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Dark-Hunter #21 - Le gardien d'Azmodea


 Chapitre 4



    Lydia tournait en rond dans la chambre dont elle avait mémorisé chaque détails et chaque fissures sur le sol. Elle avait mangé puis avait commencé à attendre pendant ce qui lui sembla être des heures.
    Si ce n’est un jour entier.
    La frustration lui laissait un goût amer dans la gorge. Comment pouvait-elle…
    L’air s’agita derrière elle.
    Elle se retourna, prête à se battre.
    Le démon était finalement revenu. Mais quelque chose n’allait pas. Le chacal en elle pouvait le sentir même s’il se tenait là, aussi fier et féroce qu’il l’était avant.
    Tendue et nerveuse, elle attendit un geste de sa part avant de faire ou dire quelque chose.
    Comme elle, il ne bougeait pas, comme s’ils se jaugeaient l’un l’autre. Le poids de son regard d’acier la fit frissonner…
    Qu’est ce qu’il était en train de faire ?

    Seth retenait sa respiration tout en réfléchissant silencieusement à ce qu’il devait faire. C’était stupide d’être là alors qu’il était blessé. Il le savait.
    Sa chambre avait toujours été le seul endroit en enfer où il pouvait se retirer et où il était à l’abri de tout le monde à l’exception de Noir et Azura – il n’y avait aucun endroit où ils ne pouvaient aller.
    Mais avec elle ici…
    De quoi tu te plains ? Tu seras maltraité même si elle n’était pas là. Au moins elle n’avait pas ses pouvoirs. C’était la seule souffrance qu’elle pouvait lui donner.
    Alors que les autres…
    Ce serait sans limites.
    Je n’ai pas d’autre endroit où aller.
    Il aurait préféré l’enfermer à clé avant de s’évanouir, mais Noir l’avait entièrement drainé après s’être finalement fatigué de le cogner. Seth était si faible maintenant. Si malade. C’était un miracle qu’il ait réussit à revenir ici.
    Ne tombes pas, je te l’interdit, tas de merde inutile. Ne montre pas ta faiblesse. Son esprit était inébranlable. Mais son corps refusait de coopérer. Contre sa volonté, ses jambes le lâchèrent et il s’effondra lourdement sur le sol, et fut surpris de ne pas briser la pierre en le faisant. Il essaya de rester conscient. De ramper vers son lit.
    Son corps ne lui en donnerait pas plus. C’était trop fatigant et trop douloureux.
    Malgré tous ses efforts, il sombra dans les ténèbres.
    Lydia recula en le voyant étendu sur le sol dans sa gigantesque armure en métal. Était-ce un piège ?
    Pourquoi ça le serait ? Qu’est ce qu’il gagnerait à tomber devant elle ?     
    Toutefois… les démons de l’Azmodea étaient perfides. Diaboliques. Qui savait de quelle cruauté ils étaient capables. Avant qu’il soit trop tard et qu’ils se jettent sur vous.
    Toujours prudente et curieuse, elle avança, prête à frapper s’il s’emparait d’elle.
    Il ne le fit pas.
    Ce n’est que lorsqu’elle s’agenouilla qu’elle vit le sang sur ses cheveux, ainsi que sur son armure et son visage. A plusieurs endroits, le sang venait de sous les plaques d’acier et coulait sur le sol de pierre.
    Il avait été frappé. Vicieusement. Non, sauvagement. Les traînées de sang avaient fait couler la peinture blanche et les lignes rouges et noires de son visage, lui montrant que ce n’était que du maquillage et non la couleur de sa peau.
    Qu’est ce que je fais ?
    Il n’y avait personne à appeler pour demander de l’aide. Et au fond d’elle, elle avait peur que, s’il mourrait, elle mourrait aussi. Personne ne savait où elle était. Pas même Solin.
    Merde.
    A quel point était-il blessé ? La réponse était évidente – assez salement pour que quelque chose d’aussi mortellement féroce que lui soit inconscient. Etant donné ce qu’elle avait vu de lui, ça lui semblait impossible.
    Pourtant il était allongé là, comme s’il était mort. Et il y avait déjà une mare de sang qui se formait sous lui.
