian ne bougea pas lorsque son père s'approcha et tira son bouclier de son bras. Il réalisa trop tard pourquoi. Il était décoré d’un phénix noir qui s’élevait, entouré d'un motif de clé grecque et les mots, je défends écrit au-dessus de la tête du phénix.
   Merde, j'aurais dû changer cet emblème…
   Les yeux et les narines de son père brûlaient de colère.
   -C'est l'emblème de l’Omada Stygienne. L'armée qui appartenait au prince de Didymos... Styxx de la Maison des Ariclès. 

   Le temps d’un léger battement de cœur, il envisagea de mentir. Mais il avait toujours été honnête en toute chose, surtout avec son père.
   Juge-moi pour ce que je fais, pas pour les mensonges que tu entends de mes lèvres ou de celle d'un autre contre moi...
   Ça avait toujours été sa devise. Il n’allait pas la changer maintenant.
   "Je sais, Solren." Urian avait cessé d'appeler Stryker Baba il y a longtemps. Baba c’était pour les enfants, Solren c’était ainsi que les hommes appelaient leurs pères.
   "Il était un ennemi de l'Atlantide ! Tu le sais, Urian. Pourquoi, au nom des dieux, choisirais-tu de combattre sous une telle bannière?
   C’était vrai, cependant…
   "Il était l'un des plus grands commandants militaires à avoir jamais existé, Solren. Il était à peine plus vieux que je le suis maintenant quand il a gagné sa première bataille à Halicarnasse, et c'était contre les dieux eux-mêmes. Et il était un ennemi d'Apollon. Comme nous. 
   -Et notre akra le hait autant, sinon plus, que n'importe lequel de ces dieux. Si tu apprécies ta vie, mon garçon, brûle ce bouclier et ne dis jamais son nom près d'elle. Tu m’as compris ?
   -Aye, Solren. Je vais…" Les mots d'Urian se rompirent lorsque quelqu'un cria.
   Ils se retournèrent tous pour voir un homme robuste couvert de sang. Les yeux exorbités, il était visiblement hors de lui et cherchait n'importe quelle victime qu'il pourrait trouver.
   -Trelos !
   Urian grimaça alors que le cri montait parmi leur peuple. Jurant, son père repoussa Théo, tira son épée et se dirigea immédiatement vers l'homme dérangé. Paris et Davyn firent de même.
   Il prit son bouclier et partit donner un coup de main à ceux qui se précipitaient pour défendre leur peuple. Le trelos commença à attaquer n'importe qui, chaque Apollite qu'il pouvait atteindre. Et à chaque morsure, il risquait toujours de transformer prématurément l'un de ses membres en Daimon comme lui - qui n'avait plus besoin de sang d'Apollite pour vivre, mais qui devait compter sur des âmes humaines ou Apollites pour allonger leur vie.
   C'est ce qui l'avait rendu fou. Car c'était le risque que chaque Apollite prenait chaque fois qu'ils décidaient de contrecarrer la malédiction d'Apollon de la manière dont Apollymi leur avait enseignée. C'était le risque que personne ne mentionnait ou ne parlait jamais, excepté dans des murmures étouffés ou avec crainte quand ils pensaient que la déesse ou Apollon ne les entendait pas.

   C'était déjà assez difficile de prendre la décision de devenir un vrai prédateur qui vivait de la vie des autres êtres sensibles. De consommer leurs âmes afin que vous puissiez vivre un jour de plus après votre malédiction.
   Ce n’est qu’une fois fait que vous vous rendiez compte que chaque âme que vous consommiez avait la possibilité réelle de vous rendre fou, de vous transformer en cette bête folle et sans cervelle qui pourrait forcer vos amis et votre famille à vous abattre.
   Mais son peuple n'avait pas le choix. Une fois atteint par la démence trelos, il n'y avait plus moyen de revenir en arrière.
   La mort était la seule option, car une nouvelle âme ne faisait qu’aggraver la folie précédente.

   Les Daimons trelos représentaient autant de risques pour leur population que pour les humains. Ils ressemblaient à des animaux enragés, qui tuaient sans discernement. Sans pitié, compassion ou compréhension.
   "Où est cette chienne!" Cria  le trelos. "Je veux la gorge de la déesse qui nous a transformés en ça !
   Abasourdi, Urian s'arrêta net en entendant des mots lucides. C'était la première fois qu'un trelos disait quelque chose de vaguement sensé dans cet état.
   Son père s’avança pour couper le chemin du trelos vers les quartiers d'Apollymi.
   Pour une fois, son père n'était pas un obstacle. Avec une étonnante facilité de mouvement, le Daimon frappa son père et propulsa Archie sur Davyn. Puis il s’empara de Paris et le jeta sur Theo. Tous les deux tombèrent au sol, en fauchant trois autres dans le processus.

   Urian lui coupa difficilement la route avant d'atteindre les portes d'Apollymi.
   "Non, ne fais pas ça." Avec un mouvement qu'il avait appris en étudiant les journaux et les diagrammes de Styxx, il utilisa son bouclier pour repousser le Daimon en arrière.
   Le Daimon l’envoya sur le côté avec la force inattendue d'un Titan. C'était si puissant, que pendant un moment, Urian redouta que le bâtard lui ait arraché le bras.
   Urian heurta durement le sol, mais refusa d'y rester. Au contraire, il roula rapidement avec son bouclier, et dans un mouvement fluide bondit sur ses pieds. Il tenait sa position, mais il savait que ses jambes étaient tremblantes. Il pria seulement pour que ce ne soit pas évident pour les autres. Surtout pour la bête qu'il affrontait.
   Dans un rugissement bruyant et furieux, le Daimon se déplaça pour arracher le bouclier de son bras. Effrayé à l’idée que cette fois il pourrait réellement perdre un membre, Urian le laissa tomber, et le poignarda dans le côté. Le trelos hurla et recula en titubant. La respiration difficile, Urian dégaina ses kopis et s'avança pour le frapper d'un coup tranchant qui atteignit directement le centre de la poitrine du Daimon.

