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Myths and Outlaws #1
House of Fire & Magic

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 Chapitre 1

 

    "J'ai besoin deton aide pour tuer un homme." Tanis regarda la licorne noire qu'elle avait capturée cesser de lutter contre le filet qui l'avait attrapée à mi-course.
 Elle ressentait un peu de culpabilité à cause de ça. Lorsqu’elle avait tendu le piège, elle n’avait pas réalisé avec quelle force la licorne le frapperait. Elle ne pensait pas non plus que cela ferait tourner la pauvre chose et la faire atterrir si violemment sur le côté.
   Cela devait faire mal.
   Je suis vraiment désolé.
   Elle était elle-même tombée dans des pièges et savait à quel point il était horrible d’être prise au piège par surprise, mais elle était désespérée.
   Et contrairement à ceux qui l’avaient piégée, elle n’avait voulu faire aucun mal à cette belle et majestueuse créature. Pas vraiment.
   Avec un pelage noir de jais qui scintillait de bleu dans la lumière déclinante, la crinière soyeuse de la licorne ne demandait qu'à être caressée et brossée. Ses yeux étaient d'une nuance de vert impie qui brillait de fureur et lui disaient à quel point il voulait lui transpercer le cœur avec la corne en spirale noire et mortelle qui dépassait du centre de son front.
   Les licornes étaient connues pour être tout aussi mortelles que les dragons.
     Encore plus vindicative et sauvage. Elles ne faisaient aucun prisonnier et ne négociaient jamais.
   Oui, le Haut Roi Licorne avait apporté la paix aux Treize Royaumes. Mais il l’avait fait en massacrant tous ceux qui le défiaient. On disait que le roi licorne était le mal incarné.
    Le pire du pire. La bête même qui avait chassée à elle seule son espèce, et d’autres, jusqu’au bord de l’extinction.
   Il régnait en exterminant quiconque l'interrogeait. Et pas non plus seulement cette personne. Leur famille. Leurs amis. Leurs animaux de compagnie.
   Tous ceux qu’ils aimaient, même de loin.
   Alors pourquoi essais-tu de négocier avec l’un d’eux ?
   Parce que je suis une idiote désespérée.
   C’était l’idée la plus stupide qu’elle ait jamais conçue dans sa vie, mais le désespoir la chevauchait à coups d’éperons. Elle n'avait pas le choix. Pas si elle voulait revendiquer la vengeance qui brûlait son âme comme de la lave.
   Même si elle détestait la race des licornes qui s'en prenait autrefois à la sienne, elle détestait encore plus un humain en particulier. Et rien ne l'empêcherait de sentir son sang sur ses griffes.
   De goûter son cœur sur ses lèvres.
   Et cette licorne était la clé de son plus grand souhait. Alors, si elle devait le faire trébucher et blesser un peu son ego… c’était un petit prix à payer pour ce dont elle avait besoin.
   S’il la tuait pour cela, c’était aussi un prix qu’elle était prête à payer.
   Clignant lentement des yeux, la licorne lui lança un regard vicieusement froid.
   "Tu veux quoi ?
   Abasourdie qu'il daigne lui parler, elle se rapprocha tout en gardant une distance respectable. "J'ai besoin de ton aide pour tuer un homme."
   Son rire emplit l’air.
   "Tu es un dragon. N'est-ce pas ce que tu fais pour t'amuser ?
   Eh bien... certains de ses frères l'ont fait. Mais il y avait une grande différence entre tuer pour survivre et commettre un homicide massif. Étant une licorne, il ne comprenait peut-être pas cela, mais elle le comprenait certainement.
  Je refuse de tuer un village entier d’innocents parce que je veux la mort d’un seul homme. Cela semble plutôt dur, à mon avis.
Peut-être pas pour une licorne, étant donné ce qu'elle savait d'elles.
  Mais l’équité de cela ne lui convenait tout simplement pas.
  "Pourquoi ?"
  Troublée par sa question colérique, elle se rapprocha du filet qui le retenait.
  "Pourquoi quoi ?"
