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L’extrait suivant comme l’ensemble de ceux présents sur ce site internet, a été traduit par l’équipe de Dark-Hunter Francophone en respectant au maximum le texte et la syntaxe de l'auteure.
Le texte n'est donc pas celui que vous pouvez lire dans les livres disponibles en français, qui ont soufferts pendant longtemps d’une très mauvaise traduction, dû à une politique éditoriale autorisant / obligeant les coupes et changements de texte, afin de coller au format et aux critères de la collection dans laquelle a été mise la série, et qui ne s'est arrêtée qu'en 2015.
Nous vous invitons à les comparer si vous le voulez.
Toutefois nous ne sommes pas traductrices professionnelles, le sens d'une phrase peut nous avoir échapper. Si vous trouvez une faute ou une phrase mal construite, n'hésitez pas à nous le signaler par e-mail.
Dark-Hunter #1 - L'homme maudit
Chapitre 11
Après le petit-déjeuner, Grace décide de lui apprendra à conduire.
"C’est ridicule ! lâcha-t-il lorsqu’ils entrèrent sur le parking du lycée voisin.
-Allez, le taquina-t-elle. Tu n’es pas curieuse ?
-Non.
-Non ?
-Un peu, avoua-t-il avec un soupir.
-Imagine ce que tu pourras raconter à tes hommes lorsque tu rentreras en Macédoine : tu pourras leur dire que tu as conduit une grosse bête en acier…
-Ça veut dire que tu es d’accord pour que je reparte ? la coupa-t-il, surpris.
Elle aurait voulu lui répondre qu’il n’en était rien, mais elle se contenta de hocher imperceptiblement la tête – elle savait qu’elle n’aurait pas le cœur d’exiger qu’il fît une croix sur son passé : Julian de Macédoine était un guerrier, un héros, une légende ; il ne pourrait jamais devenir un homme du XXI° siècle.
-Je sais parfaitement que je ne peux pas te garder avec moi… Tu n’es pas un chien que je promène en laisse.
Julian se tendit. Comme ils se ressemblaient ! C’était ce qui rendait son départ si difficile, d’ailleurs : comment pouvait-il quitter la seule personne qui l’eût jamais considéré comme un être humain ? Il ne comprenait pas pourquoi elle tenait à lui apprendre à conduire, mais elle semblait contente de partager son monde avec lui. Or, il aimait la rendre heureuse.
-Bon, montre-moi comment dompter l’animal.
Elle gara la voiture et Julian vint s’asseoir au volant en se tassant sur lui-même.
-J’ai oublié de reculer le siège, désolée.
-Je ne peux ni bouger ni respirer mais, à part ça, tout va bien.
Grace éclata de rire.
-Il y aune manette, sous le siège. Si tu tires dessus, tu pourras te reculer un peu.
Il était tellement coincé qu’il ne parvenait pas à atteindre le levier.
-Attends, dit Grace.
Julian pencha la tête en arrière tandis qu’elle se penchait sur lui, les seins pressés contre ses cuisses, la main entre ses genoux. Aussitôt, il se raidit de désir et faillit défaillir lorsqu’elle posa sa joue contre son pelvis pour libérer le levier.
-Tu te rends compte que tu es dans la position idéale pour…
-Julian ! s’écria-t-elle.
En se relevant, elle vit la bosse qui gonflait son jean. Rouge comme une pivoine, elle balbutia :
-Désolée.
-Moi aussi, murmura-t-il, le souffle court.
Lorsque Grace fit reculer le siège, il dut endurer mille tortures à nouveau. Il serrait les dents pour ne pas céder à la rage qui battait en lui.
-Ça va ? demanda-t-elle lorsqu’elle eut regagné son siège.
-Fouler des braises incandescentes pieds nus est mon avis bien moins douloureux que la brûlure ardente qui enflamme en ce moment le creux de mes reins…
Grace lui tapota le bras avec tendresse.
-Bon, voyons… Tu arrives à toucher les pédales ?
-C’est autre chose que j’aimerais toucher…
-… Julian ! l’interrompit Grace. Veux-tu bien te concentrer !
-D’accord, je me concentre.
-Je ne voulais pas dire sur moi poitrine.
En voyant Julian avancer la lèvre inférieure en une moue enfantine, Grace se mit à rire aux éclats.
-Allons, un peu de sérieux, reprit-elle. La pédale de gauche est celle de l’embrayage, celle du milieu correspond au frein et celle de droite, c’est l’accélérateur. Je t’ai expliqué à quoi elles servaient, tu t’en souviens ?
