AVERTISSEMENT :
L’extrait suivant comme l’ensemble de ceux présents sur ce site internet, a été traduit par l’équipe de Dark-Hunter Francophone d’après le strict respect du texte original. 
Toutefois nous ne sommes pas traductrices professionnelles, le sens d'une phrase peut nous avoir échappé. Si vous trouvez une faute ou une phrase mal construite, n'hésitez pas à nous le signaler par e-mail.


The League #2 - Born of Fire


   "Ils vont me tuer, Shay. S'il te plaît aide moi."
   Le regard hanté, Shahara Dagan repassait encore et encore le message vocal de sa sœur alors qu'elle était seule au comptoir de sa cuisine.
   Et elle avait bêtement pensé qu'il s'agissait d'une blague. Tessa était douée pour l'exagération et le mélodrame, sans compter le nombre de fois où elle avait pleuré sur sa mort éminente alors que ce n'était rien de plus qu'une égratignure, comment était-elle censée savoir que cette fois, l'appel à l'aide avait été réel ?
   Shahara voulait crier, maudire, détruire sa maison - faire autre chose qu'attendre les prêteurs qui reviendraient et achèveraient sa sœur.
   Bon sang, Tess, si au moins tu étais allée chez les prêteurs je les aurais fait souffrir parce qu'ils t'avaient blessée.
   Mais non. Sa sœur était allée "légitimer" le soutien du gouvernement aux prêteurs qui pouvaient prendre toutes les mesures dont ils avaient besoin pour récolter leurs fonds.
   Même tuer les débiteurs à titre d'exemple pour les autres.
   Elle grogna de frustration. Combien de fois encore Tessa aller emprunter de l'argent pour des investissements vaseux dans des plans stupides ou tout simplement le perdre dans les jeux ? Et combien de fois Tessa avait couru vers elle lorsque le solde était venu à échéance ?
   Comme si elle pouvait juste claquer des doigts et l'obtenir.
   Mais bien qu'elle ait entraîné sa sœur dès son plus jeune âge en pensant qu'elle ferait ensuite tout comme il faut. Chaque fois que Tessa lui demandait, elle donnait.
   Sans poser de questions.
   Shahara prit sa tête dans ses mains. Jamais par le passé Tessa n'avait été blessée. Et elle se maudissait de n'avoir pas été plus rapide cette fois. Elle avait rassemblé autant qu'elle le pouvait et aussi vite qu'elle le pouvait, mais ça n'avait pas été suffisant.
   Ça ne semblait jamais être assez.
   Elle soupira de dégoût.
   Pourquoi Tessa n'était pas venue la voir plus tôt ? Peut-être qu'elle aurait pu vendre quelque chose pour payer la dette de sa sœur.
   Elle eut un rire amer en regardant autour d'elle les meubles usés jusqu'à la corde qu'elle avait récupérés dans des décharges et l'unique pièce de son appartement délabré mais économique. Vendre quoi ? Merci à ses frères et sœurs, elle ne possédait rien ayant une réelle valeur. Pas même son fighter rouillé et délabré qui dans une vente aux enchères ne rapporterait pas la moitié de ce que devait Tessa.
   "Je le jure, Tess, un jour je vais te tuer".
   Si seulement leur père n'avait pas été un tel rêveur, peut-être qu'alors il aurait laissé autre chose qu'une montagne de dettes dont elle n'avait pas encore, quinze ans plus tard, payé le solde complet.
   Si seulement...
   Le landlink sonna.
   Sharara le fixa, sa gorge se serra au point qu'elle ne pouvait plus respirer. Ça devait être le médecin. Elle avait attendu la moitié de la nuit pour cet appel et maintenant elle était trop effrayée pour répondre.
   S'il vous plaît ne laissez pas Tessa mourir...
