Extrait 4 - Styxx
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23 décembre 2012
[...]
Styxx s’arrêta un instant à la porte de la cour lorsqu’il aperçut Apollymi assise sur un banc de pierre qui donnait sur une fontaine sombre. Ainsi c’était la garce qui avait pour toujours changé et ruiné sa vie…
Et tout ça pour sauver la vie de son fils.
Il aurait probablement dû la haïr pour cette solitude, mais sachant que lui-même aurait vendu son âme pour avoir une mère qui admettrait au moins son existence, comment l’aurait-il pu ? En dépit de ce que pouvait croire Acheron, l’amour d’Apollymi pour Acheron était la seule chose que Styxx avait toujours convoitée.
Ça et l’amour de Ryssa.
Styxx avala avec difficulté alors que la vieille blessure se rouvrait et le remplissait de douleur. Il avait tout fait pour que sa sœur l’aime, mais sa jalousie injustifiée et son amour pour Acheron l’avaient empêchée de le voir autrement que comme sans valeur, gâté et égoïste. Pendant que lui avait fait tout ce qui était possible pour protéger Acheron, Ryssa l’avait impitoyablement blâmé pour des choses sur lesquelles il n’avait eu aucun contrôle.
Pour des choses qu’il n’avait pas faites.
Mais il ne penserait pas à ça. Le passé était de l’histoire ancienne. Littéralement.
C’était le présent et une fois encore, Acheron avait besoin de lui. Prenant une profonde inspiration, Styxx étudia la déesse qui le méprisait plus encore que l’avait fait sa mère et sa sœur.
Ses cheveux blonds contrastaient avec sa robe noire, l’un et l’autre mettant en valeur son corps parfait. Ironiquement, la déesse atlante de l’ultime douleur et de la destruction devait être la plus belle des femmes qui ait existé.
Le clapotement de l’eau produisait un son apaisant en dépit du fait qu’ils étaient actuellement tous les deux en enfer. L’isolement de la déesse le frappait durement au souvenir de sa propre solitude et réveillait un sentiment d’horreur qu’il essayait de son mieux d’enfouir au plus profond de son esprit à chaque minute. Il n’y avait rien de pire que d’exister dans un espace si petit que votre seule compagnie était votre propre reflet dans le miroir vous rappelant juste combien vous vous haïssez.
Mais contrairement à lui, Apollymi n’était pas seule dans sa prison. Son regard se porta sur les deux Charontes qui se tenaient à ses côtés. Même s’ils ne parlaient pas, ils représentaient au moins une autre forme de vie à proximité. Et bien sûr, elle avait une armée entière de Daimons pour la servir et lui tenir compagnie.
Il tressaillit en se remémorant tous ces siècles pendant lesquels il avait hurlé pour que quelqu’un, n’importe qui, ait pitié de lui et parle pour qu’il puisse les entendre. Ils n’étaient même pas obligés de lui parler à lui. Juste parler.
Vivre onze mille ans était difficile à supporter.
Onze mille ans de solitude absolue.
"Ainsi, tu n’es pas un lâche finalement.
Il jeta un regard noir sur Apollymi alors que sa haine s’amplifiait et faisait disparaitre les derniers vestiges de sa douleur.
-J’ai été beaucoup de choses dans ma vie, mais jamais un lâche.
Elle se leva de ce même mouvement lent et gracieux qu’il essayait désormais d’apprendre d’Acheron. Lorsqu’elle se tourna vers lui, ses yeux d’argent tourbillonnant brillèrent d’une lueur d’un rouge vif et profond – une autre chose qu’elle partageait avec son fils.
-Tu ne me trompes pas, chien. Je te vois tel que tu es vraiment.
Par habitude, Styxx retint le rire sans joie qui lui montait aux lèvres. Lorsqu’il était humain, ce genre de comportement lui aurait valu de se faire encastrer dans un mur par son père. Mais de toute façon, Apollymi ne pouvait pas le tuer.
Seul Acheron le pouvait.
-Je trouve cela difficile à croire, ma Dame.