   -Pourquoi veux-tu tellement que cet homme meure au point de risquer ta vie pour me piéger ?
   C'était assez facile de répondre.
   -Il a tué mon frère… pendant que mon frère dormait. Coward s’est faufilé comme si mon frère était un monstre et non le meilleur frère qui ait jamais vécu. Le meilleur père et mari aussi. Ensuite, le vrai monstre a pris la tête de mon frère. Je veux qu'il paie pour son crime !
La licorne essaya de démêler sa corne de la boucle qui la retenait.
  Un tueur de dragons, tu-dis ? »
  "Oui. Une bête putride et vile que je dois trouver. Je sais que tu as la magie pour me rendre humaine. Et j’en ai besoin.
   Les licornes étaient nées d’une magie qu’aucune autre espèce ne pouvait égaler, à l’exception d’une, et ce n’était pas la sienne.
  On disait qu’elles pouvaient faire tout ce qu’elles voulaient, même vivre éternellement. Et il n’y avait qu’une seule chose dont elle avait envie.
  Je veux le regarder dans les yeux lorsque je lui ôterai la vie et que je lui reprendrai la tête de mon frère. S'il te plaît. Aide-moi à sauver l’honneur de mon frère.
   Dash regarda la dragonne vengeresse avec curiosité. Avec des écailles ombrées allant du rouge à l'orange, elle tenait une paire d'yeux marron foncé qui couvaient de sa passion pour la vengeance.
   Bon sang, elle pourrait le faire exploser dans une gerbe de feu maintenant. Même si cela ne le tuerait pas, il lui faudrait des siècles pour guérir.
   Et gâcherait vraiment définitivement sa journée.
   Ça le ferait infiniment chier.
   Pourtant, elle s’abstint, et cette retenue l’impressionna. Et l’impressionner était un exploit difficile à accomplir pour n’importe quelle créature.
   Il comprenait également sa haine pour un humain. C’étaient avant tout des salopards de traîtres impitoyables. D'autant plus qu'il y en avait un en particulier qu'il devait transpercer avec sa corne. Mais bon, les dragons n’étaient pas vraiment meilleurs qu’un humain. La plupart du temps, ils ne valaient pas mieux que des asticots. Les dragons étaient également connus pour leur trahison.
   Et leur chasse au trésor. Avant que la paix ne soit négociée entre les monarques régnants des Treize Royaumes, les dragons avaient ravagé des nations entières sans autre raison que de s'emparer de leur or et de leurs bijoux. Personne ne savait exactement à quel point les dragons étaient riches, mais on disait qu'ils étaient plus riches que tous les autres Douze Royaumes réunis.
  Compte tenu de sa propre expérience avec eux, il pouvait facilement croire que leurs richesses étaient sans aucune mesure.
  Sans oublier que les dragons et les licornes étaient des ennemis naturels. À l’époque, les dragons aidaient les sorciers à asservir les siens. Jusqu'à ce que les licornes apprennent à contrôler le même pouvoir que les sorciers...
   Sa corne le démangeait en guise de rappel de ce qu'il avait à perdre.
   Et ce qu'il cherchait désespérément.
   C’était la raison pour laquelle il s’était précipité dans un état second et qu’il avait raté le leurre que le dragon avait utilisé pour le piéger. Dans son état d’esprit normal, il ne se serait jamais laissé prendre à un tel piège.
   Que je sois maudit.
   Et qu’elle le soit aussi.
   "Si je dis non ?
   Elle poussa un soupir fatigué.
  "Je n'aime pas blesser les choses.
   Commentaire étrange pour un dragon, surtout compte tenu de sa tendance naturelle à mettre le feu aux choses qui l'agacent. Sans oublier qu’elle aurait du mal à lui faire du mal, compte tenu de ses pouvoirs.
   "Mais ?
   -J'ai besoin de ça. Et je suis prête à faire tout ce qu’il faut pour retrouver l’homme qui a tué mon frère. S'il te plaît, ne faites pas de moi quelque chose que je préférerais ne pas être. Je veux juste la justice.
   A la manière dont elle le disait c'était simple. Mais la vie n’était jamais facile. Ce n’était pas non plus aussi simple.