    Elle chercha les accroches de son armure et commença à retirer les pièces de métal. Et elles étaient lourdes – comme des chapes de plomb. Comment pouvait-il se déplacer avec ça et ne pas tomber ? Pas étonnant qu’il soit si musclé. Il devait nécessairement l’être pour supporter tout ça.
    Sous l’armure il portait une fine combinaison noire molletonnée qui devait être là pour empêcher le métal de brûler sa peau. Avec précaution, elle l’a souleva pour examiner ses plaies.

    En exposant son cou, elle fit une découverte inattendue. Il y avait un curieux tatouage d’une superbe hirondelle multicolore. Sa queue commençait à la naissance de sa gorge et descendait le long de sa clavicule avec ses ailes qui s’étendait sur son épaule à son sein. Un sein qui portait une mauvaise cicatrice, comme s’il avait été percé, puis que l’objet en avait été arraché. Elle serra les dents à cette simple pensée et par reflexe frotta son propre sein.
    Arg, ça avait dû être douloureux.
    Essayant de ne pas y penser, elle continua d’étudier le tatouage. L’hirondelle était en grande partie bleue, mais les ailes étaient aussi rouges, jaunes, vertes et blanches. La queue de l’oiseau était déployée, et entre les deux plumes de la queue il y avait ce qui se révéla être un cœur brisé. C’était très étrange. Cet oiseau capricieux ne correspondait pas du tout au personnage diabolique. C’était quelque chose que pourrait vouloir un optimiste ou un rêveur.
    Mais la main droite du diable lui-même...
    Mais elle n’avait pas le temps de contempler ça maintenant. Tout en continuant sa tâche, elle découvrit un corps parfaitement musclé, d’une absolue perfection qui était recouvert encore et encore par d’innombrables cicatrices, de coupures et d’hématomes. Des bleus en traversaient d’autres, et les cicatrices et les plaies se croisaient les unes les autres. Il y avait aussi un grand nombre de traces de morsures, celui qui l’avait mordu avait laissé une empreinte si claire de sa dentition qu’un dentiste l’aurait envié. Et avec ces marques, elle pouvait compter au moins trois créatures différentes parmi ses assaillants.
    Son estomac se serra face à la manifestation physique d’une vie de profonde misère. Bon sang , combien de fois quelqu’un devait avoir été battu pour porter autant de dommages ?
    Honnêtement, elle ne pouvait pas choisir parmi elles celle qui avait dû lui causer le plus de souffrance. Toutefois, celle sous son menton semblait particulièrement atroce. Mais pas autant que les cicatrices laissés par les crocs qui l’avaient déchiquetés, ou les profondes entailles et déchirures laissées par un fouet munis de piques.
     Ce devait être ça qui l’avait fait s’évanouir. Sa gorge se serra. On l’avait lacéré avec vigueur et à en juger de l’aspect, ils avaient aimé ça. Elle vit des blessures défensives sur ses avant-bras et ses biceps où il avait essayé de les empêcher de transpercer d’autres parties de son corps et avait échoué.
    À l’évidence, le démon n’était pas en haut de la chaîne alimentaire ici. Ce qui posait la question de savoir qui lui avait fait ça.
    Noir ? Azura ?
    Et pourquoi ?
    Qu’avait-il fait pour qu’ils veuillent le blesser si horriblement ?
    Sans avoir de réponses elle lui ôta la combinaison qu’il portait sous son armure et les protections. Ils lui rappelaient ses shorts de cyclisme et ils enveloppaient ses hanches fines et ses cuisses musclées. Lydia essayait de tenir son regard éloigné du gonflement qui lui disait que ses muscles n’étaient pas la seule partie de lui qui était énorme. Les dieux l’avaient définitivement bien doté à ce niveau là.
    Arrêtes ça.
    Mais c’était si difficile de ne pas regarder. Il avait le genre de corps qu’une femme ne voyait pas tous les jours. Le genre contre lequel vous voudriez vous lover et juste sentir la chaleur et la dureté contre votre peau. Et même s’il était probablement le plus diabolique de son espèce, ça n’enlevait rien au fait qu’il était délicatement formé.
    Non, il était si diaboliquement beau qu’elle pouvait presque comprendre pourquoi il avait été mordu.
    Mais les autres marques…
    Celles-là, elle ne les comprenait pas du tout.
