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Dark-Hunter #21 - Le gardien d'Azmodea

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Chapitre 1

    L’enfer avait de nombreuses connotations, chacune aussi unique que l’individu qui le définissait. Pour une personne, l’idée d’être piégé pour l’éternité dans une vidéo de Michael Bolton était l’épitomé de l’horreur. Pour une autre, ce serait d’être coincé dans un ascenseur avec une personne hurlant dans son téléphone portable, incapable de reprendre la personne irrespectueuse.
    Pour Lydia Tsakali l’enfer c’était la noirceur l’enveloppant, avec des échos emplis des cris des damnés torturés. Ce qui le rendait si mauvais, ce n’était pas seulement leur misère pesante ou leurs suppliques de pitié à ceux qui n’en avaient rien à faire, c’était les souvenirs que ces cris évoquaient. Hantés par la terreur de quelqu’un dont elle ne voulait jamais penser une fois de plus. Longtemps enterrés, ces flashbacks de cette nuit de sa vie et les émotions sauvages qui allaient avec, avaient toujours le pouvoir de la mettre à genoux.
    N’y pense pas.
    Comment pouvait-elle ne pas y penser ? Cette nuit avait été la dernière où elle avait vu la famille qui l’aimait. Puis, comme à présent, elle n’avait été capable que de voir le noir oppressant qui lui brulait les yeux. La noirceur l’avait engouffrée si profondément qu’elle avait craint de devenir aussi aveugle que muette. Et quand elle avait finalement émergé du noir pour voir la lumière, tout ce qu’elle avait trouvé c’était le sang et la terreur…
    Tu n’es plus une enfant.
    Non, elle était une chacal adulte. Plus que ça, elle était une guerrière bien entrainée avec plus d’un millier d’années d’entrainement au combat derrière elle. Il n’y avait pas une seule âme en Azmodéa qui pouvait la blesser.
    Tu oublis Noir.
     Bien. Il y en avait une.  
     Et à propos d’Azura ?     
     Ok, deux… Mais tout allait bien. Elle avait déjà combattu avec des probabilités bien plus mauvaises qu’elle ne pouvait en compter. 
    Oui, mais ils n’avaient pas les pouvoirs d’un dieu primaire.
    Conscience ? Essayes-tu de me rendre lâche ?
     J’essaye de te donner un peu de bon sens avant qu’il ne soit trop tard. Nous n’avons pas vécu aussi longtemps en se laissant envahir par la stupidité – pas avec toutes les personnes dehors pour nous tuer. Et pour quoi ? Solin ? Il va te trucider quand il découvrira ce que tu as fait.
    Quel type d’imbécile es tu ?
Apparemment une avec un apport illimité de stupidité. Si ça avait était qui que ce soit piégé ici autre que Solin, elle n’aurait jamais fait ça.
    Mais elle l’aimait bien trop pour le laisser moisir ici. Il avait pris soin d’elle quand personne d’autre ne le voulait. Il l’avait entrainée et se tenait à ses côtés. Il lui avait enseigné comment survivre et se battre. Sans lui, elle serait morte.
    Même s’il te traitera d’imbécile pour ça.
    Et il le fera.
   "La gentillesse est un fruit pourri qui contamine quiconque y touche. Balance-là à la face de tes ennemis et laisse-la les ruiner eux plutôt que toi."
    Combien de fois lui avait-il dit ça ?
    Une fois encore, en dépit de la haine qu’il portait dans son cœur et qu’il n’avait jamais cachée, il l’avait élevée comme une fille adorée. Jamais une seule fois il n’avait été avare d’amour, de patience ou de bonté.
    Pas avec elle.
    Les autres… Ils voyaient une face de lui qu’il ne lui avait que rarement montrée. Loués soient les dieux.
    La personnalité est définie par ses incohérences, non par ses cohérences. Une des autres citations favorites de Solin. C’est ce qui nous rend unique et fait de nous ce que nous sommes. Le son de sa voix dans son esprit était assez réelle pour la faire sourire en dépit du danger auquel elle faisait face.

