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Dark-Hunter #21 - Le gardien d'Azmodea

Chapitre 2

     Lydia ne pouvait pas bouger. Elle ne pouvait plus respirer en fixant le…
    Démon ?
    Il n’y avait pas d’autre manière de le décrire. C’était la seule chose qu’il pouvait possiblement être…
    Autre qu’un dieu. Et ni Azura ni Noir n’aurait permis a un dieu d’être dans leur domaine, à moins que ce soit leur sœur Braith. Les dieux ne partageaient pas facilement leur territoire. Pas même avec leur famille.
    Personne de sain d’esprit ne partagerait de territoire avec une créature si sauvage.

    Sombre, mortel, et effrayant, il était enveloppé d’une aura de pouvoir suprême – de celle qui faisait crépiter l’air autour d’eux d’une force et d’une intensité surnaturelles. La sienne en aurait fait pleurer Dark Vador qui serait partit en courant réclamer sa mère. Hérissant les poils le long de ses bras et de sa nuque. Elle n’avait jamais vu quelque chose comme ça et elle avait pourtant vu des choses vraiment terrifiantes au cours de son millier d’années d’existence. Il n’était pas simplement rentré dans la pièce.
    Il la dominait.
    Non. Il la possédait.
    La respiration hachée, elle prit un moment pour étudier son ennemi, espérant trouver une sorte de faiblesse.
    Oui, bon… C’était comme essayer d’échapper à un ouragan. Et bien qu’il soit calme pour le moment, elle avait la nette impression qu’il pouvait exploser face à un geste pas plus provocateur qu’un haussement de sourcils qui lui déplairait.

    Ses cheveux auburn étaient fortement tirés en arrière, la racine de ses cheveux formant un V sur son front, et retenus en petite queue de cheval sur le haut de son crâne. Ses cheveux n’étaient pas d’une seule nuance de roux, mais plutôt un ensemble de mèches allant du blond à l’acajou, de noisette, de noir. De fait, l’ensemble donnait l’impression que ses cheveux étaient de la couleur du sang séchés.
    Mesurant un peu plus deux mètres, il était le plus intimidant des êtres du type à vous-faire-mouiller-votre-pantalon-parce-qu’il-va aspirer-mon-âme-et-la-manger, qu’elle n’ait jamais vu. Et en prenant en compte le fait qu’elle pouvait se promener dans les cauchemars des gens, ça voulait tout dire.
    Son visage entier était peint de blanc, avec des bandes angulaires rouges et des lignes noires dessinées dessus, d’une manière qui lui rappelait les guerriers Kabuki. Là encore, étant donné qu’il était un démon, ce n’était peut-être pas peint. Ça pouvait très bien être sa peau. Les lignes rouges étaient peintes de telle manière qu’elles donnaient l’impression d’un rictus sinistre permanent. Ses yeux étaient entourés par du noir qui retombait sur les côtés de son nez et formait une pointe. De même, du noir remontait du coin de ses yeux jusqu’à la limite de ses cheveux. La couleur sombre renforçait la pâleur de ses yeux bleu acier, froids et sans pitié.
    Sans âme. Il n’y avait rien en eux à l’exception de la promesse d’une mort brutale et d’une douleur si intense, que ses yeux à eux seuls traumatiseraient toute personne ayant une once d’instinct de préservation. Etant donné sa taille immense, il aurait été impressionant à n’importe quel moment. Associé à son armure à pointes bordeaux et or recouverte de sang, et à la véritable hargne sur son visage, il aurait envoyé le Diable lui-même se recroqueviller dans un coin.