-Oui, parfaitement.
-Bon. La première chose à faire est d’appuyer sur la pédale de l’embrayage et de passer en marche arrière.
Grace, joignant le geste à la parole, lui prit la main et la posa sur le levier des vitesses avant de lui montrer comment changer les positions.
Julian essaya de faire marche arrière, mais il lâcha la pédale de l’embrayage trop tôt et le moteur cala.
-Ce n’est pas censé faire ça, si ? s’enquit-il.
-Sauf si tu veux bousiller le moteur.
En soupirant, il fit une nouvelle tentative.
Une heure plus tard, il n’avait toujours pas réussi à faire le tour du parking sans caler ou heurter le trottoir. Grace s’avoua vaincue.
-Heureusement que tu conduisais mieux ton armée que cette pauvre voiture !
-Tout ce que j’ai à dire pour ma défense, c’est que mon char de guerre avait bien moins de chevaux.
-De toute façon, nous ne sommes pas en guerre, sur nos routes, remarqua Grace avec un sourire.
-Pardonne-moi, répliqua-t-il, sceptique, mais tu oublies que j’ai regardé le journal télévisé, hier soir… (Puis il ajouta en arrêtant le moteur : ) Je pense que je vais te laisser le volant pour l’instant.
-C’est certainement plus raisonnable, en effet : je n’ai pas de quoi m’offrir une voiture neuve, en ce moment.
Ils sortirent de la voiture pour changer à nouveau de place. Lorsqu’ils se croisèrent devant le coffre, Julian attrapa Grace par le bras et lui donna un baiser passionné qui lui fit tourner la tête : prenant ses mains dans les siennes, il les maintint serrées contre sa taille étroite tout en lui mordillant les lèvres. Puis il se recula d’un pas.
-Ça ne te donne pas envie de rentrer à la maison ?
L’envie ne manquait pas, c’était bien là le problème. Encore sous le choc du baiser fougueux qu’il venait de lui donner, Grace ne trouvait pas ses mots, elle fixait les lèvres de Julian comme si elle y goûtait encore et, à cet instant, il la désira plus que jamais. Il eût tant aimé être chez elle et la dévêtir lentement, bercé par ses murmures de plaisir…
-La voiture, lâcha-t-elle abruptement, clignant des yeux comme si elle sortait d’un rêve. Nous montions dans la voiture.
Julian l’embrassa tendrement sur la joue puis ils montèrent dans la voiture et attachèrent leurs ceintures. Grace le regarda du coin de l’œil.
-Tu sais, je pense qu’il te reste deux choses à connaître, ici, à La Nouvelle-Orléans.
-D’abord, je dois te faire l’amour sur un…
- … Tu vas arrêter, oui ?
-Bon, tu pensais à quoi ? reprit-il en s’éclaircissant la gorge.
-A Bourbon Street et à la musique moderne. Pour ce qui est de la musique, je peux dès maintenant t’en montrer un échantillon.
Grace brancha la radio et se mit à rire en reconnaissant "Sang Chaud", du groupe Foreigner – quoi de plus à propos, avec un tel passager ?
Julian ne paraissait pas très impressionné, mais lorsque Grace changea de station, il fronça les sourcils.
-Qu’est ce que tu as fait ?
-J’ai changé de radio. Pour cela il suffit de presser un de ces boutons.
Il s’amusa avec le poste pendant quelques minutes avant de s’arrêter sur une station qui passait « L’Amour fait mal », de Nazareth.
-Votre musique est intéressante.
-La tienne te manque ?
-Non, la seule musique que j’écoutais, c’était celle des pipeaux et des tambours qui nous menait à la bataille… Je pense que je peux apprécier ça.
-Apprécier quoi ? s’enquit-elle avec désinvolture. La musique ou le fait que l’amour fait mal ?
Julian se rembrunit.
-Etant donné que je n’ai jamais connu l’amour, je ne sais pas si ça fait mal ou non. Mais je ne peux pas croire qu’être aimé puisse être si douloureux.
Grace eut un pincement au cœur.
-Bon, dit-elle pour changer de sujet, quels seront tes projets, une fois rentré chez toi ?
-Aucune idée.
-Tu iras certainement botter les fesses de Scipion, non ?
-Ça ne me déplairait pas, acquiesça-t-il en riant.
-Qu’est-ce qu’il t’a fait ?
-Il s’est mis en travers de mon chemin.
-Tu n’aimes pas qu’on te barre le passage, n’est-ce pas ?