    Elle reporta son attention sur sa tête, où le sang s’échappait d’une mauvaise entaille juste sous son oreille gauche. Il était toujours inconscient.
    Et saignait de partout. Elle ne pouvait même pas commencer à établir la liste de ses blessures.
    Son regard tomba sur le bras qu’elle avait poignardé. Il y avait tant de plaies à cet endroit, qu’elle n’était pas sûre de savoir laquelle était la sienne. Cette pensée lui donna la nausée. Pas étonnant qu’il n’ait pas réagit. Elle l’avait plus vraisemblablement poignardé dans un bleu.
    Ou une autre blessure.
    Et même si elle n’aimait pas certaines personnes et ne faisait pas confiance aux autres, elle ne voulait pas non plus les blesser. Pas même lui. Qu’elle en ait ajouté à ses dommages la peinait et elle se haïssait pour cette faiblesse.
    Elle ne devrait même pas se préoccuper de sa douleur. Il n’avait certainement pas eu de pitié de Solin. Alors pourquoi elle souffrait de le voir si meurtri ?
    Parce que je ne suis pas un démon sans âme comme lui. Elle ne trouvait aucune joie ou humanité dans l’abus ou la méchanceté.
    Son estomac se noua de compassion, elle alla à la salle de bain pour prendre une bassine d’eau tiède pour pouvoir nettoyer et bander ses blessures.
    Elle fit des bandages qu’elle fit avec ses draps.
    Cela prit du temps, mais elle nettoya et enveloppa chaque blessure avec beaucoup de précaution. Dès qu’elle eut fini avec son corps, elle vida l’eau, nettoya la bassine, en en ramena pour pouvoir soigner son visage et sa tête.
    En nettoyant le maquillage criard, elle découvrit peu à peu la vérité sur son « démon ».

    Il était magnifique. Absolument stupéfiant.
    Il n’y avait pas d’autres mots pour ça. Il aurait été aussi beau qu’une femme si il n’y avait ses mâchoires carrées très masculines, ses pommettes ciselées, les deux recouverts par une barbe auburn de quelques jours. Pas étonnant qu’il porte du maquillage. Il aurait été dur de terrifier les démons de ce lieu en ressemblant à ça, même en étant aussi grand et meurtri.
    Sans oublier qu’elle était pratiquement sûre qu’il l’utilisait pour dissimuler les bleus sur son front, ses joues et sa mâchoire.
    Avant qu’elle ne réalise ce qu’elle faisait, elle fit courir ses doigts sur ses lèvres, se rappelant combien elles étaient douces jusqu’à ce que… Elle grimaça quand elle vit la marque où elle l’avait mordu, elle aussi.
    À l’évidence, la dernière chose dont il avait besoin c’était plus de douleur. Et elle avait stupidement pensé qu’il plaisantait quand il disait qu’il ne s’était pas ouvert la lèvre aujourd’hui.
    "Je suis tellement désolée" murmura t’elle. C’était à douter qu’il ait eu un moment de joie dans toute son existence. Dans l’état où était son corps, elle aurait dit non.
    Depuis combien de temps vivait-il dans cette dimension infernale ?
    Une minute serait trop longue.
    La gorge serrée, elle nettoya le sang de ses cheveux. Des cheveux qui tombèrent en de parfaites boucles auburn dès l’instant où elle les mouilla.
    Ils n’étaient donc pas raides en fin de compte. Ces boucles étaient incroyablement douces et lui donnaient un certain charme comme vous en voyez sur des poupées de collection. Qui l’aurait cru ?
    Maintenant qu’elle l’avait lavé et mis à nu, la seule chose effrayante à son sujet c’était combien il était magnifique. Si attirant. C’était presque impossible de ne pas le dévisager.
    Il est toujours celui qui a torturé Solin… celui qui l’aurait tué si tu ne l’avais pas arrêté.
    C’est vrai. Son apparence ne changeait pas la cruauté de ses actions. Quoiqu’il arrive, il était son ennemi. Et il le resterait toujours.
    Si tu étais intelligente, tu le poignarderais dans le cœur et le tuerais pendant que tu le peux.
    Le couteau de son repas n’était pas très loin.