    Lydia voulait reculer et s’éloigner de lui, mais le mur juste derrière elle l’arrêtait. Elle n’avait pas de retraite possible. La seule manière de sortir était de lui passer au travers.
    Oui, ça n’était pas prêt d’arriver. Même un camion Mack n’aurait pas été capable de le bouger. Ca aurait été comme essayer de mettre à terre Godzilla. Elle expira lentement, attendant qu’il attaque.
    "Ne t’avises pas de la blesser ! grogna Solin depuis la table où il était enchaîné. Je le jure sur les dieux, je t’étriperais pas le fondement avant de te les faire bouffer si tu t’avises même de respirer près d’elle. »
    Cela réussit à faire froncer les sourcils du démon en une expression de moquerie. 
    -Nous avons déjà constaté qu’il n’y a rien que tu puisses faire, sauf recouvrir mon armure avec ton sang. 
    Il tourna à nouveau son regard d’acier vers elle.
    -Qui es tu et qu’est ce que tu es ?  
    Morte aurait pu être la réponse la plus évidente. Faites que ce soit rapide. Elle ne voulait pas prolonger la souffrance. Pour rien au monde.
    Et tout chez ce démon lui disait qu’il se réjouirait de la voir souffrir.
    Il commença à avancer, comme pour l’attaquer.
    -Réponds-moi, merde ! 
    Qui aurait pensé qu’il puisse être encore plus effrayant ?
    Elle aurait presque préféré faire face à Freddy Krueger pendant trente minutes après avoir avalé trois somnifères plutôt que d’être confrontée à cette énorme montagne de pouvoir démoniaque.
    Lydia agrippa fermement sa dague dans sa main et se pressa contre le mur, essayant de se téléporter.
    Elle ne pouvait pas.
    Je suis piégée. Quelque chose bloquait ses pouvoirs et la retenait ici comme un insecte piégé dans un bocal.
    Le démon était presque sur elle.
    -Parles, femme, grogna t’il. Maintenant !
    -Elle ne peut pas. 
    Les mots de Solin l’arrêtèrent brutalement. Il étrécit son regard vers le corps ensanglanté de Solin.
    -Expliques.
    -Elle est muette. 
    Le démon tordit ses lèvres en un rictus moqueur.
    -Tu mens.
    -Je n’ai pas besoin de mentir. Elle n’a jamais été capable de dire un seul mot, donc ce n’est pas utile de la torturer. A moins que tu puisses lire les pensées ou le langage des signes. 

    Seth s’arrêta pour étudier la véracité des mots de Solin. Etait-il en train de mentir ?
    Pourquoi le ferait-il ?
    Pourquoi pas ? C’était ce que les gens faisaient. Souvent et sans aucune raison, et ce chaque fois qu’ils pensaient être attaqués et voulaient protéger leurs misérable peau. S’il ne savait rien d’autre sur l’humanité et les dieux, il savait au moins ça.
    Personne n’était digne de confiance. Jamais.
    Toutefois, il était curieux de la raison de sa présence. Pourquoi une personne saine d’esprit voudrait venir s’égarer dans ce royaume infernal ?
    Il y avait une seule explication raisonnable à laquelle il pouvait penser…
    -Qu’est-ce qu’elle est pour toi, dieu des rêves ? 
    Solin refusa de regarder vers elle. Au lieu de ça, il regarda Seth avec une détermination telle qu’elle aurait forcé le respect si Seth était capable d’en faire preuve envers quelqu’un.
    -Rien. Juste une Dream-Huntress envoyée pour me sauver.  
    Cette fois, il savait que Solin mentait. Et lui saignerait et souffrirait à cause du refus obtiné de ce bâtard de lui donner ce dont il avait besoin pour les libérer tous les deux. La rage le transperça lorsqu’il se retourna et s’avança pour finalement tuer l’imbécile une fois pour toute.
    Solin ne se doutait pas que ce serait un meurtre de compassion.
    Quand il leva son épée pour décapiter Solin, la petite souris effrayée s’élança vers lui avec tout ce qu’elle avait. Le poids de son petit corps se projeta contre lui avec une force dont il ne l’aurait pas imaginée capable. Saisissant son poignet, elle essaya réllement de le désarmer. Lorsqu’elle échoua, elle le poignarda dans le bras si profond, qu’elle enfonça la lame jusqu’à la garde.

