AVERTISSEMENT :
L’extrait suivant comme l’ensemble de ceux présents sur ce site internet, a été traduit par l’équipe de Dark-Hunter Francophone en respectant au maximum le texte et la syntaxe de l'auteure.
Le texte n'est donc pas celui que vous pouvez lire dans les livres disponibles en français, qui ont soufferts pendant longtemps d’une très mauvaise traduction, dû à une politique éditoriale autorisant / obligeant les coupes et changements de texte, afin de coller au format et aux critères de la collection dans laquelle a été mise la série, et qui ne s'est arrêtée qu'en 2015.
Nous vous invitons à les comparer si vous le voulez.
Toutefois nous ne sommes pas traductrices professionnelles, le sens d'une phrase peut nous avoir échapper. Si vous trouvez une faute ou une phrase mal construite, n'hésitez pas à nous le signaler par e-mail.


Dark-Hunter #21 - Le gardien d'Azmodea


"Les hommes éveillés n'ont qu'un seul monde, commun à tous ; mais quand ils dorment, chacun d'eux s'enfuit dans son propre monde" - Plutarque –

 

Prologue

 

    "Était-ce suffisamment l'enfer pour toi ?"
    Seth ouvrit les yeux derrière ses mèches de cheveux auburn et ensanglantées, grognant en entendant une voix qu'il n'avait pas entendue depuis des siècles.
Noir.
Dieu originel.
Seigneur de toutes les choses sinistres et mortelles.
Le plus grand des salauds.
    Il aurait voulu répondre à cette question stupide, mais sa bouche avait été verrouillée avec des pièces de métal par les démons qui l'avaient torturé la dernière fois...
    L’enfer, qui pouvait lui attacher tant d’importance ? Et pourquoi le vouloir lorsque chaque battement de cœur lui faisait ressentir une douleur si atroce qu’il ne se souvenait même plus avoir vécu sans ?
    En réalité, au fil des siècles, la douleur était devenue sa source de plaisir.
Oui, je suis encore plus dégénéré que Noir.
    Avec le verrou en place, il ne pouvait pas parler. Non qu'il l'aurait voulu. Il n'avait jamais donné à aucun d'eux la satisfaction de l'entendre supplier ou crier. Une seule personne lui avait fait faire ça, et même après un millénaire, les moqueries de son beau-père résonnaient encore à ses oreilles.
    Qu'ils aillent au Diable. Il n'était plus un enfant maintenant, et il mourrait plutôt que de s'humilier à nouveau en demandant quelque chose, sachant qu'il ne l'obtiendrait jamais.
    Mais il aurait insulté Noir s'il en avait été capable. Tel qu'il était à cet instant, tout ce qu'il pouvait faire c’était le regarder avec haine et souhaiter posséder tous ses pouvoirs, pour déverser une souffrance absolue sur tous ceux qui étaient là.

