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L’extrait suivant comme l’ensemble de ceux présents sur ce site internet, a été traduit par l’équipe de Dark-Hunter Francophone d’après le strict respect du texte original. 
Toutefois nous ne sommes pas traductrices professionnelles, le sens d'une phrase peut nous avoir échappé. Si vous trouvez une faute ou une phrase mal construite, n'hésitez pas à nous le signaler par e-mail.


 Deadman's Cross #1 - Deadmen Walking


 

   "Pourquoi le détestes-tu ?
   -Pour des raisons dont vous feriez mieux de vous réjouir, vous ne pouvez pas comprendre. J'ai vu un côté de lui qui serait inconcevable pour vous. 
   Cameron regarda le lit et fronça les sourcils.  
   -Personne n'est parfait. C'est c’que ma mère disait toujours. Quand elle a rencontré mon père, il se cachait , c’était un hors-la loi. C'est c’qui les a amenés en Amérique. Ils l'auraient pendu en Angleterre s'ils l'avaient trouvé. Ils ont changé de nom et ont laissé tout ce qu'ils avaient pour le protéger afin qu'ils puissent recommencer.
   -Y a t-il une fin à cette histoire ?
   -Oui", dit vivement Cameron. "Son propre frère et ma mère ont été tués lors d'un vol à Londres. Pour cela, elle le haïssait. Pourtant elle savait que son frère l'avait aimé comme son ami et elle ne lui a pas tourné le dos quand il est venu se cacher. Mon père disait que nous pouvions facilement pardonner à un enfant qui a peur de l'obscurité, mais la vraie tragédie de la vie, c'est quand les hommes ont peur de la lumière. Quand nous refusons de voir la vérité qui nous attend, car y faire face est trop difficile. Il est facile de verrouiller votre cœur par la haine. Mais c’est seulement une fois le cœur libre que vous serez capable d’aller de l’avant sans une douleur qui vous attache au passé et vous tire en arrière.
   Le chagrin remplissait ses yeux. 
   -Comme vous, maman, j'ai perdu beaucoup de choses qui m'étaient chères. Mais je n’ai jamais eu la chance de trouver quelqu'un qui pourrait m'aimer, quelqu’un qui me regarde comme le capitaine vous regarde quand il pense que personne ne le voit… Que je serrerais à m’en faire blanchir les mains.
   Et sur ces mots, Cameron la laissait seule avec son Bane.
   Combien Mara aurait aimé que ce soit aussi simple que le pensait cette fille.
   Malheureusement, Duey avait le don de compliquer la plus simple des choses. Il l’avait toujours fait.
   Le cœur lourd, elle se rendit près du lit pour inspecter ses blessures. La bonne nouvelle était qu'il guérirait. Mais il était plutôt mal en point.
   Grimaçant en voyant les contusions et les coupures, elle tira doucement sa chemise par-dessus sa tête, puis utilisa ses pouvoirs pour faire apparaître une serviette afin de pouvoir le sécher.
   Pourtant, alors qu’elle commençait à nettoyer et à panser ses plaies, elle prit conscience des cicatrices qui marquaient son physique parfait. La feuille de route des batailles dans lesquelles il avait combattu. Chaque partie de son corps en était couverte. Et dans son esprit, elle ne voyait pas le capitaine. Elle voyait le chef de guerre barbare dans son armure noire qui était monté à la tête de son armée.
   Le meneur bâtard des Dumnonii*.
   Alors qu'elle touchait sa main et voyait son anneau, ces pensées se dispersèrent.
   Qu’est-ce…
   Son cœur s'arrêta. C'était un harthfret ! Comment avait-elle pu le manquer ? Pendant toutes les années où ils avaient été ensemble, elle n'avait jamais vraiment regardé son anneau. Pas une seule fois elle n’avait remarqué ce que la pierre rouge vibrante était.
   Se mordant la lèvre, elle l'attrapa, puis hésita. Il la tuerait.
   Oui, il le ferait. Mais si elle avait le contrôle sur lui, il ne serait pas capable de lui nuire. Elle le posséderait complètement.
   Effrayée et tremblante, elle se força à le détacher du doigt.
   Mais au moment où il en fut séparé, l’anneau envoya de la lumière à travers la pièce. De celle qui aveuglait. Plus encore, il déchira un trou à travers ses émotions alors qu’elle ne réalisait que trop tard que ce n'était pas l’harthfret de Devyl.
   C'était celui de sa sœur.
   Soudain, elle était dans le passé. Dans la Grande Salle de Tintagel où la famille de Dón-Dueli avait gouverné avec un poing de fer.