    Seth se serait moqué d’elle pour cette attaque s’il n’avait pas été aussi surpris. Personne n’avait le cran de l’attaquer ouvertement quand il était libre de ses mouvements.
    Mais qu’est ce que… ?
   Elle frappa sa gorge – une chose qui aurait marché sur quelqu’un d’autre mais trop de siècles de torture l’avait rompu à la douleur physique.
    Retroussant les lèvres, il leva son bras pour la repousser.
    -Ne la touches pas ! Solin tira si fort sur ses chaînes que tous les muscles de son corps gonflèrent.

    Seth fut surpris de la violente réaction du dieu des rêves. Pendant toutes ces semaines, Solin n’avait jamais combattu comme ça. Si la seule force de sa volonté pouvait rompre ses chaînes, Solin aurait pu facilement les briser pour les libérer.
    Non, en voyant la rage meurtrière dans les yeux de Solin pendant qu’il insultait Seth et sa parenté, il réalisa une chose. Elle signifiait tout pour lui.
    Ça n’avait pas de prix.
    Seth attrapa les mains de la femme, la fit pivoter entre ses bras et la cloua contre son corps pour qu’elle soit face à Solin. Furieuse, elle le combattit comme une lionne protégeant ses petits.
    Intéressant…
    Solin se déchaînait dans un chapelet d’insultes encore plus obscènes tout en essayant avec encore plus de force de les atteindre.
    Très intéressant.
    Il était prêt à mourir pour la protéger.
    J’ai finalement trouvé la clé. Elle était l’outil pour briser Solin une fois pour toute. Les dieux avaient finalement eut pitié de lui et lui avait jeté un os. Un sourire s’étira lentement sur ses lèvres.

    Jusqu’à ce qu’elle frappe sa tête contre sa mâchoire avec suffisement d’impact pour que ça le renvoie à ses siècles de torture. Il fit un effort énorme pour ne pas la briser en deux. A cet instant, tout ce qu’il pourrait goûter était son sang. C’était tout ce qu’il voulait.
    Les tuer elle et Solin était inutile. Il ne parlerait jamais.
    Cette connaissance était la seule chose qui lui sauvait la vie. Mais elle ne respirerait pas plus longtemps si elle continuait sur cette voie. En effet, il perdit tout réserve lorsqu’elle planta ses dents sans sa main et le mordit jusqu’au sang.
    Les téléportant hors du trou où il effectuait l’interrogatoire, il l’emmena dans sa chambre, où il la jeta loin de lui.
    Elle tournoya au moins deux fois avant de se stabiliser. Ses cheveux noirs tombèrent sur ses épaules en un manteau de soie, à l’instant où elle se mit en position accroupie comme un prédateur mortel prêt à lui sauter à la gorge.
    Il lui jeta un regard furieux.
    -Non. 
    Lydia s’immobilisa à ce seul mot qui lui promettait une mort atroce si elle désobéissait. Mais déjà elle se remettait en position, prête à attaquer s’il faisait un seul pas vers elle.

    Son regard froid la retenait prisonière lorsqu’il attrapa son propre bras et tira d’un coup sec sur sa dague pour l’ôter de la plaie qu’elle lui avait faite. Elle avait réussit à la mettre entre les plaques de l’armure et savait, grâce au sang sur ses mains, qu’elle avait réussit à blesser la bête.
    Mais en dehors de la dague ensanglantée qu’il jeta sur le sol, il n’en montra aucun signe. Il n’avait même pas une grimace de douleur. Cela étant, il semblait s’en amuser.
    Je suis si stupide.
    Qui était-il ?
    Qu’était-il ?
    Il essuya le sang de sa main sur son armure comme si ce n’était rien. Laissant une inquiétante trace rouge vif qui ne se mélangeait pas avec le bordeaux.
    -Tu ne peux pas me tuer, Grecque. Tout ce que tu vas pouvoir faire, c’est m’énerver. Je suggère, si tu veux rester en vie, de ne pas faire ça. 
    Oubliez ce serait stupide. Ça allait bien au-delà.
    Qu’est-ce que je vais faire ?
    Mourir, sans aucun doute. Mais pas sans combattre.