-Tu aimes ça, toi ?
-Je suppose que non, reconnut-elle après un instant de réflexion.
La foule du dimanche après-midi avait envahi Bourbon Street, où régnait une chaleur torride. Grace s’éventa en regardant Julian, qui poussait la séduction jusqu’à transpirer de manière élégante. Ses cheveux humides bouclaient légèrement autour de ses lunettes de soleil, lui conférant un charme assez irrésistible. Et le tee-shirt blanc qui mettait en valeur ses larges épaules et ses abdominaux ne gâchait rien.
Alors qu’ils marchaient nonchalamment, main dans la main, Julian s’arrêta soudain devant un cabaret. Non pour reluquer béatement la danseuse à moitié nue qui se trémoussait dans la vitrine, mais au contraire pour pousser un soupir scandalisé. Dévorant Julian du regard, la strip-teaseuse mordait ses lèvres charnues en y passant la langue de façon suggestive tout en palpant ses gros tétons. Lorsqu’elle lui fit signe de s’approcher, Julian tourna aussitôt les talons.
-Tu n’avais jamais rien vu de pareil, n’est-ce pas ? demanda Grace, que les gestes de la danseuse avaient mise mal à l’aise.
-Rome, lâcha-t-il tout simplement.
Grace éclata de rire.
-Ils n’étaient quand même pas aussi décadents, si ?
-Oh, tu serais étonnée si je te racontais ce qui pouvait s’y passer. Au moins, ici, il n’y a pas d’orgie dans la…
Il s’interrompit en voyant un couple se peloter outrageusement au coin de la rue.
-Laisse tomber !
Grace rit de plus belle.
-Hé, mon gars ! l’appela une prostituée appuyée contre le mur d’un hôtel borgne. Viens, la passe est gratuite pour toi.
Julian passa son chemin en secouant la tête. Grace lui prit la main et l’obligea à s’arrêter.
-Les femmes se comportaient-elles déjà ainsi avec toi, avant la malédiction ?
Il acquiesça.
-C’est pour ça que Kyrian était mon seul ami : les autres hommes ne supportaient pas l’attention dont j’étais l’objet – les femmes me suivaient partout, essayant de glisser leurs mains sous mon armure, me suppliant de les toucher…
-Et tu es certain qu’aucune d’entre elles ne t’aimait ?
Il lui lança un drôle de regard.
-L’amour et la luxure sont deux choses bien différentes…Comment peux-tu aimer quelqu’un que tu ne connais pas ?
Grace resta quelques instants silencieuse tandis qu’ils descendaient la rue à pas lents, puis reprit :
-Comment se fait-il que Kyrian n’ait pas été jaloux du regard que les femmes portaient sur toi ?
Les fossettes de Julian se creusèrent.
-Kyrian était amoureux fou de son épouse et se fichait pas mal des autres femmes. Il ne m’a jamais considéré comme un rival.
-As-tu eu l’occasion de rencontrer sa femme ?
-Non. Nous savions tous les deux que ça n’aurait pas été une très bonne idée.
Soudain, ses yeux se voilèrent de tristesse.
-Tu te sens responsable de ce qui lui est arrivé, c’est ça ?
Julian serra les dents en pensant au sort que les Romains avaient réservé à Kyrian. Vu les moyens qu’ils avaient déployés pour les capturer, Kyrian et lui, son ami avait dû endurer mille morts avant d’être crucifié…
-Oui, lâcha-t-il enfin. Je sais que c’est ma faute : si je n’avais pas attiré le courroux de Priape, j’aurais été là pour soutenir Kyrian.
Julian ne doutait pas que le sort funeste de Kyrian avait dépendu en partie de l’amitié insensée qu’il lui portait. Il soupira.
-Quel gâchis ! S’il avait appris à maîtriser sa témérité, Kyrian aurait pu devenir un grand dirigeant…
Il prit la main de Grace et la serre légèrement, tandis qu’ils avançaient en silence. La jeune femme se creusait la tête pour trouver un moyen d’égayer son compagnon. Lorsqu’ils passèrent devant la Maison du Vaudou, elle décida de l’y entraîner et ils visitèrent les salles obscures en se tenant la main, Grace expliquant à Julian les origines du vaudou.
-Regarde ! s’exclama-t-elle en saisissant une poupée de cire sur une étagère de la boutique du musée. Tu pourrais l’habiller comme Priape et la percer de petites épingles.
Julian éclata de rire.
-Et si tu prétendais que c’était Rodney Carmichael ?