    Mesurant bien plus de deux mètres, Noir faisait trembler de terreur les démons autour d'eux. Sa veste de costume noire immaculée et son impeccable chemise blanche juraient dans la pièce sombre et froide - Une pièce dont les murs étaient éclaboussés et souillés du sang de Seth.
    Noir s'avança et lui tapota la tête comme s'il était un petit chien obéissant.
    "Mmm. Je dois dire que l’enfer ne semble pas d’accord avec toi. Je t’ai déjà vu dans une meilleure forme que dans l’état lamentable dans lequel tu te trouves.
    -Vas te faire foutre. Dit Seth, mais ses mots étaient incompréhensibles. Le verrou l'empêchait de bouger la bouche ou la langue. Tout ce qu'il faisait s'était lui infliger une douleur atroce qui le traversait de part en part.
Comme s'il avait besoin de ça.
Noir releva un sourcil.
    -Merci ? Je ne peux même pas imaginer pourquoi tu me remercierais pour cette souffrance. Tu es un bâtard complètement cinglé, hein ?
    Seth serra les dents. La lueur de joie dans les yeux noirs de Noir lui indiquait que ce porc lui disait ça uniquement dans le but de l'énerver.
    Et ça marchait. Non que Noir avait eu besoin de faire des efforts pour ça. Le simple fait que... Seth ne pouvait même pas imaginer une insulte suffisamment forte pour décrire ce qu'il pensait - que Noir vive suffisait à le mettre sur les nerfs.
Noir se tourna vers les autres.
    -Laissez-nous.
    Ce pourrait-il que ce ton soit encore plus autoritaire ?
    Oh, attendez. Nous parlons de Noir. Bien sûr.
    Et l'ancien dieu n'eut pas besoin de le dire deux fois. Les démons disparurent immédiatement, terrifiés à l'idée que la colère de Noir se déverse sur eux avec la même "hospitalité" qu'il montrait envers Seth. Après tout, Seth avait été autrefois le plus aimé des animaux de compagnie de Noir - celui qui était comblé de cadeaux entre deux abus.
    Le sombre dieu n'avait jamais été capable de tolérer longtemps les démons qui le servaient.
     Bon sang, il aurait couru aussi s'il avait pu.
    Seth les enviait de cette liberté alors que son corps nu était suspendu au plafond, ses mains enchaînées au-dessus de sa tête. Il était dans cette position depuis si longtemps que les os de ses poignets dépassaient des plaies ouvertes causées par le frottement des menottes sur sa chair.
    Il était sûr que ça devait être douloureux, mais cette souffrance était si bien mêlée aux autres, qu’il ne pouvait pas dire où une douleur commençait et où une autre s'achevait. Qui aurait pu penser que la torture pouvait être bénéfique ?
    Dès qu'ils furent seuls, Noir revint vers lui avec un grondement aussi impressionnant que froid.
    -J'ai une proposition à te faire. Es-tu intéressé ?
    Pas même un peu. Il avait déjà eu son compte de marchés. Personne ne pouvait leur faire confiance pour tenir leur parole. Autant laisser Noir lui griller les parties au-dessus d’un trou ardent quelque part.
    Et les dieux savaient que, dans cet endroit, Noir n'avait pas à chercher bien loin pour en trouver un.
Seth détourna le regard.
Noir siffla entre ses dents avec dédain.
    -Tu sais que tu n'as pas d'autre choix que de m'obéir, esclave. Tu m'appartiens.
    Et ça le dévorait encore plus que les vermines mangeuses de chair que les démons avaient déposées sur ses blessures. Qu'ils soient tous maudits. Sa propre famille l'avait vendu à Noir quand il n'était qu'un enfant. C'était une chose qu'on ne lui permettait pas d'oublier.
Comme s'il le pouvait.
    Noir plongea sa main dans les cheveux de Seth et tira brutalement sa tête en arrière. Son geste enfonça le verrou encore plus profondément dans sa gorge et sa langue.
    La douleur soudaine provoquée par ce changement lui fit monter les larmes aux yeux alors que ses vieilles blessures de rouvraient et que le sang coulait dans sa bouche.
    Peut-être que cette fois il se noierait dans son propre sang. Mais il savait la triste vérité. Il était immortel. La mort ne l'avait jamais délivré de ses souffrances, pas plus qu'elle ne l’avait épargné du reste de son violent passé.
   Son seul échappatoire était cette miséricorde, dont était dépourvu Noir.
Noir serra entre ses doigts le crâne de Seth, lui arrachant un peu plus les cheveux.
    -J'ai besoin de tes services si spéciaux.
    J'ai besoin de ton foutu cœur dans le creux de ma main.
Le bâtard sourit alors comme s'il avait entendu ses pensées.
    -Cette fois si tu échoues, je peux t'assurer que ton prochain passage ici fera passer celui-là pour le paradis. Tu comprends ?
     Seth refusa de répondre.
    Noir arracha une poignée de cheveux en le relâchant. La douleur lui brûla le cuir chevelu, les vermines sur lui le mordirent encore plus férocement, comme si elles se bousculaient pour atteindre le sang frais.