    Seth vit la lucidité revenir dans ses yeux. Des yeux de topazes qui brillaient littéralement d’un esprit intrépide. Il n’avaient jamais vu quelque chose comme eux. Et ils étaient la preuve que Solin était un menteur. Les dieux des rêves qui protégeaient les dormeurs des cauchemars et des autres prédateurs de l’inconscient, avaient tous des yeux d’un bleu vif.
    Jamais il n’avait vu des yeux semblables aux siens.
    "Peux-tu parler ?
    Il voulait savoir si solin avait mentit sur ça aussi.
    Elle secoua lentement la tête.
    Au moins elle pouvait le comprendre. C’était une chose. Pas grand-chose. Mais quelque chose.
    Elle commença à bouger ses mains en une gracieuse dance. C’était magnifique à voir. Il lui fallut une minute pour réaliser que c’était son langage.
    -Je ne te comprends pas. 
    Cette fois elle leva un doigt à son attention. Un geste obscène, il le savait.
    -Autant pour toi. 
    Maintenant elle bougeait ses mains rapidement et avec une colère évidente. Aucun doute sur le fait qu’elle était en train de le maudire autant que Solin l’avait fait.

    Merde, elle était magnifique. Pas d’une manière classique, parfaite, comme une déesse ou une démone. Ses yeux étaient trop larges pour son visage ovale. Si bien qu’ils le submergeaient presque. Et ses ongles étaient rongés comme si elle les mâchait par habitude ou nervosité.
    Mais ses lèvres…
    Pulpeuses, épaisses et rose pâle, elles étaient la perfection. La simple pensée de ses lèvres, tendit son corps dans une totale rébellion. Mais posséder la moindre chose lui vaudrait d’être tué.
    Pas étonnant que Solin soit si protecteur envers elle. Si elle était sa femme, il aurait aussi tué quiconque se serait approché d’elle. Comment pourrait-il ne pas en être autrement ? Protéger les choses qui comptent pour vous était un instinct primal.
    Pas dans ton cas.
    C’est vrai. Il était un animal qui ne se souciait de rien à l’exception de lui-même. C’était tout ce qu’il connaissait. Il ne vivait pas. Il endurait la vie. Noir le lui avait bien fait comprendre et rien jamais ne l’en délivrerait. Son existence entière était une survie basique. Il n’y avait pas d’autre manière de fonctionner dans son esprit
    Aucune.
    Il n’avait pas d’autre choix.
    Et pour le moment, il avait un dieu à briser.
    "Tu resteras ici," dit-il à la femme. Puis il retourna questionner Solin pour ce qu’il espérait être la dernière fois.
    