   Il perça la marque noire au centre de la poitrine du Daimon, là où les âmes humaines dont il s'était régalé s'étaient rassemblées pour former une tache géante sur son cœur. Immédiatement, le Daimon explosa, les couvrant d'une fine poudre dorée.
   Plus soulagé qu'il ne voulait l'admettre, Urian réprima à peine son rire nerveux. Rassemblant autant de bravades qu'il le pouvait, il se servit de son bras pour essuyer sa sueur et fit de son mieux pour paraître détaché face à sa victoire. Comme s'il faisait tout le temps ce genre de chose. Au lieu d'être sa première vraie victoire au cours d’une bataille.
   Mais à l'intérieur, il sautait de joie.
   Qui est le tueur de Daimon? Je suis le tueur de Daimon. Embrassez mon cul, garces!
   Archie commença à le maudire tandis que la foule autour d'eux scandait son nom. Son père souriait fièrement. Mais en toute honnêteté et malgré son soulagement, Urian était plus choqué qu’autre chose. Stupéfait d’être toujours debout et de voir que ça avait marché.
   Étant donné la taille et la force du Daimon, il avait de la chance de pas être en train de perdre son sang sur le sol, couché à côté de son bouclier réduit  en morceaux.
   À bien y penser, il...
   Où était son bouclier ?
   Urian fronça les sourcils en réalisant qu'il était introuvable. Qu'est-ce que...?
   "Tu étais incroyable !" Son père le frappa dans le dos et le serra dans ses bras.
   Tout comme Davyn et plusieurs autres qui se précipitaient pour le féliciter.
   Jusqu'à ce qu'ils se rendent compte qu'Apollymi et son Charonte se tenaient devant la porte ouverte de son palais, les regardant d'un œil furieux.
   Cela coupa court aux réjouissances de tout le monde.
   Même Urian déglutit difficilement car ce n'était pas une expression de joie sur le visage de la déesse.
 
   "Comment est-ce que ce Daimon a-t-il pu venir si près de mon domaine ?
   Son père frotta nerveusement son cou.
   -Il est venu à travers le portail.
   Elle croisa les bras sur sa poitrine.
   -Tu étais censé le surveiller, n'est-ce pas, Strykerius ?
   -Je l’étais, akra. Pardonne-moi.
   Son regard s’étrécit dangereusement alors qu'un vent commençait à souffler sur Kalosis, les mettant en garde contre son caractère.
   -Il semble que ces trelos deviennent problématiques pour nous. Nous avons besoin de quelqu'un qui les chasse, et s'assure qu'ils soient éliminés avant que cela ne se reproduise. 
   -D'accord." Son père jeta un coup d'œil à Trates.
   Apollymi se tourna aussi vers Trates, qui recula face à son regard comme si elle venait de le frapper.  
   -Rassemblez quarante de vos meilleurs guerriers, ils seront la force d'élite désignée pour les traquer.
   -Je le ferai, akra. Nous aurons un garde Illuminati et le portail pour nous assurer qu'aucun autre ne se rapproche à nouveau. 
   Elle acquiesça. "Et assure-toi qu’Urian soit parmi eux.

   Les yeux de son père s'élargirent.
   -Mais c'est juste un garçon, akra.
   -Un garçon qui a réussi là où le reste d'entre vous a échoué. Ne sous-estimes pas ton fils, Strykerius. Malgré son jeune âge, il est déjà parmi les meilleurs de tes combattants. 

   Formidable...
   Urian pouvait déjà sentir les coups de pied au cul à son encontre au moment où il croisa les regards furieux de ses frères. Allez-y, déesse. Ce n’est pas comme s'ils ne ressentaient pas déjà le favoritisme de mon père qu'il ne cherche jamais à cacher. Par tous les moyens, ajoutez le vôtre et mettez une autre cible sur mon dos.

   Si son père voulait savoir pourquoi il était un si bon combattant, tout ce qu'il avait à faire c’était commencer par compter combien de fils l'homme continuait à produire chaque fois qu'il laissait tomber son pagne. Des fils qui visaient la tête d'Urian chaque fois qu'ils étaient seuls. Même leur sœur était connue pour le frapper de temps en temps, s'il baissait sa garde en sa présence.
   Ah s’il avait été enfant unique...
   Mais non, il devait naître d'un père fertile.
   Théo donna un coup d’épaule dans le dos d'Urian en le dépassant, lui faisant savoir qu'ils auraient une "conversation" plus tard.
   Magnifique.
   Il y avait des moments où il se sentait vraiment comme un étranger dans sa propre famille.
   Il était loin d'être comme eux. Surtout quand il vit la grimace grinçante qui déformait les traits de son propre jumeau, alors même que tout le monde commençait à se disperser.
   Zut. C'était mauvais lorsque même Paris lui en voulait. Davyn lui offrit un regard de sympathie avant de suivre Paris.
   Urian…
   Il ne réagit pas à une convocation pour laquelle il avait appris il y a longtemps que lui seul pouvait l’entendre.
   Prenant soin de s'assurer que personne ne voyait ce qu'il faisait ou où il se dirigeait, il se fraya un chemin à travers une porte arrière cachée, dans le palais d'Apollymi et dans le couloir qui menait à son jardin où elle passait le plus clair de son temps au bord de sa piscine...


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2018
Traduction © Dark-Hunter Francophone 

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