    Et qu’est ce qui se passerait si je le faisais ? Il lui avait dit qu’il ne pouvait pas être tué. Elle n’avait aucune raison de penser qu’il mentait. Ses morsures et ses cicatrices, et le fait qu’il respirait toujours, lui disait qu’il avait été honnête à ce sujet.
    En plus, même si elle le tuait, elle continuerait d’être piégée ici. Ça ne changerait pas. Sans lui, elle n’avait aucun moyen de partir et aucun moyen de communiquer avec quelqu’un.
    Il était son seul espoir d’une éventuelle libération.
    Si seulement elle pouvait envoyer un message à quelqu’un à l’extérieur. Mais plus elle essayait, plus elle se sentait piégée. Qu’est ce que je suis sensée faire ?
    Elle ne s’était jamais autant sentie perdue.
    Un horrible frisson descendit le long de sa colonne quand elle vit son avenir et il n’était pas joli.
    Pour le moment, c’était mieux de tolérer le démon qu’elle connaissait plutôt que les autres qui attendaient à l’extérieur de cette pièce. 
 
    Seth se réveilla lentement pour se retrouver allongé face contre la dureté du sol de pierre. Il regarda les murs de sa sombre chambre, redoutant le moment où la douleur viendrait le frapper à nouveau. Mais alors qu’il s’attendait à ça, il réalisa que sa tête était sur un doux oreiller et que le poids sur son corps n’était pas son armure.
    Quelqu’un l’avait couvert de ses couvertures ?
    Qu’est ce que… ?
    Fronçant les sourcils, il commença à bouger et entendit aussitôt une voix douce et chaleureuse.
    "Attention ! Vous allez rouvrir votre dos. 
    Dans l’ombre, il vit apparaître un ange. Oui, un ange aux dents acérées, se rappela t’il. Mais les élancements dans ses lèvres n’étaient pas de son fait, mais des coups violents portés par Noir.
    La tête lui tourna lorsque la douleur le rattrapa et le frappa à nouveau. Oui, c’était ce à quoi il était habitué. Une souffrance absolue. Pendant un moment, il craint de s’évanouir encore.
    "Là."
    Elle posa sa tête sur l’oreiller avec le plus doux des gestes qu’il n’ait jamais connu et l’aida à boire l’eau du gobelet qu’il avait laissé avec son dîner.
    Il avala avec précaution, sa gorge le brûlait à cause des blessures internes, jusqu’à ce qu’elle retire la coupe. Puis il la fixa. Il voulut lui demander pourquoi elle l’aidait, mais la réponse était évidente et indéniable. Il était le seul moyen qu’elle avait pour sortir d’ici et elle le savait.
    Il n’y avait pas d’émotion derrière ses actions. Elles étaient intéressées.
    Comme n’importe qui d’autre.
    Mais au moins elle n’avait pas prit avantage de sa condition pour le blesser davantage. Ça, en soit, c’était une nouveauté.
    Mais le plus étrange c’était le fait qu’elle se soit inquiétée de le soigner. Son froncement de sourcils s’intensifia quand il fixa les bandages qui enveloppaient sa main et étaient noués autour de ses articulations.
    "Je te l’ai dit, je ne mourrais pas.  
    -Oui, mais vous n’êtes pas exactement du genre à guérir vite non plus. Je devais faire quelque chose. Vous étiez en train de saigner partout sur le plancher et l’odeur du sang me rendait malade. 
    Seth l’ignora et se redressa, il pouvait tenir sur ses pieds incertains. Etourdit par la perte de sang et la douleur, il se sentait si faible…
    Soudain, Lydia était à côté de lui. Elle tira son bras autour de ses épaules et passa un de ses bras sveltes autour de sa taille pour le stabiliser. Son doux parfum rempli sa tête, accélérant les battements de son cœur. Mieux encore, les douces courbes se son corps étaient contre le sien. Des courbes qui lui mirent l’eau à la bouche, et rendit son sexe si dur qu’il aurait probablement pu l’utiliser comme un marteau.
    -Allez, retournez au lit avant que vous ne tombiez encore. 
    Ces mots apportèrent des images dans son esprit de lui profondément en elle pendant qu’elle se cambrait contre lui. De ses lèvres tourmentant chaque parcelle de son corps jusqu’à plus soif.
    Oh oui, il pouvait déjà la sentir.
    Chaude. Humide.