   "Elfe!" Hurla-t-il en franchissant les portes dans toute sa gloire massive et envoyait les chiens et les serviteurs se disperser pour se mettre aux abris. Même les sentinelles semblaient un peu nerveux et désireux de se mettre à couvert.
   La seule qui n'avait pas peur était une minuscule jeune fille assise dans une chaise en bois près de la fenêtre, faisant de la couture.
   «N’arrêteras-tu jamais de m'appeler comme ça ? Je m'appelle Elyzabel.
   Il renifla. 
   -Pourquoi n'étais-tu pas dans la liste pour l’entraînement ?
   -Je t’ai dit pourquoi. Je n'ai aucune intention d'apprendre à manier l'épée. C'est pour ça que je t’ai, Duey.
   Le grondement qu'il lâcha réussit à faire sortir les vigiles de la pièce.
   Elle en ri.
   -Tu as encore effrayé les gardes, mon frère.
   -Dommage que je ne puisse pas te faire peur."
   Laissant échapper un soupir, elle détacha son fil, puis le coupa en deux.  
   "Eh bien, tu as besoin de la frustration que tu obtiens en négociant avec moi. Tout le monde est à ta botte.
   Avec une grimace qui aurait fait pisser dans sa culotte n’importe qu’elle personne saine d’esprit, il s'agenouilla près de la chaise de la jeune fille et lui tendit la coupe posée sur le sol.  
   -Pourquoi ne pas vous entraîner ?
   Elle l’effleura avec la tresse retombant le long de sa tempe lorsqu’elle se pencha pour l’atteindre.  
   -Je n'ai aucun désir de prendre une vie.
   Quand il ouvrit la bouche pour parler, elle posa son doigt sur ses lèvres.
   -Ce n'est pas un jugement contre toi, Duey. Je t'aime plus que tout et je t’aimerais toujours. Mais comme toi tu ne connais pas la paix, je ne veux pas connaître la guerre. Ta ne t’as donné aucun choix dans ta vie ou ton destin. Il a mit une épée dans ta main dès que tu as pu marcher, et t’as donné des responsabilités envers moi et Edyth, et envers notre peuple. Jamais tu ne t’es plaint. Je t’ai regardé toutes ces années où tu es passé d'un beau garçon à un bel homme. Je ne pourrais pas être plus fière de toi. Et je te remercie pour m’avoir donné le choix quant à mon avenir ici avec toi et avec notre peuple. S'il te plaît, ne me le prends pas maintenant.
   Il lui prit la main et y déposa un baiser.
   -Je veux que tu sois en sécurité, Elf. Tu n'as aucune idée des horreurs que j'ai vu. A ce qui arrive aux femmes quand leurs hommes ne les protègent pas ? Les Romains continuent d'avancer sur nous. Je les ai retenus jusqu'ici. En plus de l'Adoni, mais je tomberai...
   -Tu ne vas pas tomber", dit-elle avec un sourire honteux. "Personne ne peut vaincre mon frère.
   Il caressa avec tendresse les jointures de ses mains couvertes de cicatrices.
   -Qu'est-il arrivé à ma petite Elfe qui escaladait des arbres et battait un garçon qui osait dire qu'elle ne pouvait pas courir aussi vite ou tirer aussi bien ?
   La tristesse obscurcit ses yeux avant qu'elle ne cligne des yeux pour passer à autre chose.  
   -Les bagarres d'enfance sont très différentes de ce que tu fais.
   -Tu me blâmes pour nos parents.
   Il commença à se relever. Elle le retint à ses côtés. 
   -Je n'ai jamais dit cela. C'est ta culpabilité qui te guide, pas moi. Je veux te voir heureuse, Du. Tu ne parles jamais de famille ou de paix. C'est comme si tu ne te croyais pas digne de l'un ou de l'autre.
   Il laissa échapper un rire amer.
   -Comment puis-je me marier et avoir des enfants quand toutes les femmes, sauf toi, ont un mouvement de recul à mon approche ?
   -Ce n’est pas vrai. J'ai vu celles qui se disputent pour avoir une place dans ton lit.
   -Et fuis au moment où c’est fini comme si elles étaient effrayées à l’idée que je puisse les étrangler le matin venu.