    Il faut que je le trouve.
    Il serait venu pour elle si elle en avait eu besoin.
    Vrai.
Même si sa tête ne voulait le reconnaître, elle savait la vérité dans son cœur. Solin serait toujours là pour elle. Pour elle, il était un héros.
    Quelque chose bougea sur sa gauche. Lydia se figea tandis que son ouïe surdéveloppée captait un léger son. La poussée d’adrénaline balaya ses autres sens en état d’alerte. Ses narines s’élargirent tandis qu’une nouvelle odeur la frappa. Mâle. Démon.
    Proche.
    Ne respire pas…Ne respire pas…
    Non pas parce qu’elle ne voulait pas qu’il la détecte. Mais parce que la puanteur était abominablement écœurante pour les humains. Pour une métis Were-Hunter¹ c’était plus que douloureux. Elle pinça son nez avec ses doigts pour empêcher l’odeur d’entrer dans ses narines.
    Pourtant, elle pouvait le sentir.  Ne gerbe pas…
    Bon sang. Est-ce que les démons se baignaient dans la merde ? Elle n’aimait pas être vulgaire, mais vraiment… Qu’est ce qui pouvait rendre autant de démons si nauséeux ?
    Sorti de nulle part, il apparut directement devant elle. Un sourire se dessina sur ses lèvres bombées. 
    "Bien, bien… mais qu’est ce que nous avons là ? Je n’avais pas réalisé que j’avais commandé à domicile. Comme c’est adorable de ta part...
     De mourir pour moi. Elle termina sa phrase dans sa tête tandis qu’elle le saisissait par la gorge et lui coupait la parole.
    Mais lorsqu’elle bougea pour poignarder, il s’évapora et échappa à son emprise, laissant un brouillard violet et malodorant.
    Mince.
    Lydia tourna en rond dans le noir, essayant de se repérer et de le localiser avant qu’il ne prévienne quiconque de sa présence. Elle ne pouvait plus le sentir ou l’entendre.
    Ce n’était définitivement pas bon. En tout cas, pas pour elle.
   Un bruit perçant étouffa les cris des autres. Elle couvrit ses oreilles de ses mains. Juste ce dont j’ai besoin… Des tympans qui saignent.
    Le cri devint plus fort.
    Il devenait plus proche.
    Quelque chose de dur frappa son dos, la faisant tomber au sol.
    Bien qu’elle n’avait envie pour rien au monde de le faire, elle ôta ses mains de ses oreilles et sortit son autre poignard. Ici, démon, démon… viens en chercher un peu.
    Le son de rampement se déplaça à sa droite. Elle courut dans sa direction, bondissant dans un espoir de frapper d’un coup n’importe quel adversaire se trouvant là.
    Au lieu de faire couler leur sang, elle fit couler le sien à la minute où elle s’écrasa contre une porte de fer qui se confondait parfaitement avec les ténèbres.
   Fils de… Elle siffla lorsque la douleur explosa le long de son crâne. Du sang coula de son nez.
    Elle donna un coup de pieds à la porte incriminée.