   "Si tu tus cet homme, tu deviendras une tueuse, Madame Dragon."
    "Je sais. Mais c'est une vie pour apaiser mon âme qui aspire à l'équité pour la vie qu'il a prise. Et pour empêcher ce… ce… meurtrier, cracha-t-elle ce mot comme si elle pouvait le goûter comme un fruit amer, « de tuer davantage d'innocents. Si je ne l’arrête pas, ses futurs meurtres seront sur mes épaules Je ne veux pas ça non plus. Il faut que quelqu’un l’empêche de prendre le père de quelqu’un d’autre.
   C’était parfaitement logique. Il avait fait pire pour protéger ceux qui lui étaient chers.
   Et il avait l'intention de donner l'impression que ses péchés passés étaient insignifiants une fois qu'il aurait rattrapé l'homme qu'il recherchait actuellement.
   Alors qu'il la regardait dans ses yeux clairs et sombres et voyait la profondeur de son chagrin et de sa détermination, cela le toucha. Comment pouvait-il lui refuser ce qu'il cherchait à obtenir pour lui-même ? Personne ne devrait perdre un être cher. Pas inutilement.
   Surtout pas pour la cruauté.
   Et il n’était pas assez hypocrite pour lui refuser ce qu’il désirait le plus dans sa vie. C'est exactement ce qu'il essayait de revendiquer à cet instant.
   Peut-être que si la mort de sa sœur bien-aimée n’était pas si récente, il s’endurcirait face à la demande du dragon. Mais la perte de Renata était trop récente.
   Trop douloureuse.
   Et s’il y avait quelque chose qu’il comprenait dans la vie, c’était bien la justice. Il avait consacré toute sa vie à établir l’ordre public. Pour s’assurer que ceux qui s’en prenaient à des vies innocentes en paient le prix.
   Le temps des seigneurs de guerre et de la brutalité était révolu.
 Elle aurait sa vengeance. C'était son droit de la réclamer.
   "Très bien. Libères-moi et je t’accorderais cette faveur.
Il pouvait se libérer, mais il ne voulait pas lui exposer ses pouvoirs ni risquer qu’elle découvre sa véritable identité. Moins on en savait sur lui, mieux c'était.
   Elle hésita.
  "Comment puis-je savoir que ce n'est pas un piège ?"
   -Je t’ai donné ma parole. Et parce que je ne suis pas un humain. Ou un centaure ou un dragon.
   -J'ai entendu dire que les licornes pouvaient être encore plus trompeur.
 Eh bien, c'était vrai. Ses frères avaient eu leurs moments comme n'importe qui d'autre, supposait-il.
   "As-tu le choix ?"
    Tanis grimaça à sa question honnête. Non, elle ne l'avait pas fait. Elle avait eu la chance de piéger une licorne. Qui savait si ou quand elle aurait la chance d’en capturer un autre. Ses sœurs l’avaient traitée de stupides de toutes les manières possible parce qu’elle avait seulement pensé à s’en prendre à l’assassin de son frère, et Ragna le lui avait interdit.
   Peu importe le fait que la prochaine licorne pourrait ne pas être aussi agréable.
Compte tenu de ce qu’elle savait de leurs capacités, elle était vraiment à sa merci. Très probablement, il pourrait la transformer en crapaud ou en une autre pauvre créature. Elle avait de la chance qu’il ne l’ait pas déjà fait.
   Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était espérer qu'il soit une licorne qui tiendrait parole.
    "Très bien." Elle utilisa ses pouvoirs pour dissoudre le filet.
    Il se libéra et s'ébroua en se levant.
    Wow… c'était vraiment une bête magnifique. Même s'il était petit comparé à sa forme de dragon, il était toujours puissant, et c'était évident. Ses muscles ondulaient sous son pelage brillant. Et même si ses sabots brillants n’étaient ni pointus ni acérés, elle était sûre qu’ils pouvaient être tout aussi capables de faire autant de dégâts que ses griffes noires.
