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L’extrait ci-dessus, comme l’ensemble de ceux présents sur ce site internet, a été traduit par l’équipe de Dark-Hunter Francophone d’après le strict respect du texte original.
Le texte n'est donc pas celui que vous pouvez lire dans les livres disponibles en français, qui ont soufferts pendant longtemps d’une très mauvaise traduction, dû à une politique éditoriale autorisant / obligeant les coupes et changements de texte, afin de coller au format et aux critères de la collection dans laquelle a été mise la série, et qui ne s'est arrêtée qu'en 2015.
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Toutefois nous ne sommes pas traducteurs professionnels, le sens d'une phrase peut nous avoir échapper. Si vous trouvez une faute ou une phrase mal construite, n'hésitez pas à nous le signaler par email.
Nouvelle-Orléans
Le Sanctuary
Noël 2007
Aimée Peltier s’arrêta un instant pour observer toutes les personnes autour d’elle. C’était le seul jour de l’année où le Sanctuary était officiellement fermé. Même si finalement peu de membres de leur grande famille et peu de leurs employés étaient Chrétiens, ils avaient toujours pris le temps d’honorer comme il se doit les vacances de Noël. En souvenir de leurs propres croyances et pour repenser à ceux qu’ils avaient aimés et perdus.
Comme le nom du bar l’annonçait, c’était un sanctuaire pour tous les Garous, les change-formes qui étaient chassés par les autres et les humains. Ses parents avaient ouverts le bar une centaine d’années après que les grand-frères d’Aimée aient été tués dans cette guerre insensée qui divisait son peuple. Il avait été l’image même du vœu solennel de sa mère, qu'aucune mère n’aurait plus à pleurer sur la perte de son enfant.
Mais depuis, la perception de sa mère sur ce qui devait être bon ou mauvais avait un peu changé. Et pour garder la paix dans ce bar, sa mère avait pris des décisions avec lesquelles Aimée n’était pas toujours d’accord.
Mais leurs désaccords mère-fille étaient encore plus anciens que les garous eux-mêmes.
Le bar était plongé dans la pénombre, seulement éclairé par des chandelles. Son frère Dev était au comptoir, encaissant les boissons. Il avait attaché ses longs cheveux en une tresse et plaisantait avec Colt et Angel, qui étaient sous forme humaine, assis sur l'un des tabourets devant le bar, à boire des bières.
La mère d’Aimée, Nicolette, était dans un coin du bar, sous sa forme humaine en train de jouer avec les oursons de Zar. Il y avait aussi plusieurs tigres, un chacal, des ours qui flânaient dans le bar ou engageaient des simulacres de combats pour s’amuser pendant que d’autres, sous leur forme humaine jouaient aux cartes…
"Tu te sens bien ?
Elle se retourna en entendant cette voix profonde derrière elle, Maxis se tenait là. Grand et séduisant, il avait des cheveux blonds assez sombres et des yeux vert-argents qui luisaient dans la lumière tamisée. Plutôt surprise, elle avait plusieurs fois cligné des yeux pour s’assurer qu’elle n’imaginait pas simplement sa présence. Maxis était venu au Sanctuary sévèrement blessé. Il était l’un des rares dragons katagari, il ne se mêlait pas facilement aux autres groupes. Il préférait rester isolé dans le grenier où il pouvait dormir sous sa forme de dragon et ne pas déranger.
-Qu’est-ce que tu fais en bas ?
Max croisa ses bras sur sa poitrine.
-J’ai senti ta douleur et j’étais inquiet. Je voulais savoir ce qui la causait.
Son inquiétude la touchait profondément. C’était vrai, voir toute la famille autour d’elle lui rappelait la seule chose qu’elle voulait le plus au monde. Fang Kattalakis. Un loup amené ici presque mort par son frère, et Aimée l’avait soigné jusqu’à ce qu’il guérisse, comme elle l’avait fait avec Max. Mais à l’inverse de ce qui s’était passé avec Max, elle était tombée amoureuse de Fang bien qu’il ne pourrait jamais y avoir quelque chose entre eux. Si seulement elle pouvait en convaincre son cœur.
Elle offrit à Max un sourire qu’elle savait pourtant faux.
"Je vais bien.
-Tu ne vas pas bien, Aimée. Tu n’es pas bien depuis la nuit où Fang est parti.
Elle jeta des coups d’œil inquiets et nerveux autour d’elle.
-S’il te plait, parles plus bas…
-C’est mieux ?