    A sa surprise, elle s’ouvrit avec fracas, faisant grincer les gonds. La lumière envahit son petit espace,  la laissant temporairement aveuglée. Elle cligna des yeux jusqu’à ce qu’ils s’habituent à la luminosité, puis elle fronça les sourcils à la vue d'une sorte de néon qui fournissait la lumière depuis le plafond lisse au-dessus d’elle. Qu’est ce que c’était étrange. Ça lui rappelait vaguement les sticks lumineux fluorescents, mais ce fluide était plus épais, plus vif et d’un bleu sinistre.
  A présent, elle pouvait voir les murs froids qui s’avérèrent saigner et respirer. Elle esquissa une grimace de dégoût. Qu’est-ce que ça pouvait être ?
    Pari tenu que c’est ce que ça sent.
   Nan, seule la puanteur des orteils d’un démon pouvait être aussi répulsive. Et en parlant de démons, les siens semblaient avoir totalement disparus.
    Où êtes-vous, bâtards ?
    Avec sa chance, partis chercher des amis.
    Mais ce n’était pas son inquiétude principale. Où était Solin ? Elle avait essayé à plusieurs reprises d’utiliser sa télépathie pour le contacter, mais quoi que ce soit qui le retenait bloquait aussi cette capacité. Elle ne pouvait même pas l’atteindre via un état de rêve. Ce qui, compte-tenu de ses pouvoirs, n’aurait pas dû être un problème.
    Elle détestait ce sentiment de complète solitude. Ça lui rappelait toutes ces semaines de son enfance où elle n’avait personne. Le temps où elle avait suffoqué à travers le désert brulant, cherchant de l’eau…
    Nous sommes toujours seuls. Tu peux être dans une salle bondée et toujours ressentir la morsure de la solitude. 
    Personnellement, je trouve que ça mord encore plus profondément lorsque d’autres sont autour. Une autre chose que Solin lui rabâchait constamment.
    Il était toujours le pessimiste.
    Elle tourna à un coin et se figea.
    Le démon puant était de retour.
    Et comme elle avait craint, il était parti chercher des amis.
    Beaucoup d’amis. Peut-être deux ou trois douzaines. Et au moment où ils la virent, leurs yeux démoniaques s’éclaircirent et radièrent d’une couleur encore plus incandescente que celle des tubes lumineux.
    Cours !
    Elle n’était pas une lâche, mais seul un cinglé ferait face à ce nombre sans secours. Et elle n’était pas cinglée. Après avoir lancé sa dague tout droit sur le plus grand, elle se retourna et courue dans la direction opposée aussi vite qu’elle le put.  Elle espéra que cette dague ait atteint sa cible et mis à terre au moins l’un deux. Mais elle ne comptait pas attendre aux alentours pour le découvrir.
    Première règle dans une poursuite : ne jamais regarder en arrière.
    Au lieu de ça, elle plongea tête en avant et continua d’avancer aussi vite qu’elle le pouvait. Elle aurait bien pris sa forme de chacal, mais elle avait peur d’avoir besoin de ses pouces opposables pour une autre porte invisible.