    Lorsqu'il toucha le sol et secoua la tête, Tanis se tendit, s'attendant à ce qu'il coure vers les arbres ou la transforme en autre chose que ce qu'elle avait demandé.
   Il ne le fit pas.
   Au lieu de ça, il resta fixe alors qu'il la regardait de ses yeux vifs et perçants. Cette corne au centre de son front retenait son attention… noire comme de la poix, elle paraissait encore plus nette qu'avant. Plus longue. Plus mortelle.
   -Alors, petite dragonne, que vas-tu me donner en échange de cette faveur que tu demandes ?
 Elle cligna des yeux.
   "Quoi ?"
   -La magie a un prix. En tant que telle, elle est rarement donnée gratuitement. Le sort que tu demandes n’est pas facile à réaliser. À quel point veux-tu devenir humaine ?
   Elle n’y avait pas pensé. Mais il avait raison. La magie prenait toujours quelque chose à celui qui la commandait. Le mauvais ou le bon sort pourrait même coûter la vie au lanceur de sorts. C’est ce qui rendait les lanceurs de sorts si recherchés.
   Et riches.
   Tous les sorciers qu'elle connaissait voulaient être remboursés pour la douleur du sort. Pour le bilan mental et physique que cela coûtait. Ce prix était soit payé par celui qui le demandait, soit par celui sur qui le sort était lancé. La plupart du temps, il s’agissait d’une seule et même personne.
   Parfois, comme elle le savait mieux qu’elle ne le voulait, ce n’était pas la même personne et la victime n’avait aucune idée qu’elle était enchantée jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Parfois, ils étaient tout simplement malheureux et à la merci du sorcier et de celui qui les avait payés pour leurs services.
   Heureusement, ce n’était pas son cas aujourd’hui.
   "Tout ce que tu veux, je le paierai."
    Il renifla à sa réponse.
   -Tu n’as pas beaucoup d’expérience en négociation, n’est-ce pas ?
   Pas vraiment. En tant que plus jeune femelle née dans la noble cour de ses ancêtres Dragomir, elle avait été entourée de ceux qui cherchaient à bâtir leur réputation en démolissant la sienne. Des sœurs médisantes qui mentaient à son sujet à leur père et à leur mère. Des courtisans jaloux et prêts à la mettre en lambeaux.
    Des opposants qui voulaient sa mort et son départ sans véritable raison. Il n’y a eu aucune négociation avec aucun d’entre eux car ils ne se laisseraient pas dissuader d’atteindre leurs objectifs. Ils étaient trop déterminés à la détruire pour leur propre cupidité et leurs moindres désirs.
   En tant que dragon, elle n’avait pas besoin de grand-chose et en voulait encore moins. La plupart du temps, elle voulait juste qu’on la laisse seule.
   À cause de tout cela, elle n’aimait généralement pas les autres. La poignée en qui elle avait mis sa confiance l’avait trahie, pensant progresser auprès de sa famille ou d’autres nobles.
   Ou alors ils avaient activement comploté contre elle sans aucune raison autre que le divertissement. Seuls son frère et sa femme avaient été gentils avec elle. Davin avait fait de son mieux pour la protéger et la mettre à l’abri de la colère de leur père et de la méchanceté de leurs sœurs.
Elle n’aimait pas les jeux auxquels les autres jouaient avec la vie des dragons. Elle avait donc évité ces pièges et les drames qui les accompagnaient.
   "Je n'ai jamais eu à négocier auparavant."
   "Ça ce voit. Je dois t’avertir avant de te promener dans le monde humain, les humains ne joueront pas équitablement avec toi. Ils détruiront ton innocence. Réfléchis longuement avant d’accepter cela, car la connaissance de l’être humain est irréversible. Pas même par magie.
    Tanis savait qu'il avait raison. Les humains se nourrissaient de la faiblesse et de l’innocence, encore plus que les licornes. Elle n’était venue dans leur monde qu’une seule fois et cela alimentait encore ses cauchemars.
   Elle les détestait tous et avait juré de ne plus jamais s'approcher de leur monde. Pas pour rien.
   Mais cette vieille rancune n’avait plus d’importance. Elle devait aller jusqu’au bout.