Elle pouvait entendre sa voix dans sa tête, elle acquiesça et posa une main sur le bras du dragon.
-Je vais bien Max. Merci pour ton inquiétude, mais tu me connais.
-Je te connais Aimée. Et je sais que la solitude est un donjon couvert de piques qui transpercent chaque recoin de l’armure que tu essaie de te construire.
Il tendit sa main vers elle, pour qu’elle puisse y voir le tatouage qu’il y avait fait mettre en souvenir de sa famille.
-J’ai perdu ce qui comptait le plus pour moi. Ne fais pas la même erreur.
-Mais Fang et moi nous ne sommes pas liés. Il n’y a pas de marque…
-Il n’y avait pas de marque pour nous non plus. Et pourtant mon cœur est brisé. Ne laisses pas les Moires diriger ta vie. Parfois nous devons prendre nous-mêmes nos responsabilités.
Il recula d’un pas et dirigea son regard vers les autres.
-Je n’aime pas être ici avec ces gens et ces animaux. Je vais me retirer, mais souviens-toi, le courage c’est faire ce que nous savons être dangereux. C’est risquer notre vie pour une chance d’arriver à quelque chose de mieux. Ne laisse pas tes craintes façonner ton existence parce que peu importe ta prudence, il y aura toujours quelqu’un ou quelque chose pour te faire peur. C’est mieux de faire face et de perdre que de se laisser attaquer sans rien faire.
Avant qu’elle puisse dire quoique ce soit, il avait disparu.
Aimée resta à réfléchir à ses paroles un instant. Il avait raison. Mais entre savoir quelque chose et agir, il y a une grande différence.
-Qu’est-ce qu’il voulait ?
Elle hésita à répondre à son père. Du haut de ses deux mètres dix son père intimidait tous ceux qui le voyaient. Mais pas elle. Étant sa fille unique, Aimée savait que jamais il ne lui ferait du mal.
-Il me souhaitait de bonnes vacances.
Son père lui souri avant de la prendre contre lui et de déposer un baiser sur ses cheveux.
-Tu attires les plus étranges créatures.
-Et c’est une mauvaise chose ?" Elle regarda d’un air suffisamment éloquent ses frères.
Son père rit.
Mais son rire ne la tranquillisa pas.
-Papa, je peux te demander quelque chose ?
Il la regarda, soudain suspicieux.
-Je ne suis pas certain d’aimer le ton de ta voix mais tu peux essayer.
Avant de parler, elle jeta un regard vers l’endroit où sa mère jouait avec les petits.
-Tu as toujours été proche d’elle, tu as toujours voulu rester avec elle ?
Le regard de son père s’assombrit.
-Pourquoi est-ce que tu me demande ça ?
-La curiosité.
Son expression se durcit et elle s’aperçut que sa réponse ne le satisfaisait pas.
-Ne me mens pas, Aimée. Je peux le sentir. Tu penses à ce loup, n’est-ce pas ?
Elle regarda ailleurs, incapable de lui répondre. Non pas qu’il sache déjà la réponse.
Les yeux de son père la fixaient.
-Il n’est pas de notre espèce.
Et dans son esprit, ça ne changeait rien.
-Je sais ça, papa. Je me le dis chaque jour.
-Si tu nous quittes pour lui, je ne sais pas si Nicolette pourra le comprendre. Ta mère peut être dure, mais elle vous aime et elle veut seulement le meilleur pour chacun de nous.
-Je sais.
Il se pencha vers elle et murmura à son oreille.
-Mais c’est ta vie, ma petite cœur*. Je serais toujours là pour toi.
Aimée ferma les yeux, ses simples mots lui mettaient du baume au cœur et l’apaisait.
-Merci, papa. Je t’aime.
-Je t’aime aussi. Maintenant souri et rejoins la fête." Il la laissa pour aller parler à son frère Serre, et soudainement Aimée ne se sentit plus à sa place sans savoir pourquoi. C’était sa maison. C’était son peuple, sa famille, et…
Elle n’avait jamais ressenti ça avant et ça l’a faisait souffrir.
"Tu vas bien, sœurette ?
Elle acquiesça face à son frère Kyle qui s’arrêta près d’elle.
-Je commence à avoir mal à la tête.
-Tu veux que je t’apporte quelque chose ?
Elle lui sourit. C’était le plus précieux des membres de sa fratrie pour elle.
-Ça va, bébé. Je pense que je vais aller m’allonger quelques minutes. Dis à maman que je reviens vite.