    Souple…
    Ne sois pas stupide. Ce n’était pas une invitation, elle n’en avait rien à faire de lui.
    Mais c’était agréable d’avoir quelqu’un qui prétendait prendre soin de vous. Même seulement pour une minute.
    Suis-je si pathétique pour que quelque chose d’aussi faux et trivial signifie autant ?
    Et il était pathétique. Désirant une femme qui avait envie de l’étriper plutôt que de se retrouver dans un lit avec lui.
    Ne te laisse pas adoucir. Ce serait l’enfer s’il permettait à quelqu’un de l’affaiblir.
    Et ça serait différent de la normalité, comment ?
    Dégoûté par lui-même, il s’éloigna d’elle.
    -Je n’ai pas besoin de ton aide. 
    Elle leva les mains en signe d’abandon.
    -Très bien. Saignez partout où vous voulez.  
    Seth se traîna vers le lit et s’y assit avant de s’évanouir à nouveaux. Il passa une main dans ses cheveux, puis se figea en sentant ces boucles qu’il détestait et ne portait jamais devant personne.
    Merde.
    S’en suivie une crainte si profonde, qu’elle l’écœurait plus que ses plaies. Il passa ses mains sur la barbe de ses joues.
    -Vous avez lavé…
    -Oui.
Il grimaça en réalisant qu’elle avait vu le vrai lui. La partie qu’il voulait que personne ne voit.
    -Pourquoi ?
Il avait lutté pour ne pas craché son venin dans le ton de sa voix.
    -Vous aviez une mauvaise blessure à la tête et un bleu assez important sur la joue gauche. Je voulais être sûre qu’aucun os n’était cassé.
Et s’ils l’avaient été ?
    -Ça vous intéresse ?
Elle laissa échapper un souffle las avant de répondre.
    -Non, Capitaine Bad-Ass, pas du tout. Désolée d’essayer d’aider." 
 
    Il ne répondit pas et passa sa main son menton où cette répugnante cicatrice faite par le verrou marquait sa peau… il pouvait encore le sentir, perçant sa bouche et sa langue.
    Ça le dérangeait qu’elle sache à quoi il ressemblait. Rien de bon n’était jamais venu des gens qui avaient vu ses véritables traits, particulièrement ici. En Azmodea, c’était toujours mieux d’être craint que d’être désiré. C’était une dure leçon qu’il avait apprise au moment où Noir l’avait amené ici et avait drainé ses pouvoirs, le laissant comme une victime sans défenses pour les autres jusqu’à ce qu’il recouvre assez de forces pour se battre en retour. C’était une autre raison pour laquelle il n’y avait pas moyen d’entrer dans cette pièce autrement que par téléportation.
    Plus personne ne le persécuterait à nouveaux.
    À l’exception des deux êtres à qui il appartenait. Il n’y avait aucun moyen de se protéger de Noir ou d’Azura et de leurs marques particulières de brutalité.
    Son estomac remua à cette pensée et au fait qu’il se sentait comme nu en face d’elle. Ça ne fit qu’amplifier sa colère.
    -Ne refaites plus jamais ça. Jamais. 
    Lydia leva les yeux au ciel devant ce grognement exagéré alors que son armure et son maquillage réapparaissaient sur lui. Si tu te sens mieux avec, bébé…
    L’instant d’après, les vestiges de son repas étaient partis et remplacés par davantage de nourriture.
    Elle lui lança un regard perplexe.
    -Je suppose que vous avez faim.
Il secoua la tête.
    -Toi probablement. J’ai été inconscient combien de temps ?
    -Je ne sais pas. Vous n’avez pas d’horloge – Elle fit un geste vers le mur – ni une fenêtre pour que je puisse vérifier l’heure. 
    Silencieux, il ne bougea pas. Il était simplement assit, comme une gargouille en colère fomentant sa revanche contre de pauvres pigeons.
    Ignorant sa mauvaise humeur, elle avança vers la nourriture, haïssant le fait qu’elle était affamée. Elle avait mangé les fruits, mais ça n’avait pas été assez pour la satisfaire, elle avait vraiment besoin de protéines.
    -Vous voulez quelque chose ?
    -Non. 
    -Larve ! 
    Lydia sursauta en entendant le cri féroce qui se répercuta sur tous les murs autour d’eux.
    Les traits de Seth se tendirent en un masque meurtrier.