    Lydia s’arrêta de bouger alors qu’elle se retrouvait seule.
    Où était le démon ?
    Plus important, où était-elle ?
    Comme le reste de l’univers où elle avait été, la pièce était sombre, la seule lumière venait d’un étrange tube bleu au plafond qui lui faisait étrangement penser à du sang. Une fraîcheur humide flottait dans l’air, rendant le lieu encore plus déprimant.
    La partie la plus étrange, était l’absence de porte. Il n’y en avait pas une trace. Pas de fenêtres non plus. Elle marcha partout dans la pièce, vérifia deux fois. Pour être sûre. La seule façon d’entrer et de sortir était la téléportation. Quelque chose qu’elle ne pouvait toujours pas faire.
    Merde !
    Piégée, elle vit un large lit à baldaquin dans un coin. Des fourrures étaient posées dessus, mais il ne semblait pas dormir dedans. En fait, il était couvert d’une couche de poussière. Les murs étaient fait de la même pierre humide qui était sur les murs des couloirs dans lesquels elle avait été.
    Il y avait une cheminée, mais pas de feu pour chasser la forte humidité qui lui transperçait les os. A côté, il y avait un grand bureau en bois Baroque, extrêment soigné. Parmis toute les choses étranges, le plus surprenant était l’ordinateur portable posé dessus. C’était la seule chose personelle dans cette pièce. Curieuse, elle marcha dans sa direction dans l’intention de l’allumer. Mais dès l’instant où elle le toucha, il se ferma et elle manqua y perdre un doigt.
    Qu’est-ce que c’était que ça ?
    Elle essaya de l’ouvrir, mais il refusa. C’était comme si la chose était vivante et savait qu’elle n’était pas supposé la toucher. Oui…
    Mais au moins elle n’était pas en train d’être torturée.
    Pas encore.
    Qu’est-ce que je vais faire ?
    Prendre sa dague, ce qu’elle fit, et attendre. Elle grimaça face à la quantité de sang qu’il y avait dessus. Il semblait qu’elle avait touché une artère. Et il n’avait même pas réagit au coup qu’elle lui avait assené. De toute évidence, il était immortel. De ceux qui aimaient souffrir.
    Je suis morte.
    Qu’est ce qu’il ferait avec elle, à part la tuer ?
    La réponse évidente la terrifiait encore plus que la pensée de mourir. Je ne serais pas violée. Elle n’était peut-être pas capable de le tuer, mais elle pouvait le castrer, et c’est précisément ce qu’elle était déterminée à faire s’il levait une main sur elle.
    Avec cette principale pensée à l’esprit, elle alla dans un coin de la pièce et s’assit sur le sol, le dos contre le mur. Maintenant elle était prête à l’accueillir et elle renouvellerait leur combat chaque fois qu’il reviendrait. 
 
    "Où est Lydia ? 
    Seth s’arrêta un instant face au ton bélligérant de Solin. C’était donc le nom de la femme.
    Lydia. C’était joli… comme une musique. Mais il n’était pas poète.
    Il était la mort, et elle n’était rien qu’un pion dont il avait besoin. Etrécissant son regard, il avança vers la table où Solin était maintenu par des chaînes. Il savait combien c’était douloureux d’être attaché de cette façon.
    Combien c’était humiliant. Il n’y avait rien de pire que de se sentir à la merci de quelqu’un d’autre et de ne pas être capable de se battre en retour ni même se protéger soi-même. D’être étendu là sans savoir quand la prochaine séance de torture commencerait.
    Ne pas avoir de dignité.
    Aucun espoir de s’échapper…
    Au fond de lui, une part de lui-même se sentait désolée pour Solin.
    Arrêtes ça ! lui grogna son esprit. C’était cette simple chose qui lui avait valu d’être puni au départ. Et s’il n’obtenait pas ce dont il avait besoin, il le serait à nouveau.
    Personne n’est jamais venu pour toi. Il ne devait jamais oublier ça. Jamais personne n’avait essayé de l’aider. Il n’avait jamais eu le droit à une once de compassion de la part de quelqu’un.
    Pas même de sa propre mère. Le souvenir de sa brutalité était encore vif aujourd’hui comme ça l’avait été quand il était enfant, la maudissant de l’avoir intentionnellement laissé mourir.
    Sans protection.     
    Seul.
    Mais Lydia était venue pour Solin. Elle avait risqué sa vie en essayant de l’aider. La jalousie envahit son cœur. Qu’est-ce qui était si spéciale chez Solin et qu’est-ce qui justifiait un telle inquiétude et une telle loyauté ? Un tel sacrifice personnel ?

    "Comment oses-tu proclamer que ce pathétique déchet est ma divine descendance ! Comment oses-tu l’avoir nommé en mon honneur, salope ! Vous me rendez tous les deux malades. Hors de ma vue avant que je vous étripe tous les deux !"