-Ok.
Elle le serra dans ses bras avant de passer derrière le bar pour atteindre la porte qui menait dans la partie du bâtiment où ils vivaient. Il y régnait un silence pesant avec tout ce monde qui était au bar, c’était la première fois que la maison était aussi calme.
Aimée s’avança jusqu’à sa chambre.
Elle poussa la porte et s’arrêta, alertée par une odeur familière.
Fang.
Son cœur bondit et elle ferma brutalement la porte derrière elle pour le voir. Mais il n’était pas là. Elle voulait pleurer…jusqu’à ce qu’elle réalise que son odeur était plus forte près de son bureau.
Caché sous une pile de papier, elle vit un petit paquet. Elle s’en empara, inhala l’odeur si particulière de Fang. Comme il lui manquait. Des larmes roulèrent sur ses joues, elle déballa le cadeau et ouvrit la boîte dans laquelle elle trouva un petit médaillon. Il y avait une griffe d’ours gravée autour d’un diamant. De l’autre côté, il y avait l’empreinte d’un loup. Mais c’est ce qu’il contenait qui la fit vraiment pleurer.
Un peu de sa fourrure. Aimée sanglota en la voyant. Les animaux ne donnaient pas ce genre de choses. Avec un peu de fourrure un ennemi pouvait facilement vous traquer, même à travers le temps.
Mais il lui faisait confiance au point de lui en laisser. Rien ne pouvait la toucher davantage.
D’une main tremblante, elle ferma le médaillon et l’accrocha autour de son cou. La longue chaîne le faisait tomber sur sa poitrine, et elle le cacha dans son soutien-gorge pour pouvoir le garder contre son cœur et à l’abri du regard de ses frères.
Elle allait ranger la boîte lorsqu’elle réalisa qu’il y avait aussi un mot à l’intérieur. Elle sourit devant le message, qui ressemblait tellement à Fang.
Tu me manques.
Non. "Je t’aime". Rien de plus romantique. Juste une courte phrase, une courte vérité.
"Tu me manques aussi." murmura t’elle en essayant de retenir ses larmes. Et elle vit ensuite l’empreinte de main sur son miroir.
Celle de Fang.
Aimée tendit la main vers elle, elle plaça sa paume contre celle de Fang.
"Un jour, Fang. Un jour…"
Fang regardait Aimée à travers sa fenêtre. Sous sa forme de loup il était capable de se cacher dans l’obscurité. Il voulait la tenir contre lui, mais savait qu’il ne fallait pas essayer. Sa simple présence la mettait en danger.
"Un jour, Aimée. Un jour…
Le cœur brisé, il fit demi-tour et marcha à pas feutrés sur le toit jusqu’à mettre suffisamment de distance entre eux pour pouvoir reprendre forme humaine, il fit aussitôt apparaître des vêtements et sauta pour atterrir dans la rue. Il marcha jusqu’à l’endroit où il avait garé sa Suzuki GSX-R. Mit son casque et démarra pour rouler ensuite jusqu’à chez lui pour y passer la nuit.
C’était si difficile d’être avec sa famille quand ce qu’il désirait vraiment était d'être avec Aimée. Son frère Vane était un loup chanceux. Sa compagne humaine, Bride, l’avait accepté, et les Moires avaient décidés qu’ils seraient partenaires pour la vie.
Si seulement un loup pouvait être le compagnon d’une ourse. Fang soupira et gara sa moto avant d’entrer dans la maison par la porte de derrière.
Bride avait décoré toute la maison pour les fêtes de Noël. Il y avait des cloches, du houx et des poinsettias partout. Il entendit des rires venant de la salle à manger lorsqu’il posa les clefs sur le buffet.
Son frère Fury arriva dans le hall et s’arrêta. Il dressa la tête et émit un son typique des loups qui sortait de sa gorge.
"Tu ferais mieux de nettoyer l’odeur d’ours que tu as sur toi avant de venir à côté de Vane. Tu rentres avec cette odeur et il te le fera payer".
Fang voulu lui dire ce qu’il pensait de cet avertissement. La dernière chose qu’il souhaitait c’était retirer l’odeur d’Aimée. Mais c’était Noël.
Le temps de la paix et de la famille.
"Je descends dans quelques minutes."