    Le souffle de Seth hoqueta alors qu'il serrait encore plus fort la mâchoire pour s'empêcher d’émettre des gémissements d'insoutenable agonie. Il ferma les yeux mais essaya de combattre la vague d'inconscience dans laquelle il menaçait de sombrer. Ils se déchaînaient encore plus sur lui quand il était inconscient.
    Ne fais pas ça, connard. Concentre-toi…
    Bon sang, reste éveillé !
Il agrippa ses fers alors que sa vue se brouillait.
Noir lui offrit un sourire acerbe qui ne lui échappa pas.
    -Tu vas me rendre fier et faire ce que je te demande, ou...
Il n'acheva pas sa menace. Il n'avait pas à le faire.
    Tous les deux étaient parfaitement conscients que Seth ferait n'importe quoi pour ne pas revenir à cette pitoyable existence. En dépit de toutes ses bravades, il  savait la triste vérité.
    Il avait été brisé par leur cruauté.
    Et il ne serait plus jamais le même.
    Il n'y avait plus rien en lui à l'exception d'une haine si profonde, si intense, qu'il aurait pu en sentir le goût. Une haine amer mêlée au métal du verrou, et au sang - ce qui avait été sa principale nourriture au cours des derniers siècles.
Le sourire de Noir devint sincère.
    "Je savais que tu reviendrais finalement…
Il claqua des doigts.
    Les menottes autour des mains de Seth s'ouvrirent et il fut libre. Il tomba sur le sol, debout sur ses jambes. Mais des siècles d'abus et d'immobilité aidant, elles ne supportaient plus son poids.
    Il s'effondra sur le sol, trop faible, il s'y allongea, n’ayant même pas la force de relever la tête. Aucune partie de son corps ne fonctionnait. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas utilisé l'un de ses muscles.
    Noir lui donna un violent coup de pied dans l'estomac, suffisamment fort pour le retourner sur le dos. Plissant les lèvres, il inspecta Seth en ricanant.
    -Tu es répugnant, espèce de chien pathétique. Vas te laver.
Puis il disparu dans les ténèbres.

    Seth resta allongé sur le sol, sa bouche toujours verrouillée par le métal. Clignant difficilement des yeux, il regarda son sang qui recouvrait les murs autour de lui. Les ombres donnaient l'impression que les trainées de sang dansaient. Et dans le vacillement, il vit la silhouette de son corps nu, écorché.
    Tout ça parce qu'il avait autrefois passé un marché avec la seule personne qu'il appelait son ami.
Il ne serait plus jamais aussi stupide.
    Parce que personne ne l'avait aidé. Pas une fois. Pas une fois pendant tout ce temps. Pas une seule entité n'était venue lui offrir un peu de compassion ou de chaleur... pas même des excuses.
Ou une simple gorgée d'eau...
C'était aussi une leçon dont il se souviendrait.
    Tout ce que Noir allait lui demander, il le ferait. Sans poser de questions. Sans aucune pitié. Tout ce qui pourrait lui éviter de revenir ici et d'être torturé davantage.
    Juste une minute de paix... s'il vous plait. Était-ce vraiment trop demander ?
    Avec détermination, il se prépara à un nouvel assaut de douleur et se redressa lentement sur ses membres tremblants alors qu'il sentait enfin ses pouvoirs divins revenir. Avec chaque battement de cœur, il se renforçait. Pourtant, ils ne seraient plus à leur pleine puissance.
     Jamais.
    Noir ne l'autoriserait jamais. Lui, ou Azura, drainait Seth chaque fois que ses pouvoirs devenaient trop puissants.
    Mais il en avait assez pour pouvoir enfin se vêtir et se tenir debout, même si c'était sur des pieds chancelants. Et lorsque les démons revinrent, il leur donna ce qu'ils méritaient.

    Ils le supplièrent pour sa clémence. Mais il n'en avait épargné aucun. Pas après qu'ils aient impitoyablement violés chaque partie de lui au point qu'il ne pouvait plus se rappeler un moment où son corps n’avait pas tremblé sous leurs tortures. Minute après minute, pendant d'innombrables siècles, ils lui avaient brutalement volé toute trace persistante de l'humanité qu'il avait autrefois possédée.
    Il n'y avait plus rien à prendre et il ne ferait plus jamais, jamais confiance à une autre âme. Peu importe laquelle. Que les dieux viennent en aide à ceux que Noir voulait qu’il traque.
    Car lui n'aurait pitié d'aucun d'eux.
    


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2011
Traduction © Dark-Hunter Francophone

 

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