    Ça avait été les derniers mots que son père lui avait dit. C’était comme ça que tout le monde l’avait toujours vu. Rien de plus qu’un déchet sans importance utilisé puis rejeté.
    Ça continuait.
    Et ça amplifia sa colère.
    Il parcourut la distance entre eux et empoigna Solin par les cheveux. Les narines dilatées, il força Solin à croiser son regard.
    "Dis-moi ce que je veux savoir ou je la tuerais. 
    Solin baissa les yeux vers le sang sur l’armure de Seth.
    -Comment est ce je sais que tu ne l’as pas déjà tuée ? 
    Seth ricana. C’était son propre sang qui souillait son armure, pas celui de Lydia. Du sang qui lui avait été brutalement prit parce qu’il n’avait pas encore brisé le Grec.
    Seul Solin avait la capacité de mettre fin aux souffrances de Seth et le bâtard entêté refusait. Qu’il soit maudit pour ça.

    Alors il tourmentait le Grec en retour – pas aussi horriblement que Noir l’avait fait pour lui, mais assez pour que Seth se sente mieux.
    "Qu’est ce qui serait amusant là-dedans ? C’est plus une torture pour toi de savoir que je l’ai à ma disposition. Je peux faire tout ce que je veux avec elle et il n’y a rien que tu puisses faire pour m’arrêter. Rien.
    Solin explosa dans un tel chapelet d’injures si grossières, qu’il était étonnant que sa bouche ne se soit pas spontanément enflammée.
    Seth resserra sa main dans les cheveux de Solin. 
    -Si tu veux qu’elle vive, dis-moi où est la clé.
    -Je ne sais pas.
    -Conneries ! Je sais avec certitude que tu es le seul à y avoir accès. 
    Solin secoua la tête de déni.
    Seth voulut lui briser le crâne. Noir s’impatientait davantage à chaque battement de cœur. Si Solin ne cédait pas bientôt, Noir le renverrait dans son trou et ferait remettre les verrous dans sa bouche.
    Cette fois, ce serait permanent et il ne lui accorderait plus jamais un autre sursis.

    Puissent les dieux aider Solin. Noir n’aurait jamais pitié de lui autant que Seth en avait. Si cet idiot pensait atrocement souffrir maintenant, c’était un parcours de santé en comparaison avec ce qui lui arriverait.
    Il savait par expérience personnelle que le pire endroit où se trouver était entre Noir, et ce que voulait Noir.
    Allez, stupide bâtard. Donnes moi ce dont j’ai besoin pour nous sauver.
    "Un mot de toi et je vous laisse tous les deux partir.
    -Vas te faire foutre.
    -Ce n’est pas le mot que je voulais." Seth le relâcha en grognant. Ça avait été la même chose depuis maintenant deux semaines. Et c’était bien parti pour qu’il soit le souffre-douleur de Noir. Qu’il soit rendu coupable et puni pour l’obstination de Solin. Etant donné ce qu’il allait lui faire, il pouvait tout aussi bien être cloué à la table à côté de Solin.
    Mais pas encore.
    -Bien. J’irais questionner Lydia. Je verrais ce qu’elle sait. 
    Solin laissa échapper un cri si puissant et chargé de douleur qu’il semblait venu de plus profond de son âme.
    -Ne lui fais pas de mal. Ne t’avise pas de le faire ! Je te donnerais tout ce que tu veux si tu la relâches". 
    Pour une fois, il le croyait. L’émotion dans la voix et les yeux de Solin était trop réelle pour être fainte, et ce cri…
    Un de ceux nés d’un amour désespéré. Seth ne comprenait absolument pas le concept de ce mot. Mais il avait vu des mères mourir pour protéger leurs enfants. Des hommes se sacrifier pour leurs amis, leurs familles, et leurs femmes.
    Lydia signifiait vraiment autant pour Solin ?
    "Me donnerais-tu ta vie pour la sienne ? 
    Solin n’hésita pas à répondre.
    -Oui.  
    Fascinant. Qu’est-ce qui pouvait faire en sorte qu’un dieu meurt pour en sauver un autre ?
    -Penses-tu qu’elle ferait la même chose pour toi ?
    -Elle est venue pour moi. 
    Ces mots le piquèrent. Solin avait raison. Elle avait tout risqué pour sauver le dieu des rêves.
    -Tu l’aimes ?
    Solin ne répondit pas. Puis il fit la seule chose qu’il n’avait jamais faite tout au long de sa torture.     
    -S’il te plait, je t’en prie, ne lui fait pas de mal, supplia t’il. Je jure que si tu la laisses tranquille, je te rapporterais la clé et la remettrai entre tes mains.
    Un soulagement le traversa lorsqu’il entendit finalement les mots qui lui sauveraient la peau et lui épargneraient plus de déchéance.
    En imaginant que Solin ne lui mentait pas. Est-ce que Lydia signifiait vraiment autant ?
    La confiance n’était pas dans sa nature. Chaque fois qu’il avait fait cette erreur, les répercussions lui restaient encore en travers de la gorge et sur l’estomac. La seule chose en laquelle il avait foi était le fait que les autres montraient une propension à mentir et à le baiser.
    Mais dans ce cas il n’avait pas le choix. Il avait besoin de cette foutue clé. Plus tôt valait mieux que tard.
    Il regarda Solin.
    -Tu as trois jours pour revenir. Si je n’ai pas la clé passé ce délai, je t’enverrais ses restes."
    Tout en reculant, Seth claqua des doigts.
    Les chaînes s’évaporèrent.