Fury acquiesça en regardant Fang monter l’escalier. Il se sentait si mal pour son frère. S’il le pouvait, il lui aurait amené Aimée lui-même, mais c’était impossible. Les ours ne toléreraient jamais que leur fille unique se lie à un loup. Ça ne devait pas se faire. Et si les Moires ne l’avaient pas décidé…
"Fury ?" Il se retourna et vit Maggie s’avancer dans le hall et le rejoindre dans la cuisine.
Tu as besoin d’un coup de main ? demanda t’elle.
-Nan, dit-il en regardant le frigo, je venais juste chercher de l’eau. Je n’aime pas boire les trucs d’humains. Ça ne me réussit pas et je doute que tu veuilles que ton père me voit apparaître sous forme de loup.
Son père ignorait la présence des animaux autour de lui et qui avaient pris forme humaine pour paraître normaux face aux familles de Maggie et de Bride.
-Avec la chance que j’ai, si je bois trop je vais me mettre à pisser sur sa jambe." Wren, le compagnon de Maggie sourit en les rejoignant à son tour.
"Pour ça, je pourrais te payer." Maggie lui donna un coup de coude dans l’estomac.
"Promets-moi que tu te comporteras bien.
-Je promets. Mais si Fury se met à pisser sur ton père…
-Wren !" Il leva les bras en signe de reddition et elle lui lança un clin d’œil.
"Vous êtes diaboliques." Wren sourit et fini par prendre l’eau dans le frigo avant que tous retournent au salon où la famille de Bride chantait des chants de Noël. Bride était assise sur le sofa avec son fils sur les genoux pendant que Vane, assit sur le sol lui tenait la main tout en grinçant un peu des dents face à la disharmonie du chant a capella.
Fury ressentait un profond besoin de hurler, mais un simple regard vers Vane l’obligea à garder les mâchoires serrées. Il croisa alors le regard de Fang lorsque son frère fini par les rejoindre. Ses cheveux étaient encore humides de la douche qu’il venait de prendre. Humant l’air, Fang émit un son typiquement loup lorsque son nez fut assaillit par toutes les odeurs humaines autour de lui. C’était très difficile de se maîtriser quand il y en avait autant. Mais ils étaient devenus des maîtres dans l’art de se mêler aux humains.
Parfois.
Fury marcha vers lui et lui tendit une bouteille d’eau.
"Joyeux Noël, mon frère. "
Il hocha la tête avant d’ouvrir la bouteille et de prendre un verre. Mais malgré ça, Fury pu voir de la nostalgie sur le visage de son frère et se demanda si ce n’était pas encore pire qu’avant. Savoir ce qu’il voulait et n’être pourtant pas en mesure de le réclamer ou d’être comme lui à se demander si un jour il trouverait quelqu’un qui pourrait le tolérer.
Nouvelle-Orléans
Maison des Hunter
Kyrian Hunter regarda sa famille et ses amis, tous venus pour partager le dîner de Noël. Son fils Nicky, et sa fille, Marissa, jouaient sous le sapin avec sa belle-mère pendant que son meilleur ami Julian et sa femme Grace, aidaient leurs enfants à ouvrir leurs derniers cadeaux. La famille de sa femme, le clan Devereaux, était là au grand complet, souriants, heureux.
Il devait être le bâtard le plus chanceux de la planète. Il lui semblait pourtant que c’était hier qu’il était seul au monde, avec personne à aimer. Personne qui aurait pu s’inquiéter pour lui.
Et une nuit, un dangereux ennemi avait attaqué toutes ces personnes qui pourtant étaient ici ce soir.
Sa belle-sœur Tabitha, se leva et tapotant sur son verre, réclama leur attention.
"Désolée de vous interrompre mais je voudrais prendre un instant pour vous souhaiter à tous un Joyeux Noël.
Des acclamations retentirent mais Tabitha leur demanda le silence.
-Vous savez, ma grand-mère roumaine a toujours dit que les ennemis et les amants formaient toujours d’étranges couples."
Kyrian croisa le regard que Valerius posait sur Tabitha. Tous les deux avaient passé plusieurs siècles à se haïr. Mais pour le bonheur de leurs femmes, qui étaient sœurs jumelles, ils avaient enterré la hache de guerre – et pas dans la tête de Valerius comme le voulait Kyrian.
Il leva son verre, un toast silencieux pour Valerius qui lui retourna le geste avant que son regard trouve celui de son frère Zarek, qui ne lâchait pas la main de sa femme, Astrid. Comme Kyrian, Zarek avait lui aussi passé une éternité à haïr Valerius.
Maintenant, les deux frères étaient réunis.