   Elle n'aurait jamais dû quitter l'hôpital, mais après avoir attendu pendant trois heures, elle n'avait pas pu le supporter plus longtemps. Trop de souvenirs des derniers jours de sa mère l'avaient tourmentée. Fermant les yeux, elle avait essayé d'effacer les images des froides conversations à voix basse du personnel de santé. L'odeur des antiseptiques. Leurs lèvres pincées quand ils se sont aperçus qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour payer les traitements.
   Et surtout la vue du médecin couvrant le corps sans vie de sa mère avec un drap. Son ton impassible résonnait encore à ses oreilles. "Dommage que tu ne l'es pas amenée plus tôt. Nous aurions pu la sauver si nous avions eu plus de temps".
   Et plus d'argent.
   Son père n'avait pas été en mesure d'offrir un séjour hospitalier prolongé ou même les médicaments dont sa mère avait besoin. La pauvreté avait handicapé sa mère, puis l'avait tuée. Trop de membres de sa famille était morts et elle ne pouvait pas supporter de perdre aussi Tessa.
   Je ferais tout pour avoir de l'argent. S'il vous plaît, laissez-la vivre.
   D'une main tremblante, elle ouvrit le canal. L'écran s'illumina pour montrer le médecin qui l'a regardait avec de sombres yeux antipathiques. L'estomac de Shahara se tordit sous l'effet froid de la peur et pendant un moment, elle pensa qu'elle se rendait malade d'attendre des nouvelles qu'elle ne voulait pas entendre.
   "Seax Dagan," dit-il en s'adressant à elle sous son titre professionnel, "Votre sœur est sortie de chirurgie et est en salle de récupération. Elle ira bien... avec le temps, mais le ticket qu'elle a utilisé pour le coût de l'hôpital a été renvoyé avec un refus. Je crains que sans attention médicale appropriée, votre sœur ne gagne pas plus de quelques heures."
   Shahara ferma les yeux, le soulagement l'envahit
   Tessa pouvait le faire.
   "Fria Dagan, m'avez-vous entendu ?" demanda t'il, revenant à la forme d'adresse ordinaire pour les femmes... et un terme qui lui faisait savoir qu'il pensait qu'elle n'était pas digne du titre de Seax. Après tout, un Seax digne de ce nom n'était pas appauvri.
   Si seulement le bâtard connaissait la vérité. Ce n'était pas son manque de compétences qui la rendait pauvre, c'étaient ses obligations familiales et contrairement à d'autres de son acabit, elle n'aurait jamais tourné le dos à sa famille.
   Même s'ils étaient stupides quand ils venaient pour l'argent...
   "Nous allons la renvoyer à moins que nous obtenions un ticket valide."
   Le nœud dans son estomac se tourna de plus belle et elle serra les poings. Shahara était si fatiguée d'être pauvre, si fatiguée des gens qui la regardait d'un air snob et lui demandaient de l'argent comme si tout ce qu'elle avait à faire était de le saisir dans le coin le plus proche. Les gens n'avaient aucune idée à quel point chaque crédit était précieux.
   Chaque goutte de sueur avait un coût...
   Elle ouvrit les yeux et se força à mettre sa colère et sa haine de côté.
   "Je vous ai entendu, Docteur. Je vais aller chercher votre argent en espèces. Si vous me donnez trois jours."
   Son regard sympathique avait viré en doute. Elle avait vu ce regard trop de fois dans sa vie et le méprisait.
   Elle ajouta froidement.
   "Je vais signer l'acte de mon vaisseau en garantie."
   Il acquiesça.
   "Très bien. On va la garder ici pendant toute la durée." Il coupa la transmission.
   Voulant faire un doigt d'honneur au médecin pour sa condescendance, elle regarda l'écran vide.
   "Vous avez de la chance je suis presque une dame."
   Pendant un bref instant, elle envisagea de demander à son frère, Caillen, ou sa sœur, Kasen, pour l'argent, mais elle savait qu'ils ne possédaient pas plus que ce qu'elle avait.
