Extrait 3 - Stygian
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5 mars 9514 av. Jésus-Christ
"Urian ! Je ne t'attendais pas ! Que fais-tu ici ?
Il se rattrapa lui-même avant qu'il expose ses crocs en réponse au plaisir que le sourire d'adoration de sa mère provoqua chez lui.
-C'est ton anniversaire, Mata. Tu devais savoir que je ne manquerais pas ça.
Se mettant sur la pointe des pieds, elle le serra fort contre lui. Urian ferma les yeux et savoura la chose qui lui avait le plus manqué et n'avait plus à Kalosis.
L'étreinte pleine d'amour de sa mère.
Elle lui avait tellement manqué qu'il avait à peine pu attendre la tombée de la nuit pour se rendre à sa maison et lui rendre visite.
"Je ne peux pas croire que tu es là ! C'est tellement merveilleux de te voir !
Il haussa les épaules en lui tendant le petit panier qu'il tenait dans les mains.
-J'aurais seulement voulu être venu plus tôt ou pouvoir rester plus longtemps.
Avec des yeux bleus chaleureux, elle repoussa ses cheveux de son visage.
-Mon précieux Urimou." Elle désigna du menton sa chaumière. "Pourquoi tu ne peux pas ...
-Non, Mata !" Dit-il rapidement, l'arrêtant avant qu'elle ne l'invite chez elle. "Tu ne dois pas.
-Tu es stupide à propos de ça.
-Je ne veux pas prendre le risque.
-Hellen ? Est-ce que tu vas bien ?
Urian recula quand un homme plus âgé sortit avec une lanterne.
-Je vais bien, Memnus. C'est mon fils qui vient me rendre visite.
-Ton fils !
Uri jura silencieusement alors que le vieil homme barbu, vêtu d'un chiton marron et coiffé d'un bonnet de laine, se dirigeait droit vers eux.
Il se figea au moment où sa légère lumière frappa l'armure noircie d'Urian et où il réalisa à quel point il était grand et musclé. Sa mâchoire béat.
"Et bien... Je n'avais pas réalisé que ton garçon était un soldat.
Une lueur amusée planait dans les yeux de sa mère. Par nécessité, tous les Apollites l'étaient. Soit ils apprenaient à se battre soit ils mourraient.
-Il l'est, en effet. Comme tous mes fils, comme leur père.
Les yeux du vieil homme brillaient de chaleur.
-Je sais que tu es fier d'eux."Il tendit la main en signe d'amitié. "Tu me rappelles le prince Styxx, tu sais. Tu es exactement comme lui.
Secouant son bras, Urian fronça les sourcils. Il n'y avait qu'une seule personne dans ses connaissances qui détenait ce nom.
-Styxx de Didymos ?
-Oui. Le meilleur commandant militaire qui soit jamais né. J'ai servi avec lui quand j'étais jeune, je l'ai été. J'étais là lors de sa première bataille à Helicarnasse, oui. Et je ne l'oublierai jamais." Inspirant, il secoua la tête. "Il ne ressemblait à rien d'autre qu'à un morveux décharné... et le son de son casque ressemblait à celui d'une cloche quand il se faisait frapper au combat. Et nous nous sommes tous moqués de lui quand il est sortit pour nous rallier à cheval, ce qui aurait probablement dû nous coûter plus que la plupart des armées actuelles. Et qui nous aurait blâmés, vraiment ? Un petit prince riche qui n'a aucune expérience de combat. Nous avions pensé que nous serions tous morts à la tombée de la nuit à cause de son manque d'expérience en tant que meneur. Nous avions prit comme une insulte qu'il soit là pour nous diriger. Mais il nous a montré, il l'a fait. Je n'ai jamais vu un courage comme celui qu'il a montré aux Atlantes ce jour-là. Aucun d'entre nous n'avait vu ça. Il avait la force et la ruse des dieux eux-mêmes. La compétence à l'épée d'Arès. La force du puissant Atlas. Il ne s'inclinait devant personne. C'est pourquoi je porte l'insigne de notre armée depuis ce jour."