   Pour Davin.
   Peu importe ce que disait son père ou quelle punition il lui infligerait plus tard, elle ne pouvait pas permettre que la tête de Davin soit le trophée d’un homme. Être exhibé et moqué. Cela la rendait malade jusqu'à l'âme à chaque fois qu'elle pensait à la façon dont ils traitaient la dépouille de Davin.
   Lorsqu’elle s’était battue pour rentrer chez elle après avoir été kidnappée et maltraitée, et que son père avait voulu la bannir à nouveau, Davin, seul, s’était assuré qu’elle n’était pas complètement exclue.
   Il était désormais temps pour elle de lui rendre cette faveur. Elle aurait juste aimé qu'il soit vivant pour le voir.
    Repoussant des souvenirs qu'elle donnerait n'importe quoi pour purger, elle se força à faire ce qui était juste.
   -Je m'en fiche tant que je tue cette bête humaine. Dans la douleur. Avec délectation. Beaucoup, beaucoup de délectation. Et encore plus d’effusion de sang.
   -Es-tu sûre que tu ne t’en soucis pas ? Parce que le prix d’une magie de cette ampleur est toujours la chose que tu apprécies le plus.
    Il y avait une note dans sa voix qui la mettait en garde contre ça. Qui lui disait de s'enfuir aussi loin qu'elle le pouvait. Mais elle était déterminée à poursuivre sa route.
    D’ailleurs, que pouvait-il lui demander qui n’ait déjà été pris ? Brutalement.
    Au moins cette fois, elle avait le choix.
   Il ne restait plus rien dans sa vie auquel elle accordait de la valeur. Davin l'avait été.
   -Dis ton prix, Licorne.
    La licorne la regarda dans les yeux pendant un moment comme s'il pouvait voir jusqu'au fond de son âme meurtrie et fatiguée.
   "Alors le prix est ta liberté.
    Dites-moi que c'est une blague ...
    Les larmes lui vinrent à la gorge lorsqu'elle réalisa qu'il restait un dernier lambeau de quelque chose qu'elle appréciait. Un dernier semblant qu’elle avait réussi à conserver, même si on le lui avait pris pendant un moment.
   Bien sûr, il voulait la posséder. A quoi avait-elle pensé ? C'était une licorne. C’étaient des animaux sans âme, tout comme les humains avec lesquels ils travaillaient et qu’ils abritaient.
   Pourquoi celui-ci serait-il différent ?
    Mets simplement le feu sur cet homme et au village. Tues-les tous et finis-en.
    C’était la ligne de conduite la plus sensée. Le plus sûr aussi. Et pourquoi pas ?
    N'ai-je pas assez souffert ?
    Mais Davin méritait d'être honoré. Il avait été un véritable héros et il lui avait mieux appris. Elle ne ferait jamais honte à sa mémoire. Il méritait d'être enterré entier. D’avoir des funérailles sanctifiées, entouré de ceux qui l’avaient aimé et placé dans les catacombes avec leurs nobles ancêtres.
   Ses enfants méritaient d'enterrer leur père avec cet honneur. Comment pouvait-elle les en priver ?
 Davin avait été un prince royal qui avait fait preuve de miséricorde même si cela lui coûtait cher. Il lui avait montré son amour même lorsqu'on s'était moqué de lui pour sa gentillesse. Il serait avec leurs ancêtres là où était sa place, et même si c’était la dernière chose qu’elle faisait. Il ne serait pas entre les mains de ceux qui le considéraient comme un animal.
    De plus, elle ne pouvait pas tuer des enfants innocents dans le village, même si elle détestait les humains. Ils ne méritaient pas de mourir parce que leurs parents étaient d’horribles personnes sans conscience. Certes, ces enfants grandiraient très probablement pour devenir les mêmes monstres horribles et affreux que leurs parents. Mais elle voulait croire que certains d’entre eux pourraient être meilleurs. Pour qu'ils puissent faire mieux.
   Je ne les jugerai pas tous parce que l’un d’entre eux a fait du tort à mon frère. Ou je me trompe.