Des miracles pouvaient arriver. Les personnes dans cette pièce en étaient une preuve vivante.
"A la famille, rajouta Tabitha en levant son verre, et à ceux que l’on a perdu mais qui restent dans nos cœurs, j’aimerais un moment de silence pour eux…" Tout le monde baissa la tête en signe de respect.
Mais ce n’était pas de la tristesse que ressentait Kyrian à cet instant, mais de la gratitude pour tous ceux qui étaient ici, vivants et en bonne santé.
Il releva la tête en même temps que Talon et Sunshine. Kyrian leur sourit, se rappelant le temps où Talon et lui étaient les seuls Dark-Hunters à patrouiller dans la Nouvelle-Orléans. C’est fou tout ce qui avait changé depuis ce jour béni où il s’était réveillé menotté à Amanda.
Il remerciait les dieux pour ça.
Nick se rapprocha de la fenêtre lorsqu’il vit tout le monde baisser la tête pour prier. Une main contre la vitre, il se souvint des Noël passés, quand lui et sa mère venaient les fêter dans la maison de Kyrian.
Chaque année, sa mère lui demandait de l’accompagner à la messe de minuit. Chaque année, jusqu’à ce qu’elle soit assassinée.
Maintenant, Nick n’avait plus personne.
Tu pourrais leur parler. Kyrian et Amanda seraient heureux de le voir revenir. Mais il ne pouvait pas compter sur eux. Il avait vendu son âme au Diable pour une vengeance et tout ce qu’il voyait, Stryker le voyait.
Et Stryker voulait la fille de Kyrian.
Qu’importe combien Nick pouvait haïr Acheron pour avoir laissé mourir sa mère, il ne pouvait pas faire souffrir Kyrian. Il tenait trop à lui pour ça.
Fermant les yeux, Nick se détourna d’eux en tirant un peu plus haut son col sur son cou pour bloquer le froid.
La vie était froide et brutale. Pour lui il n’y aurait jamais de pardon. Il n’y avait pas de retour possible dans cette vie qu’il avait choisi. Pas de retour possible pour la mère qu’il avait aimé autrefois plus que sa propre vie. Il avait tout foutu en l’air.
Le cœur brisé, Nick quitta la maison de Kyrian et traversa la rue pour rejoindre l’endroit où il avait garé sa Jaguar. Une fois au volant, Nick regarda à nouveau vers la maison. Les lumières blanches et rouges brillaient dans la nuit et de là où il était il pouvait entendre les rires et les bruits de la fête.
"Joyeux Noël." murmura t’il avant de démarrer et de rouler jusqu’au cimetière St Louis sur Basin Street. Il se gara à la station service en face avant de traverser la rue déserte et de se retrouver en face du portail. Il regarda à droite puis à gauche avant d’escalader le mur et d’un seul bond, atterrir de l’autre côté.
C’était l’obscurité totale. Mais en tant que Dark-Hunter, il pouvait voir la nuit comme en plein jour. Il ignora les âmes affamées qui essayaient de l’atteindre et avança jusqu’à la tombe de sa mère. Grâce à son lien avec Stryker il était immunisé de toute possession par des âmes égarées.
Des pans de son manteau, Nick sortit les roses qu’il avait amenées pour elle. Anéanti par la tragédie de sa vie, il s’agenouilla et posa son front sur la pierre froide.
"Tu me manques, maman. Et je suis désolé."
Et là, dans l’obscurité pendant un bref instant, il cru sentir sa présence. Mais il en savait plus encore. Elle était aussi perdue que lui.
Nick se recroquevilla contre sa tombe et ferma les yeux, accablé par le chagrin.
Stryker leva les yeux au ciel en voyant dans son esprit l’image de Nick sur la tombe de sa mère.
"Pourquoi en ai-je fait mon serviteur ?
Sa sœur, le regarda du coin de l’œil
-Quoi ?
Stryker soupira en s’installant sur son trône.
-Ton animal de compagnie. Il gémit encore. Vas le chercher.
Satara laissa échapper l’expression de son dégoût.
-Pourquoi on ne le tue pas déjà ?
Stryker y réfléchit. "Parce qu’il sera mon outils pour tuer Acheron. Fais-moi confiance.
-Te faire confiance..."
Elle leva sa main pour former une sphère dans laquelle elle pouvait voir Nick.
"Oh, laisses-le. Laisses-le se complaire dans sa douleur. Plus il ressentira son absence, mieux ce sera pour nous."