   -Alors laisses-les voir le côté de toi que tu me montres.
   Il lui lança un regard furieux.
   -De quel côté il s’agit ?
   -Eh bien pas cette expression. Par les orteils de Dagda, Du, tu ferais peur aux plus grands guerriers depuis leurs tombes."
   Elle utilisa ses deux mains pour lisser les sillons sur son front jusqu'à ce qu'elle le fasse sourire. C'était quelque chose qui trahissait un ensemble de profondes fossettes dans ses joues.
   -Là maintenant ! C'est ce qui ferait fondre le cœur le plus froid. Aucune femme ne pourrait résister à un sourire si doux.
   -Doux ? Tu es complètement idiote.
   Il se mit debout, jouant avec ses tresses. C'était une action totalement hors du caractère de Du et pourtant si parfaitement normale pour un frère aîné voulant réchauffer le cœur de Mara.
   -Malgré ce que tu penses, Duey, tu es un homme gentil. Un homme bon. Et un homme juste, quoiqu’on en dise. Ne laisses jamais personne te dire le contraire.
Il ne parlait pas, mais l'expression sur son visage était différente de ce que Mara avait vu jusque là. C'était de la pure affection. 
   -Alors, que veux-tu ?
   Il y avait une note taquine sous ces mots grossiers.
   -Pardon ? 
   -Je te connais, Elfe. Tu ne me félicites jamais, à moins qu'il y ait quelque chose que tu aies à cœur.
   Une rougeur teinta ses joues.
   -Qui a dit que je voulais quelque chose ?
   Il fit un geste vers son visage.
   -C'est la vérité. Alors, dis-le-moi.
   Elle s'éclaircit la gorge, elle ne cherchait plus de fil et refusait de croiser son regard. 
   -Je veux me marier.
   Ses yeux rougirent.
   Comme si elle le sentait, elle leva les yeux et l’interrompit.
   -Tss ! Non, tu ne peux pas l’éviscérer, mon frère. Il n’a jamais posé un doigt sur moi de peur de ce que tu ferais. Il m'a à peine parlé.
   -Alors comment sais-tu qu'il veut t’épouser ?
   Elle arqua un sourcil.
   -Suis-je si intolérable?
   -Tu sais ce que je veux dire.
   Souriante, elle fronça le nez vers lui.
   -Je le sais et nous en avons parlé. C'est un homme tranquille. Comme toi. Il veut te le demander lui-même, mais il est terrifié par la façon dont tu réagiras. Je lui ai donc dit que je t’en parlerais d'abord pour t’empêcher de l'attaquer et de l'éviscérer afin que tu ais l'occasion de t’acclimater avant à cette idée.
   Son nez se tordait comme s'il retenait un déluge de malédictions ou un éclat. Mais après quelques battements de cœur, il s'assit, un tic nerveux sur sa joue.
   -C'est ce que tu veux ?
   -Ça l’est.
   -Je suppose que si vous changez d'avis plus tard, je pourrais toujours le tuer. 
   -Du !
   -Quoi ?" Demanda-t-il innocemment. "Je suis le roi ici. Je peux faire ce que je veux. Elle rit en secouant la tête.
   -Tu es incorrigible." Elle se tut un instant puis rencontra son regard. "Avons-nous ta permission?
   -Seulement s'il me le demande lui-même. Alors je la donnerai.
   -Sans éviscération ?
   -Oui.
   Elle arqua un sourcil.
   Il poussa un cri de suprême contrariété.
   -Bien ! Je ne le castrerai pas non plus. Bien que ce soit injustement cruel pour moi, et tu le sais.
   Elle rit de nouveau.
   -Tu y survivras.
   -Et il devra être bon avec toi ou sinon je le mettrais en pièces."
   Duel alla vers elle pour pouvoir se pencher et embrasser le haut de sa tête.
   -Je t'aime, Du.
   Il grogna en réponse, puis s'éloigna.
   -N’ose même pas penser une minute que je vais vous permettre de vous éloigner d'ici. Il doit venir avec nous. C’est mon dernier mot à ce sujet.
   -Tout ce que tu voudras mon cher.
   -Vraiment, Elfe. Aucune roche ne sera plantée. Je ne veux pas de ça. Tu gardes ce que tu sais en cage."
   -Oui, frérot."