    La haine dans son regard la brûla. Sans un mot, il se téléporta en dehors de la pièce et la laissa seule encore.
   

    Seth se manifesta dans le lugubre bureau de Noir qui était aussi sombre que l’étaient le cœur et l’humeur de Seth.
    "Vous m’avez appelé, mon seigneur ?
    -Alors ? 
    Il ne voulait plus entendre encore ce foutu mot. Et il était troublé de savoir pourquoi Noir l’utilisait.
    -Je ne comprends pas. 
    Noir le frappa si durement que sa tête partie brutalement en arrière et que son cou fit un fort bruit de craquement. Pendant une longue minute il vit des étoiles tandis que Noir plongeait sa main dans les cheveux de Seth et le tirait près de lui, il pouvait ainsi grogner dans son oreille en sang.
    -Bien, je vais te le demander lentement, en utilisant des mots simples que même un idiot pathétique comme toi peut suivre.
    Noir tira un peu plus sur sa tête pour ponctuer chacune de ses syllabes.
    - Quel. Est. Ton. Progrès ? Est-ce que tu as ma clé ? 
    Seth serra les dents. Il n’y avait aucun moyen de gagner. S’il disait la vérité à Noir, il le cognerait encore.
    S’il te plait donne-moi mes pouvoirs pour une seconde, sale bâtard. C’était tout ce dont il avait besoin pour que Noir sente sa colère.
    Soyez maudit, Père. Allez en enfer ! J’espère que Sesmu a drainé votre sang à présent et que vous vous noyez dedans. Plus que tout, il espérait que son père rôtissait dans les fours du monde souterrain.
    Mais rien de tout ça ne changerait son asservissement. Rien ne changeait ce moment.
    Ou ce qui lui avait été fait.
    Et ce qu’il haïssait le plus était ce qu’on l’obligeait à faire. Se soumettre.
    -Je fais de mon mieux pour vous, mon seigneur.
Noir l’attrapa par la gorge et pressa si fort que sa respiration devint sifflante.
    -Tu ferais mieux de me dire pourquoi tu n’as pas plus de nouvelles que ça.
Seth toussa alors que l’emprise de Noir se resserrait davantage.
    -Je…je ne pouvais pas…
    -Pourquoi ? 
Même s’il savait ce que ça lui couterait, Seth croisa le regard de Noir et le laissa voir tout le poids de sa haine.
    -Je suis resté inconscient depuis ma punition.
    -C’est ce que tu récolte à être faible, chien pathétique. Si tu étais un homme, tu aurais été capable d’encaisser. 
    Faible seulement parce que vous m’avez volé mes pouvoirs…
    Il attrapa le poignet de Noir et essaya de lui faire lâcher sa gorge.
    -Est-ce que tu oses me défier, esclave ?
Seth ne lui dit pas la vérité. Il savait que c’était mieux. Mais il le voulait. Désespérément.
    -Je vis seulement pour vous servir.
Noir le frappa à nouveau.
    -Tu ferais mieux de t’en souvenir.
Comment pouvait-il seulement l’oublier. Ça le brûlait intérieurement comme un brasier.
    -Oui, monseigneur. 
    Il focalisa son regard sur le mur derrière pour être sûr de ne pas regarder le bâtard dans les yeux et subir une colère pire encore.
    Noir le gifla.
    -Ai-je toute ton attention ? 
    Il lui fallut toute la volonté qu’il possédait pour ne pas se lancer sur lui. Ne fais pas ça. Ne le fais pas. Le prix sera plus élevé.
    Immobile, il voulait tellement riposter, il pourrait essayer.
    -Oui, monseigneur.
Noir poussa Seth loin de lui.
    -Ton temps est sur le points de finir, chien. Comme ma patience. Tu as intérêt à me donner ce dont j’ai besoin, ou je te renvoie dans ta fosse et je laisse les démons disposer de toi pour l’éternité. 
    Alors pourquoi tu gâches mon temps en me faisant apparaître alors que je pourrais poursuivre mes recherches ? Cette question lui brûlait la gorge. Sombre idiot.
    -Je comprends, monseigneur.
    -Je ne pense pas, esclave. Mais ça ne va pas tarder."


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2011
Traduction © Dark-Hunter Francophone

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