    Solin s’effondra, haletant et faible. Tout comme lui l’avait fait lorsque Noir l’avait finalement libéré. Une part de lui éprouvait des remords. Il détestait voir quelqu’un d’autre souffrir. Mais c’était mieux que ce soit Solin plutôt que lui. Au moins il ne lui avait pas vérrouillé la bouche. Il frotta le dos de sa main sous son menton quand une douleur fantôme lui revint et qu’il se souvint combien ça avait été douloureux. Il n’avait pas non plus violenté ses parties intimes. Le bâtard stupide pensait savoir ce qu’était la torture. Il n’avait pas idée à quel point Seth avait été gentil comparé aux autres, qui appelaient cet enfer leur maison.
    Solin devrait s’agenouiller en signe de gratitude.
    Seth tendit la main et rhabilla Solin d’un geste.
    -Trois jours, Olympien. Ne me trahit pas". 
    Puis il utilisa ses pouvoirs pour le renvoyer dans le monde des mortels duquel il l’avait prit.
    Combien il souhaitait pouvoir y aller avec lui. Mais Noir avait prit sa capacité à partir dès le moment où on l’avait emmené ici. Il pouvait seulement enlever les gens de ce monde ou les y ramener.
    Jamais lui-même.
    Mais à présent, ça n’avait pas d’importance.
    
    Seth laissa échapper un soupir de soulagement à la pensée de remettre la clé de l’Olympe à Noir. Ça rendrait son maître heureux. Au moins aussi heureux que ce misérable fils de pute pouvait l’être.
    Peut-être qu’alors il serait pardonné et qu’on l’autoriserait à rester sans ses chaînes.
    Et avec de la chance, Solin serait de retour dans quelques heures.
    Entre-temps, il voulait comprendre ce qui était si spécial chez cette femme pour qu’un dieu comme Solin donne sa vie pour la sienne.
    Solin avait t’il perdu l’esprit pour placer sa sécurité au-dessus de la sienne ? Les gens mentaient et trahissaient. Surtout quand l’amour était concerné. C’était seulement un outil solide contre la faiblesse.
    Il le savait mieux que quiconque.
    Je t’aime. Il ricana à cette pensée. Des mots bons marchés, insignifiants, échangés par des égoïstes incapables d’en comprendre le sens.
    Lydia était exactement comme les autres. Elle allait se retourner contre Solin.
    Il voulait faire une faveur au dieu.
    Il voulait le lui prouver.

Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2011
Traduction © Dark-Hunter Francophone

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