   Mara cligna des yeux lorsque la scène disparut. Elle ne savait pas pourquoi la pierre l'avait emmenée là-bas.
   Ce n'est qu'après, lorsqu’un nouveau flash refit surface, qu’elle vit l'image qui avait conduit Duel à la folie.

<Partie supprimée pour cause de spoiler massif> 

  
Mara haleta en voyant le corps de sa sœur tel qu’il l'avait trouvée. Les larmes l'aveuglèrent face à cette cruauté.

   Pas étonnant qu'il soit devenu fou. Par le harthfret de sa sœur, elle pouvait sentir son angoisse alors qu'il descendait de son cheval et l’appelait. Elle sentait son cœur battre au moment où il rassembla son corps fragile dans ses bras et la tint comme un bébé, voulant qu'elle ouvre les yeux et revive.
   Mais ils avaient vu qu'elle ne le pouvait pas.
   Jamais, dans sa vie, elle n'avait vu quelqu'un de si brisé. Ni entendu plus de tristesse alors qu’il criait sa misère au ciel en demandant aux dieux d’épargner sa sœur et de prendre sa vie à sa place.
   Personne ne lui avait répondu.
   C'était le Duel qu'elle avait rencontré alors qu'il déchirait son nemeton* dans un ultime effort pour trouver ceux qui lui avait enlevé la seule personne qui lui avait jamais donné la bonté sans aucune cruauté. Le seul cœur qu'il avait tenu pour sacré.
   "Oh Du,"
   Mara souffla en découvrant finalement la vérité sur lui. Il n'avait jamais connu que la douleur.
   Personne ne l'avait soutenu quand il avait souffert. Il avait tout traversé seul. Sans ami ni famille.
   Avec sa malédiction l'accablant à chaque étape du chemin.
   C'est pourquoi il avait hésité ce jour-là dans la forêt. Même après ce qu’ils avaient fait à sa sœur, il avait refusé de lui faire du mal. Parce qu'au fond, malgré sa magie, il avait su qu'elle était plus faible que lui. Qu'elle ne pouvait pas se défendre contre lui comme sa propre sœur n'avait pu combattre ses assaillants.
   Et plutôt que de mettre un autre innocent dans sa tombe, il s’était éloigné  et l'avait laissée seule.
   Tout est de ma faute.
   La vérité gifla Mara durement et furieusement. Duel ne s’en était pas pris à ses sœurs. Il n'avait pas brûlé les femmes. C’était les hommes qu'il avait attaqués.
   Pourquoi n'ai-je pas vu cela auparavant ? Pourquoi ne l'avait-elle pas vu avant ?
  
Parce qu'elle était alors en colère et effrayée.



   Le cœur battant, elle s'assit sur la couchette à côté de lui et remit l'anneau à son doigt. La dernière chose qu'elle ferait, c'était de le séparer l’objet le plus précieux de sa sœur.
   A peine l'eut-elle remis en place qu'il prit une profonde inspiration et gémit. Quand il commença à se débattre, elle plaça ses mains contre sa poitrine.
   "Doucement, Duel. Tu es blessé. Tu te souviens de ce qui s'est passé ?
   Avec une grimace féroce, il la regarda.
   -Tu m'as frappé à la tête avec le mât et laissé et laissés en pâture à ces sprites*.
   Laisses-le se souvenir de cette partie.
   -Je t'ai aussi sauvé d'eux.
   -Tu m'as frappé la première." Il se frotta la main sur le ventre et grimaça. "Tu es ici pour terminer le travail ?
   -Non. Je t'ai soigné.
   Il se moqua grossièrement.
   -Vraiment, pourquoi es-tu ici ?
   -Réponds-moi une chose. Si je n'avais pas lié nos vies ensemble, qu’aurais-tu fais de moi ce jour-là ?
  
   Devyl détourna les yeux, mais elle le retint d'une main sur sa joue d’une main douce qui la brûla jusqu’à son âme. Comme il était cruel que la seule chose qu'il n’eût jamais envie était un contact tendre de sa part.
   Contre sa volonté, elle lui tourna la tête jusqu'à ce qu'il fût obligé de la regarder.  
   "Je veux la vérité.
   -Je voulais te tuer. Quand je t'ai vu pour la première fois, ma seule pensée était que tu serais la vengeance parfaite pour ce qu'ils avaient fait. Pour leur faire subir exactement ce qu'ils avaient fait à ma sœur. Mais quand j'ai regardé dans tes yeux et que j'ai vu ta peur, j’ai su que je ne pourrais pas te faire ça. Car je n'ai vu aucun ennemi ce jour-là. Seulement une fille effrayée qui était assez courageuse pour me faire face quand elle a comprit qu'elle n'avait aucun moyen de se défendre. Et cela m'a rendu furieux que les tiens t’aient laissée là, seule pour me faire face alors qu'ils fuyaient pour sauver leurs propres âmes. C’est une recrudescence de fureur que tu as vu en moi. D'abord, ils avaient violé et profané mon sang, puis ils t'ont jeté en pensant que tu subirais le même sort. Je les voulais tous pour cela. Aucun d'entre eux ne méritait ta loyauté."

 


Notes de traduction :
*Dumnonii ou Dumnones : peuple celte brittonique de l'île de Bretagne, qui habitaient une partie de la péninsule du Sud-Ouest de l'île de l'âge du fer au début de la période romaine.
*nemeton : désigne "le sanctuaire" en gaulois. Lieu spécifique dans lequel les Celtes pratiquaient leur culte, sous la direction des druides.
*
sprites : Un sprite est une créature du folklore britannique, faisant partie du petit peuple. Le terme vient du latin spiritus (esprit), et se trouve aussi sous la forme spright, ainsi que spriggan en Cornouailles. En français, le terme peut se traduire aussi par « lutin ».


Traduction : Copyright Dark-Hunter Francophone.
Texte original : Copyright Sherrilyn Kenyon.

Source : http://sherrilynkenyon.com/