Peut-être que sa sœur avait raison.
Même si voir Nick avec sa mère rappelait à Stryker la perte dont il souffrait lui aussi, et voir Nick pleurer comme ça l’affectait. Mais plus qu’à sa perte, il pensait à son propre fils.
Urian.
La douleur engendrée par la mort de son fils brûlait encore au fond de lui, et il haïssait la déesse qu’il servait et lui avait demandé de tuer son propre fils.
"Un jour, Apollymi, je me servirais de toi comme tu t’es servie de moi." Et il rirait pendant qu’elle pleurerait sur la mort de son précieux Acheron.
Katoteros
Ash sourit en voyant sa fille, Simi, et sa sœur, Xirena, ouvrir leurs cadeaux. Vêtue d’une robe de Lutin Gothique, Simi avait des cheveux rouges et noirs. Ses ailes étaient assorties, rouges aussi et elles battaient pendant qu’elle déballait une grosse boîte.
Les cheveux de Xirena étaient blonds, et elle était habillée en or et vert foncé.
Soudain, Simi poussa un cri de joie.
"Des poupées gothiques !" Elle sourit en regardant Acheron alors qu’elle éventrait la boîte de sa poupée Slayer Storm et fit de même avec celle de sa poupée Pandore.
"Akri tu gâtes ta Simi, et elle aime son akri. Merci !
Danger s’appuya contre le dos d’Ash pour murmurer à son oreille.
-Qu’est-ce que tu penses qu’elles feront quand elles ouvriront leurs sacs Tokidoki ?
Un cri strident, perçant, répondit à sa question. Ash grinça des dents.
-Je crois que je viens de devenir sourd.
Alexion renifla. "Je crois que nous venons de perdre certains carreaux aux fenêtres."
Danger leva les yeux vers son mari avant de quitter Ash et de passer ses bras autour de la taille d’Alexion.
"Tu ne devrais pas voir à les remplacer ?
-Non je ne…" Alexion s’arrêta, comme s’il venait de comprendre ce qu’elle disait.
"Hum… ouais. Je pense que je devrais – Il regarda Ash – Si tu veux bien m’excuser…"
Ash n’eut pas le temps de répondre, ils avaient déjà tous les deux disparus
Simi fronça les sourcils.
-Où sont-ils allés ?
-Sexe humain, plein de sueur." répondit Xirena avant de manger une des figurines en plastiques sorties de son sac.
Ash serra les dents en entendant le commentaire de Xirena qui était plus que vraisemblable.
"Xirena, tu permets ?
-Quoi ? C’est ce qu’ils sont allés faire. C’est ce qu’ils font toujours. Tous ces râles et ces…
-Xirena, s’il te plait !"
Simi regarda sa sœur d’un air compatissant.
"Ce n’est pas contre toi, Xirena. Akri a peur que sa Simi trouve un autre humain pour avoir des rapports sexuels."
Xirena fit un étrange son, démoniaque.
"Je te l’ai déjà dit, tu as besoin que je te présentes certains de mes amis démons. Ils ont plus d’endurance que tous ces humains. Ils peuvent le faire pendant des jours, sans pauses. Et ils sont tellement plus beaux à regarder. Aucun humain ne devient bleu quand…"
Ash se redressa.
"Démones ? Vous permettez ? J’aimerais vraiment qu’on change de sujet.
Simi soupira.
-Écoutes-le. Tu pourrais penser qu’akri n’a jamais eu de rapports sexuels vue la façon dont il en parle, mais la Simi c’est que ce n’est certainement pas vrai. Akri a eu plus de rapports sexuels que dix humains pleins de sueur que tu peux citer.
-Simi ! Pitié, s’il te plait !" La dernière chose qu’il voulait c’était parler ouvertement de sexe avec sa fille.
Ash marqua une pause quand une idée soudaine lui vint. Il claqua des doigts. QVC apparu à la télévision, et les démones se précipitèrent devant l’écran.
Les dieux soient loués, il connaissait au moins une chose qui pouvait les distraire. Il poussa un soupir de soulagement quand elles s’allongèrent sur le sol et sortirent leurs téléphones portables pour commencer leurs commandes.
"Tu as des ennuis démoniaques ?"
Ash se raidit en entendant la voix de son frère derrière lui. Alexion l’avait averti qu’il avait permi à Styxx d’être de leur côté de Katoteros pour les vacances.
Même si ça l’irritait.