Grace réprima un sourire.
-Ce serait bien peu professionnel de ma part, non ? Ceci dit, c’est tentant.
Reposant la poupée à sa place, elle se tourna vers une vitrine dans laquelle étaient exposés des bijoux et des amulettes de toutes sortes. Un splendide collier de fils verts, bleus et noirs entrelacés attira son attention.
-Il porte bonheur à celui qui le met autour de son cou, intervint la vendeuse. Vous voulez le voir de plus près ?
-Ça marche vraiment ? s’enquit Grace.
-Oh oui ! Le tissage des fils est magie pure.
Grace ne savait pas s’il fallait la croire, mais depuis qu’elle savait deux ivrognes capables de donner vie à un général macédonien, elle avait abandonné son scepticisme.
Elle acheta le collier et se tourna vers Julian.
-Baisse la tête.
Il semblait sceptique.
-Allez, le taquina-t-elle, prête-toi au jeu.
Tandis que Grace attachait le collier au cou de Julian, la vendeuse remarqua, narquoise.
-Ce jeune homme n’a pas besoin de grigri, vous savez… Ce qu’il lui faudrait, c’est un sort pour se débarrasser de l’attention de ces dames !
Grace regarda par-dessus l’épaule de Julian et vit trois femmes pâmées le contempler. Pour la première fois, elle sentit un pincement de jalousie, mais le tendre baiser que déposa Julian sur sa joue l’apaisa. Il la prit par la taille et, enlacés, ils quittèrent la boutique sous les regards envieux des trois groupies.
Le soir venu, Grace l’emmena dîner au Mike Anderson, un restaurant de luxe célèbre pour ses fruits de mer.
Elle eut un mouvement de recul lorsqu’on plaça devant Julian un plateau d’huîtres.
-Beurk ! fit-elle lorsqu’il avala la première.
-Tu as tort, c’est délicieux…
-Je ne crois pas, non.
-C’est parce que tu ne sais pas comment les manger.
-Bien sûr que si, je sais. Tu ouvres la bouche et tu laisses la bestiole visqueuse glisser dans ta gorge.
Il sirota une gorgée de bière en haussant les épaules.
-On peut faire ça, oui.
-C’est ce que tu viens de faire, d’ailleurs.
-Certes, mais je peux t’apprendre à les déguster d’une autre manière…
Elle se mordit les lèvres, indécise. LE défi que lui lançait Julian l’intriguait.
-Je ne sais pas.
-Tu ne me fais pas confiance ?
-Devrais-je ? se moqua-t-elle.
Il avala une nouvelle gorgée de bière en soupirant.
-Tu ne sais pas ce que tu perds…
-Bon, d’accord, concéda-t-elle à contrecœur, trop curieuse pour décliner son invitation. Mais si j’ai des haut-le-cœur, je t’aurai prévenu.
Julian attira Grace si près de lui que ses cuisses se pressèrent contre les siennes. Puis il essuya sa main sur son jean avant de choisir l’huître la plus petite de son assiette.
-Bien, lui murmura-t-il à l’oreille en passant un bras autour de ses épaules. Maintenant, penche la tête en arrière.
Lorsqu’elle s’exécuta, il lui caressa la gorge du bout des doigts, provoquant une onde de chaleur qui la parcourut tout entière. Elle avala sa salive, abasourdie par la tendresse de sa caresse comme par la sensation de bien-être qui lui procurait sa présence à ses côtés.
-Ouvre la bouche, susurra-t-il en lui chatouillant le cou de son nez.
Elle obéit. Alors, il inclina la fourchette pour faire glisser l’huître entre ses lèvres. Tandis que le mollusque descendait dans son œsophage, il lui léchait la gorge en sens inverse. Grace tressaillit, parcourue de milliers de petits frissons. C’était incroyable ! Et pour la première fois, le goût de l’huître ne l’avait pas écœurée. Elle sentit ses joues s’enflammer lorsqu’elle réalisa où elle se trouvait. Rouvrant les yeux, elle remercia le ciel qu’on les eût placés dans un recoin obscur du restaurant cinq étoiles.
-Ça t’a plu ? demanda-t-il, enjoué.
Elle ne put s’empêcher de sourire.
-Tu es incorrigible…
-Je m’y évertue.
-Et tu y parviens admirablement.
Avant qu’il pût répondre, le portable de Grace sonna.
-Oh ! ragea-t-elle en attrapant le téléphone. Ça a intérêt à être sacrément important.
Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2012
Traduction © Dark-Hunter Francophone