    Elle dérapa à un croisement et arriva dans un nouveau couloir. Ici la lumière était loin d’être éclatante, mais c’était suffisant pour voir où les murs et les portes se trouvaient.
    Malheureusement, ça ne lui permettait pas de voir le sol. Ou la chose qui la fit trébucher.
    Elle vola momentanément dans les airs puis tomba au sol, face contre terre.
    Elle se redressa, essuya l’eau croupie et le sang. Même si c’était douloureux, elle se força à se remettre à courir de nouveau.
    Echappe-toi.
    Elle pouvait s’éclipser de ce royaume pour un temps, et puis revenir de nouveau plus tard pour ses recherches. Du moins, c’était ce qu’elle pensait jusqu’à qu’elle entende quelque chose de familier venant de l’autre côté de la porte près d’elle.
    "Allez-vous faire foutre, toi et ton sale clebs.
    Solin.
    Elle reconnaitrait n’importe où ce ton grec, acerbe et profond.
    Ce pour quoi elle n’était pas prête était le géant… quoi que ce soit qui essayait de le manger. Une masse à la peau verte foncée avec des marques rouges. Le démon se tourna vers elle.
    Celui-là salivait tandis que ses yeux jaunes la piégeait avec un regard salace qui lui donnait la chair de poule. Ce n’est pas ton jour, mec !
    -Lydia ? demanda Solin incrédule.
    Il avait été battu si méchamment que si ce n’était pour sa voix, elle aurait été bien incapable de l’identifier. 
     -Petite, que fais-tu ? Fous le camp d’ici pendant que tu peux. 
     Pas sans toi. Comme elle ne pouvait pas parler avec sa voix, elle lui envoya ses pensées. 
    -Je t’ai appris mieux que ça. Règle de survie numéro un.
    Sauve tes fesses avant celles des autres. Elle le savait bien. Mais quelqu’un suivant cette règle ne dirait pas à un sauveteur de s’éclipser avant de les libérer.
    Classiquement Solin.
    Soulevant sa dague, elle se rua sur le démon. Il bougea bien plus rapidement que ce que quelque chose de sa taille aurait dû en être capable. Avec un revers impressionnant, il esquiva complétement son attaque et l’attrapa par derrière.
    Elle essaya de s’échapper de sa poigne. C’était comme être immergé dans de la gelée. De la gelée datant d’il y a trois mois.
   Il ria de ses tentatives inutiles. Comme si ce n’était pas assez mal, il lui lécha la joue. 
    -Quel morceau savoureux tu es.
    Elle grinça des dents. Bonté divine, est ce qu’aucun de vous n’a entendu parler des pastilles à la menthe ? Menthos pourrait passer rafraichir par ici.²
    Elle balança sa tête en arrière, tapant en plein dans son nez, et au moins cette fois elle fut satisfaite par un grand gémissement.
    -Tu vas être désolée pour ça.
Il la souleva de ses pieds et la jeta au sol.
    Ignorant la douleur qui lui disait qu’elle s’était probablement cassé quelque chose, Lydia se redressa sur ses pieds.
    -Ne fais pas ça, Dee. Non.
Elle ignora Solin tandis que le démon et elle s’encerclaient l’un et l’autre.
   Au moment où elle allait lancer une nouvelle attaque, le démon se vaporisa, tout comme un autre l’avait fait. Tout ce qu’il laissa fut sa puanteur. Ce dont elle se serait bien passée.
    Elle se retourna pour regarder vers lui, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de respirer, il apparut derrière elle et l’envoya dans le mur d’un coup de pied.
    Un peu plus d’agonie pour son corps, ne faisant qu’engourdir sa vue.
    Le démon se saisit d’elle. 
    -C’est terminé pour toi, chaton". Il resserra sa prise, chassant son dernier souffle hors de ses poumons.
    Ses oreilles commençaient à siffler.
    Juste au moment où elle était sûre qu’il allait la tuer, elle entendit un lourd hurlement résonner à travers les murs. 
    -Relâche là, démon. Maintenant ! 

    Ce n’était définitivement pas Solin. Cette profonde et rocailleuse voix masculine était unique et remplit d’une rage incommensurable. Ça venait d’une zone sombre en lui. Son accent ne ressemblait à rien qu’elle avait entendu auparavant. Lyriquement douce et belle, tout en étant en même temps sévère et commandante.
    Le démon s’en alla en reculant, terrorisé. Cette réaction ne la fit que plus paniquer. Si quelque chose était aussi effrayant au point que le démon soit apeuré par nouvel arrivant, quelles étaient ses chances à elle ?
    Mais elle n’était pas une lâche. Si elle devait mourir, ce serait en se battant jusqu’à son dernier souffle.
    Et elle emporterait autant que possible de lui avec elle qu’elle pourrait.
    Toussant, elle se retourna, posant son dos contre le mur pour confronter la nouvelle créature. Elle essuya la sueur de ses yeux et porta leur attention sur la porte où l’étranger se tenait.
    Sa mâchoire se décrocha tandis que son regard se concentrait sur la forme massive qui était baignée dans un bleu clair féérique.
   Sainte mère de toute l’électronique…
   Je suis vraiment morte. 

  

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Note de traduction :
1- Were-Hunters a été traduit « Garou » en français
2- Passage légèrement modifié car difficilement traduisible en français. Je me suis aussi permis de changer le nom de la marque de bonbons, parce que l’originale n’est pas connue en France.

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Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2011
Traduction © Dark-Hunter Francophone (par Mélite, membre du forum)

Publication : 14 décembre 2015

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