Ash se retourna pour faire face à la seule personne qui était presque comme une copie de lui-même. La seule différence c’était leurs yeux. Ceux de Styxx étaient d’un bleu vibrant alors que ceux d’Ash étaient argentés.
"Je pensais que tu avais compris. Ce n’est pas vraiment tes vacances.
Styxx regarda le sapin de Noël dans un coin de la salle du trône d’Ash – la moitié des décorations manquait depuis que les démones avaient décidé de les manger plus tôt dans la matinée.
-Je n’aurais jamais pensé voir quelque chose comme ça dans le hall des dieux atlantes. Tu penses beaucoup à ta famille, n’est-ce pas ?"
Ash hésita. Quand il était humain, il avait supplié une fois son frère de l’aimer. Au moins, il le reconnaissait comme faisant bien partie de sa famille. Et chaque fois qu’il allait vers Styxx, Styxx le repoussait.
Maintenant les rôles s’étaient inversés, et Styxx était celui qui venait vers lui. Son instinct lui dictait de lui rendre la monnaie de sa pièce.
Mais Ash refusait d’être comme ça… au moins aujourd’hui.
"Ça m’a pris beaucoup de temps pour avoir une famille qui m’acceptait.
Styxx soupira.
-Je n’ai jamais été capable de faire mes preuves devant toi, n’est-ce pas ?
-Combien de fois as-tu essayé de me tuer ?"
Styxx posa sa main sur l'épaule d’Ash et le regarda d’un air sincère.
-Je me suis excusé pour ça.
-Et j’ai accepté tes excuses.
-Mais tu ne me fais pas confiance.
-C’est ce que tu voudrais ?"
Styxx détourna le regard tout en retirant sa main de son épaule, et Ash fut peiné de voir la douleur dans les yeux de son frère, mais ce n’était pas si simple.
Des siècles de trahison les séparaient
-Nous devons y aller doucement, Styxx. Donnes-moi du temps.
Styxx acquiesça.
-Au moins tu ne m’as pas jeté nu dans la rue, hein ?
Ash se raidit en entendant ces mots impitoyables et les souvenirs qui remontaient en lui en même temps, ceux de ce jour où leur père et Styxx lui avait fait ça.
Styxx paru horrifié quand il réalisa ce qu’il venait de dire par inadvertance.
-Par tous les dieux Acheron, j’avais oublié. Je suis vraiment désolé."
C’était pour cette raison qu’il y avait toujours un fossé entre eux. Styxx avait oublié un évènement qui avait laissé une cicatrice indélébile dans l’âme d’Ash. C’était une de ces abjectes et cinglantes humiliations.
Et c’est ce qui donnait envie à Ash de projeter son frère au travers du mur derrière lui. Il avait le pouvoir de le faire sans faire le moindre geste.
Si facile…
Mais il refréna son envie pour un temps.
"Qu’est-ce que tu fais ici, Styxx ?
-Je n’aime pas être tout le temps seul.
Quand Ash parla, il fit en sorte de n’avoir aucune émotion dans la voix.
-Ouais, c’est vraiment triste d’être seul, spécialement les jours de fête.
Styxx recula.
-J’étais stupide Acheron. S’il te plait, donnes moi une autre chance.
-Tu veux que je le jette dehors ?
Ash regarda derrière Styxx et vit Urian s’approcher d’eux. Grand et élancé, Urian avait les cheveux blonds, qu’il attachait la plupart du temps. Depuis que le père d’Urian, Stryker, lui avait tranché la gorge et l’avait laissé pour mort, Urian vivait ici avec Ash, Simi et Alexion.
-Tout va bien, Urian. Je m’en charge.
-Tu es sûr ? Il s’est passé une journée entière depuis la dernière fois où j’ai tué quelqu’un, et je commence à être nerveux.
Styxx lui lança un regard menaçant.
-Tu ne peux pas me tuer. Si tu le fais, Acheron meurt." Urian siffla d’exaspération.
"Bien essayé, mais je ne suis pas dupe. Le lien marche seulement dans le sens inverse. Je tue Ash, tu meurs. Je te tue, et c’est juste un autre jour de réjouissances.
Ash secoua la tête.
-Je pensais que tu passais tes vacances avec Wulf et Cassandra.
-J’y étais, mais Cassandra avait les yeux au bord des larmes sans arrêt, et je ne pouvais pas rester.