    Par-dessus tout, elle méritait de bénéficier d'un moment de vengeance dans ce monde. Dans une vie marquée par la misère, elle voulait cette pure seconde de bonheur où elle accomplirait la chose qu'elle désirait le plus.
   Tues ce salaud. Baignes-toi dans son sang. Dévores son cœur.
   Je pourrais mourir heureuse avec ça.
   Après tout, elle n’était pas qu’une princesse. Grâce à une bête inconcevable, elle avait été entraînée comme une guerrière. De celle qui avait été forcé de se battre pour se nourrir.
   Pour sa vie.
   Personne ne la vaincrait jamais. Tout comme elle l’avait fait lorsqu’elle était adolescente effrayée, elle trouverait un moyen de sortir de sa captivité. Peu importe ce qu’il fallait.
   Au moins cette fois, ce n’était pas une enfant effrayée et sans aucune connaissance du monde. Elle savait comment survivre parmi les humains.
   Comment tuer, si nécessaire.
  "Bien. Tes conditions sont acceptables.
    Sa réponse parut le surprendre.
   "Tu comprends ce que je dis. Ta vie m'appartiendra une fois que tu auras tué ton chasseur de dragon. Tu ne pourras plus rentrer chez toi auprès de ta famille.
   "Je comprends." Sans Davin, elle n’avait ni foyer ni famille auprès de laquelle retourner. Personne là-bas ne l’accueillerait.
   Il tourna la tête pour lui lancer un regard hanté.
   -Assures-toi de bien réfléchir. Être une femme humaine n’est pas une chose facile dans ce monde, et une fois que tu seras à nouveau une dragonne, tu m’appartiendras et tu vivras à Licordia, pas à Indara.
    "Je suis prête à prendre le risque."
    Dash inclina la tête vers elle. Si cela ne la dissuadait pas, rien à quoi il pouvait penser ne le ferait.
 Bon sang. Être humain était difficile pour ceux qui y étaient habitués. Il ne pouvait pas imaginer être un dragon devenu humain. Le pire, c’était d’être forcé de vivre parmi d’autres personnes qu’on ne comprenait pas. Ses propres souvenirs de ce cauchemar n'étaient jamais loin.
    Mais elle était déterminée et, en tant que telle, il savait qu’elle n’abandonnerait pas. La prochaine licorne ou sorcier qu’elle aurait piégé ne serait peut-être pas aussi accommodant.
    Ou prêt à pardonner.
    On ne savait pas quel mal on pourrait lui faire.
    Comme il aurait aimé pouvoir la faire reconsidérer sa demande, mais loin de lui l'idée de lui nier sa stupidité.
   "Très bien." Il y avait des choses pires au monde qu'un dragon de compagnie, supposait-il. À son plus grand regret, il en connaissait un certain nombre.
    Fermant les yeux, il sentit sa corne chauffer. Ce n’était pas un sort facile, et ce n’était pas non plus la première fois qu’il l’exécutait.
    Pour une raison quelconque, les créatures magiques voulaient être des humains et les humains voulaient être des sorciers. Rien de tout cela n’avait jamais vraiment eu de sens pour lui. Il aimait être ce qu'il était et ne souhaitait pas être autre chose.
    Malheureusement, d’autres n’étaient pas aussi contents.
    Et la dernière fois qu’il avait lancé ce sort ça ne s’était pas si bien passé pour l’homme qui avait aspiré à une vengeance similaire.
    Il était sûr qu'il y avait encore un vieil homme amer dans le monde qui voulait l'éviscérer. Mais comme pour le dragon, Dash avait fait de son mieux pour dissuader Thomas Drake de sa folie. Tout comme elle, le griffon avait refusé, jurant qu’il ne pourrait pas vivre sans se venger, même si cela impliquait d’être humain.
    Les êtres désespérés font des choses désespérées.
    Il devrait le savoir, étant donné tout ce qu’il avait fait dans sa misérable vie.
   "Prépare-toi, Dragonne."

 

 

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Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2024
Traduction © Dark-Hunter Francophone 

Publication : 3 août 2024

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