   En raison de traitements médicaux et de médicaments, Kasen était toujours en retard pour payer ses dettes et demandait à Shahara et Caillen pour les questions d'argent.
   Caillen, comme elle, aurait beaucoup d'argent si Kasen et Tess pouvaient apprendre à gérer le leur. Et s'il ne l'aidait pas à effectuer les paiements sur les restes de dettes de leur père.
   Shahara soupira. Même si elle avait demandé, son frère et sa sœur auraient fait un emprunt et le type de personnes avec qui ils négociaient étaient encore pires que ceux qui en avaient après Tessa. La dernière chose qu'elle voulait c'était les voir se blesser.
   La famille.
   C'était tout ce qu'elle avait eu en grandissant en orpheline dans les rues. C'était tout ce sur lequel elle pouvait compter. Après la mort de leurs parents, elle est ses frères et sœurs s'étaient rassemblés pour survivre. Ils avaient dépendu les uns des autres. Maintenant, Tessa avait besoin d'elle et rien ni personne ne l'empêcherait de sauver la vie de sa sœur.
   Peu importe comment, elle ne pouvait pas se permettre de laisser Caillen savoir ce qui était arrivé. Téméraire et impétueux à l'extrême, il en aurait après les responsables et elle ne pouvait pas supporter l'idée qu'il soit couché à côté de Tessa à l'hôpital.
   Ou pire qu'il soit arrêté pour ça.
   Sans parler que c'était la dernière chose qu'ils pouvaient se permettre.
   Elle était la plus âgée et il était de sa responsabilité de régler cette histoire.
   D'une main déterminée, elle prit l'étui de son blaster sur le comptoir, le serrant jusqu'à ce que ses jointures blanchissent. Peut-être qu'elle n'avait pas le meilleur emploi de l'univers, mais elle gagnait de quoi manger.
   Son estomac gronda pour la contredire.
   Je ne veux pas t'entendre toi aussi. Tout le monde voulait gérer son attitude aujourd'hui.
   Saisissant son arme, elle se leva et alla à sa chambre dans le coin où elle pouvait se changer et remplacer son unique robe par ses vêtements de travail. Elle serra son exo-armure noire, elle grinça quand elle la fixa à l'avant et au col. Elle était vieille et démodée, mais une armure valait trop cher pour elle, elle n'avait pas les moyens de s'en acheter une nouvelle.
   Un jour, pourtant, elle aurait l'argent pour s'en acheter une autre.
   Un jour...
   Ouais, tu as dit ça pendant des années.
   Ignorant la voix intérieure qui n'était là, selon elle, que pour l'agacer, elle se regarda dans le miroir brisé et ébréché. Creux, ses yeux dorés étaient ternes et cernés après une nuit passée à s'inquiéter pour de sa sœur.
   Elle toucha son visage, y voyant tant celui de sa mère à l'extérieur, mais connaissant aussi les similitudes plus profondes. Tout ce qu'elle avait toujours voulu c'était être cette même femme douce et aimante que sa mère avait été.
   Elle ne l'était pas.
   Contrairement à sa mère, elle ne croyait pas à la bonté innée des autres. Grandir en étant responsable du bien-être de ses trois frères et sœurs plus jeunes lui avait apprit très tôt la nécessité d'être réaliste.
   La vie était dure et les gens sans valeur ce qui justifiait leur cœurs amers. Ils ne sont qu'utilisés et trahis. C'était le seul code en lequel elle croyait.
   Trisa, voilà comment Caillen l'appelait. Elle était exactement comme le petit animal qui lançait ses piquants sur ses ennemis. Mieux valait frapper le premier qu'être une victime.
   D'ailleurs, elle refusait de faire des excuses. Elle avait toujours fait ce qu'il fallait pour garder sa famille unie et en toute sécurité. Et personne, absolument personne, ne pourrait jamais compromettre ce pour quoi elle avait lutté si fort pour les maintenir.