Jamais personne de toute son existence n’avait été capable de voir qui il était vraiment. Et c’était très bien comme ça. Il était habitué depuis bien longtemps à être sous-estimé et méprisé.
Avant même qu’il n’ait pu cligner des yeux, elle disparut, puis réapparut juste à côté de lui. Elle plongea sa main dans ses courts cheveux blonds et les tira violemment.
-Si ce n’était pour mon fils, je t’arracherais le cœur immédiatement.
Il ne broncha pas, ni ne réagit à la douleur.
-Si ce n’était pour mon frère, je t’étriperais ici même.
Elle rit face à sa menace, et resserra son emprise sur ses cheveux.
-Tu n’es rien d’autre qu’une pâle copie de mon Apostolos. À peine une ombre de l’homme qu’il est devenu. Nul ne saurait jamais te confondre avec lui. Comment le pourraient-ils ?
C’était étrange d’entendre sa propre litanie de doutes venir de la bouche de quelqu’un d’autre. Elle aurait aussi bien pu être son père, lui disant qu’il ne serait jamais assez bon pour gouverner. Qu’on aurait dû le noyer dès l’instant de sa venue au monde.
Comme il ne répondait pas, elle siffla en découvrant ses crocs.
-Je te hais.
Styxx sourit d’un air suffisant.
-Le sentiment est mutuel.
Elle tira sur ses cheveux si fort qu’il s’étonna qu’elle ne lui ait pas arraché une pleine poignée de mèches ensanglantées. Ses yeux brillant à nouveau, elle le tira brusquement contre elle et enfonça ses crocs dans son cou.
Son souffle se coupa sous le coup la douleur vive et continue de sa morsure. Une douleur qu’elle prenait plaisir à lui donner. Pour l’amour des dieux, pitié, arrache moi la gorge. Peut-être qu’ainsi, pendant au moins quelques minutes, il pourrait être en paix.
Mais tandis qu’elle buvait son sang, son étreinte se fit plus douce et la douleur diminua. Après quelques secondes, il cru presque ressentir l’étreinte d’une mère. Non qu’il se souvienne d’un tel sentiment. En fait, il pouvait compter sur une seule main le nombre de fois, de toute son existence, où quelqu’un l’avait tenu ainsi dans ses bras.
Et jamais aucun de ces moments n’était venu de sa propre mère.
Apollymi recula pour lever les yeux sur lui en fronçant les sourcils. Le sang de Styxx tâchait ses lèvres. A sa très grande surprise, elle avança la main tendrement sur la blessure qu’elle avait laissée sur son cou.
-Je n’avais pas idée, dit-elle d’une petite voix.
Il haussa les épaules. Il ne voulait ni n’avait besoin de la gentillesse ou de la pitié de qui que ce soit, et surtout pas de la sienne.
-Oui, eh bien, nous avons tous nos propres emmerdes, n’est ce pas ?
Elle tendit la main vers lui, mais il recula d’un pas. Il n’était plus un petit garçon suppliant pour un peu de tendresse. Il avait appris tout petit qu’il était seul dans ce monde. Et honnêtement, il préférait que ce soit comme ça.
-C’est fini ?
Apollymi acquiesça d’un léger signe de tête.
Bien. Maintenant il pouvait aller dans sa prochaine prison et en finir. Il essuya le sang de son cou et fit demi-tour pour partir.
-Styxx ?
Il s’arrêta, mais ne prononça pas un mot.
-Merci d’avoir fait ça pour Apostolos", chuchota t’elle, sa voix brisée par l’émotion. " Et pour ce que ça vaut, je suis désolée pour ce qui t’est arrivé.
Désolée…ce simple mot amena un rictus dédaigneux sur ses lèvres.
Cette fois il laissa libre court à son grognement méprisant.
"Tout le monde est désolé pour quelque chose." Il la fixa d’un regard glacial. "Et il y a des choses, ma Dame, que les excuses ne peuvent pas réparer".
[...]
Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2013
Traduction © Dark-Hunter Francophone
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