Urian arqua son front alors que le vieil homme tirait la chaîne autour de son cou pour lui montrer un médaillon qui contenait une pièce émaillée de rouge. Au centre se trouvait un phénix noir se levant avec les mots je défends au-dessus de sa tête.
Le vieil homme sourit fièrement en le désignant.
"C'était l'emblème pour L'Omada Stygienne1
La pièce fascinait Urian qui en traça les contours avec son doigt.
-Omada Stygienne ?
-Oui. C'est ainsi que l'on était connus à l'époque. Achille avait ses Myrmidons. Jason ses Argonautes. Styxx avait ses Stygiai. Et je suis fier de dire que j'étais l'un d'entre eux." Il le tira de la main et le pressa dans le poing d'Urian." Tiens. Tu devrais le prendre.
Urian était stupéfait par le cadeau.
-Non, monsieur. Je ne peux pas prendre quelque chose de si précieux.
-Allons, j'insiste. S'il te plaît. Je n'ai jamais eu de fils ni de petit-fils, et mes filles et mes petites-filles en ont assez de mes vieilles histoires de guerre. Avant de mourir, il doit aller à un guerrier qui lui rendra honneur à nouveau. Son Altesse aurait approuvé cela, j'en suis sûr.
Urian fronça les sourcils à ces mots.
-Vous parlez comme s'il était mort.
Les yeux du vieil homme devinrent sombres et tristes.
-Malheureusement, il l'est. Pris par les dieux beaucoup trop tôt, oui.
-Je suis désolé.
Des larmes brillèrent dans les yeux de Memnus.
-Je te remercie. C'était vraiment un jour terrible.
Avec un soupir laborieux, il tapota le bras d'Urian.
-Bon, j'ai déjà assez interrompu ce moment. Passes du temps avec ta mère. C'était bon de te rencontrer, jeune Urian.
-De même." Urian leva le médaillon. "Encore merci. Je le chérirai !
Il sourit et retourna dans la maison.
Dès qu'il fut parti, sa mère serra la main d'Urian sur le médaillon. Elle leva vers lui des yeux inquiets.
-Un bon conseil, mon précieux Urian, garde ceci loin de la déesse et surtout de ton père.
-Pourquoi ?
-Styxx de Didymos n'était l'ami d'aucun d'eux. Il était le frère de sang de Ryssa.
L'estomac d'Urian se souleva à cette nouvelle.
-La maîtresse d'Apollon ?
- Celle-là même. Et il est mort le jour où elle l'a été. Certains disent par la main d'Apollymi. D'autres disent que c'est Apollon qui l'a tué. De toute façon, il était seulement aimé par ses soldats. Ceux qu'il a conquis... ne l'aimaient pas du tout.
Cela allait de soi.
Cependant, il était curieux vis à vis du légendaire prince commandant.
-L'as-tu déjà vu ?
Elle secoua la tête.
-Je ne le connaissais que de réputation. Mais ce que Memnus a dit était vrai. Il était aimé de ses hommes et impitoyable dans la bataille. Personne ne l'a jamais vaincu."
Sensationnel... Urian admirait cela. Et ça piquait d'autant plus sa curiosité. Comme son père, il respectait tous ceux qui pouvaient être forts dans la bataille. Plus quelqu'un en apprendrait sur la stratégie, mieux ce serait.
Mais d'abord, il y avait un anniversaire à finir de célébrer.
Ensuite, il se concentrerait sur l'exaspération de son père et de la déesse qui les protégeait.
Note de traduction :
1- En anglais "Omada Stygian", d'où le titre du roman.
En français, le mot est officielement traduit "Stygien" qui signifie "Qui a rapport au Styx."
« Que faire ? où porter ses pas, après s’être vu deux fois ravir son épouse ? Par quels pleurs émouvoir les Mânes, par quelles paroles les Divinités ? Elle [Eurydice], déjà froide, voguait dans la barque Stygienne.» — (Virgile, Les Géorgiques, Livre IV, traduction de M. Rat)
Pour rappel, Acheron et Styxx portent tous les deux un prénom se rapportant à l'un des fleuves de l'Enfer, chez les Grecs.
Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2018
Traduction © Dark-Hunter Francophone
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