   Son âme chargée par sa conviction, elle tira le petit blaster de réserve de sa boîte et en vérifia le niveau de charge avant de le fixer à l'intérieur de sa botte droite, puis elle attacha l'autre blaster à la hanche droite et glissa ses poignards dans des gaines personnalisées cachées tout le long de ses vêtements.
   Il était temps d'aller travailler.
   Elle fit les quelques pas dans la cuisine où l'ancien ordinateur portable de son père reposait sur son comptoir.
   Il n'y avait que deux moyens légaux pour une femme sans instruction d'obtenir le genre d'argent qu'elle désirait... la prostitution ou être chasseuse de primes. Elle refusait de vendre son corps, et au moins en tant que free-tracer, elle était en mesure de respecter son serment en tant que Seax pendant qu'elle nettoyait une partie de la saleté des villes. Le même type de saleté qui se nourrissait de gens comme Tessa.
   Ceux qui avaient essayé de se nourrir d'elle.
   Avec cette pensée en tête, elle ouvrit son ordinateur et tapa son code de tracer. Les nouvelles feuilles de primes s'affichèrent. Désireuse de partir à la chasse elle regarda les pires criminels qui existaient : violeurs, assassins, pédophiles, terroristes, et ceux qui étaient les quatre combinés.
   Shahara parcourut rapidement la liste, recherchant une cible appropriée dont la prime pourrait payer la majeure partie de ce qu'elle devait.
   Tout d'un coup elle le trouva.
   Son sang accéléra dans ses veines en même temps que son excitation face au profil d'une cible sérieuse qui se rajouta à la liste.
   "C.I Syn recherché mort par le président Gourish pour le kidnapping, le viol et le meurtre présumé de sa fille Kiara Zamir. Recherché en vie." Et cette fois pour trois fois la prime de Gourish qui était stupéfiante "par le gouvernement Ritadarion pour vol, assassinat, trahison et évasion de prison".
   Le fort montant offert par les Ritadarions paierait les dettes de Tessa, la facture de l'hôpital, les obligations sur son vaisseau, et elle en aurait un peu à gauche pour vivre pendant un certain temps.
   A condition que sa sœur se comporte mieux.
   Sans parler, qu'elle ne serait pas obligée de le décapiter pour les Ritadarions. Elle frissonna en lisant le contrat de mort. Le président Zamir voulait Syn livré en morceaux et elle ne voulait pas tuer un criminel, elle n'avait jamais voulu en disséquer un pour récolter sa prime.
   Bah, ce qu'avait fait Syn à Kiara Zamir justifiait t-il ce genre de haine ?
   "Vous êtes un sale bâtard..."
   Que ce soit mort ou vif ce ne serait pas facile...ce qui était la raison pour laquelle la prime sur lui était si élevée.
   Shahara se mordit la lèvre, indécise. Le nom de Syn était plus que connu et plus que craint. Il avait fait sa réputation en étant le meilleur pirate informatique et voleur de dossiers dans tout l'univers connu. Et avant même d'avoir quitté l'adolescence, il avait été emprisonné par les Ritadarions.
   Deux fois.
   Les rumeurs de sa cruauté circulaient dans le petit groupe de tracers auquel elle était associée. A sa connaissance, aucune autre.
   Un Free-tracer avait déjà essayé de l'attraper, ce qui en soi en disait long sur sa dangereuse réputation.
   Des bound-tracers qui avaient été envoyés n'étaient jamais revenus.
   La petite poignée assez chanceuse pour revenir ne l'était jamais de manière intacte.
   Cela n'avait pas d'importance. Elle repoussa son doute et son incertitude au loin. Elle n'avait jamais échoué dans une mission avant. La vie de Tessa dépendant de son succès et elle ne manquerait pas cette fois.
   Elle signa de son nom sur l'écran et apposa l'empreinte de son index, elle avait accepté le contrat.



Texte original © Sherrilyn Kenyon - 1996
Traduction © Dark-Hunter Francophone