En dépit de la dureté de ses mots, Ash sentit la douleur qu’Urian ressentait depuis la mort de sa femme, Phoebe. Elle était la sœur de Cassandra, et ça ne faisait aucun doute que c’est ce qui rendait Cassandra si triste.
-C’est toujours ton jour de congé.
Urian l’ignora.
-Je hais les congés. C’est une perte de temps. Bon sang, il n’y avait même pas de Daimons dehors. Ils se terrent comme s’il y avait une trêve ou quelque chose comme ça.
-Ne t’inquiète pas. Ils seront dehors, et en force, pour le Nouvel An.
Urian le regarda avec espoir.
-Envoie-moi dans le temps Ash. Je veux commencer à nettoyer la place.
-Tu sais que je ne peux pas faire ça.
Urian se moqua.
-Tu dis que tu ne peux pas. Mais nous savons tous les deux que tu le peux…
-Que tu puisses le faire…
- …ne veut pas dire que tu dois le faire – Urian acquiesça – je voudrais vraiment que tu dises un autre dicton. Celui-là n’est pas drôle."
Urian marcha avec assurance vers les démones et se laissa tomber sur le sol entre elles deux.
"Est-ce qu’il y a une chance que nous puissions regarder un film d’horreur ?
Simi tourna la tête vers lui.
-Est-ce qu’il y en a où les démons gagnent ?
-Pas vraiment.
-Ils sont nuls. Je préfère faire les magasins.
-Je préférais me crever les yeux.
Simi fronça les sourcils.
-Si tu fais ça, la Simi peut les manger ?
Xirena sortit une bouteille de sauce barbecue de son sac.
-Tu veux bien partager si tu le fais ?"
Urian gémit en feignant la douleur.
Ash ne leur prêta plus attention et commença à s’éloigner de Styxx.
Styxx l’attrapa par le bras et l’obligea à s’arrêter.
"Tu ne pourras pas toujours m’ignorer, mon frère.
-C’est vrai, mais je peux t’ignorer maintenant."
Disant cela, il claqua des doigts pour quitter Katoteros et visiter l’Olympe.
En temps normal, il était comme Urian, il préférerait s’arracher les yeux plutôt que d’être ici. Aujourd’hui pourtant, c’était différent.
Il ouvrit les portes du balcon du temple d’Artémis pour y trouver sa fille, Kat, rendant visite à sa mère dans la pièce principale. Kat était assise sur le trône, avec ses longs cheveux blonds et brillants. Son mari, Sin, se tenait derrière elle, une main posée de manière possessive sur son épaule pendant qu’Artémis le surveillait. Ses longs cheveux roux et bouclés retombaient le long de son corps, et Ash aurait pu parier qu’elle était sur le point de l’expédier hors de son temple.
"Est-ce que j’ai manqué quelque chose ?" demanda Ash en les rejoignant.
Artémis se tourna vers lui en sifflant.
"Tue Sin, maintenant.
-Je pourrais, mais je pense qu’il manquerait à Katra.
-Je peux m’en charger ?
-Matisera ! Lança Kat en plaçant sa main sur son ventre arrondi. Sois gentille, c’est le père de ta petite-fille."
Artémis poussa un cri de douleur avant de disparaître hors de la pièce.
"Grand-mère, grand-mère, grand-mère" dit Sin d’un ton très infantile.
Ash lui lança un drôle de regard.
"C’était vraiment nécessaire ?
Sin rit.
-Ne vas pas prétendre que tu n’en as pas aimé chaque minutes.
Ash ne pu résister et souri.
-Pas vraiment chaque minute." Le rejoignant dans son rire, Ash s’avança pour prendre la main de Kat, et en faisant cela, un flash très clair traversa son esprit.
Il retint son souffle.
"Solren ? appela Kat en utilisant le mot atlante pour père. Quelque chose ne va pas ?"
Ash ne pouvait parler alors qu’un étrange sentiment s’imposait à lui. Il y avait quelque chose… quelque chose…
Non, il réalisa que c’était quelqu’un. Et qu’il couvrait tout d’une ombre terrible.
Il regarda Kat en essayant de se concentrer dessus.
C’était inutile.
Quoique ce fût, c’était parti maintenant.
Mais même maintenant, ça avait laissé une faille derrière lui.
Quelque chose venait pour lui.
Et ça allait le changer pour toujours...
Note de traduction :
* en cajun dans le texte, "ma petite cœur" n'est pas une faute d'orthographe.
Texte original © Sherrilyn Kenyon
Traduction © Dark-Hunter Francophone (Aliénora)