Une nouvelle fois, je me suis lancé dans la comparaison entre le livre écrit par l’auteure, et le livre réécrit/traduit par les éditions J’ai Lu.

Première constatation : le nombre de passages supprimés à diminués de manière drastique, mais ne vous leurrez pas, si l’on prend en compte chaque dialogues/paragraphes/scènes qui manquent, il faut compter plusieurs pages absentes (une dizaine pour ce livre).

Deuxième constatation : les erreurs de traductions et les inventions faites par la traductrice sont récurrentes sur beaucoup de points que je vais vous présenter ici.

Je n’ai pas tout mis, juste les détails les plus flagrants et pourtant je peux vous assurer qu’il est "relativement" mieux traduit. Alors, y aura-t-il une amélioration aux livres suivants ? Mystère. Malheureusement j’en doute quand même.

 

L’univers incompris ou réinterprété.

   Ce n’est un secret pour aucun lecteur, la série Dark-Hunter semble peut-être simple au premier abord (et elle l’est si vous ne lisez que pour la romance sans vous attarder sur le fond de l’histoire), mais en vérité, c’est tout un univers avec ses codes, ses lois, son vocabulaire surtout, et tout cela n’a pas été très bien compris par la traductrice, qui à tendance à généraliser certains faits, en inverser d’autres, écrire l’opposé de ce qui est dit par l’auteure, voir carrément les retirer quand les termes sont trop "techniques".

   Ainsi, dans le livre 6, nous apprenons que le Sanctuary de la famille Peltier, accueille "tous les mutants" (p.23)... Sauf que nous ne sommes pas dans un X-men.

   Un peu plus loin, (p.76), Kyle et Rémi Peltier sont qualifiés "d’oursons", d’ailleurs Vane appelle Rémi "gamin". Alors, oui, la traductrice à bien compris qu’ils étaient les enfants de Maman Ours, mais ils sont adultes depuis déjà quelques siècles, l’un des frères à mêmes des enfants qui eux sont effectivement des oursons.

   C’est dans ce livre que nous avons pour la première fois des Were-Hunters en personnages principaux, avec Bride qui est une simple humaine. Vane s’en inquiète, et se rassure en se disant qu’en tant que sang-mêlé (il est moitié Arcadien, moitié Katagaria), il est certainement stérile comme c’est toujours le cas…
FAUX. En vérité, il est écrit clairement, que les humains liés à des Were-Hunters Katagaria sont souvent stériles, logique puisque ces derniers sont génétiquement des animaux, et donc incompatibles.

   Une autre particularité des Were-Hunters, c’est qu’ils peuvent voyager dans le temps. Sauf que ce concept ne peut fonctionner que les nuits de pleine lune, et les jeunes mettent du temps avant de maîtriser cet art. Page 125, l’ancienne meute de Vane patiente loin de La Nouvelle-Orléans, ils attendent que leurs jeunes soient près et qu’ils puissent voyager lors de la prochaine pleine lune.
La traductrice a préférée mettre qu’ils attendaient de voyager à la faveur de la pleine lune, histoire que la lumière les éclaire. Rien n’est précisé sur le fait que c’est lié à leur pouvoir.

   La marque des Sentinelles que porte Vane, ne disparaît pas et ne réapparaît pas selon les moments comme le note la traductrice, c’est selon leur volonté.

   Les Were-Hunters sont selon leurs propres mots, des sorciers. Et dans la traduction française lorsque Vane ressent la présence d’Acheron à la page 82 du livre français, c’est à son odeur qu’il l’identifie (animal oui mais il y a des limites quand même), sauf qu’en réalité c’est par sa puissance qu'il l'identifie, qui est différente de celle d’un Were-Hunter.

   Dernier point, quand les Were-Hunter se téléportent, on ne les entend plus… je veux dire par là que lorsque Fury disparaît de la voiture de Vane avec le chien pour le laisser seul avec Bride il n’y a pas "sa voix désincarnée" qui leur parle juste après… il parle AVANT de disparaître.

 

   La définition et explication du thirio lorsqu’ils s’unissent a disparu.
   Les termes ursulan, drakos et autre ont disparus.
   Les mots en grec comme adelphos, sont traduits directement.

 

Les chiffres et les couleurs :

C’est la base de l’apprentissage d’une autre langue, et pourtant, la traductrice se trompe très souvent sur ces deux points, ou bien en fait beaucoup trop sur le descriptif. En voici plusieurs exemples.

-Bride passe d’une taille 50 à un 44… ça c’est ce qui s’appelle un régime express !

-L’heure du rendez-vous entre Vane et Bride augmente d’une heure en français (et c’est pas une faute de frappe, c’est répété).

-Plusieurs personnages avec les cheveux noirs se retrouvent bruns et inversement.

-La chemise noire de Vane est devenu blanche (p.111).

-Les yeux noisette de Vane deviennent mordorés.

-Le plus fort reste les yeux de Fury. Dans le livre original, il est bien écrit qu’il a les yeux bleus "d’une nuance plus foncée que le turquoise". D’après la traductrice, il a les yeux vairons : l’un bleu outremer, l’autre turquoise… donc tous les deux bleus : pas vairons… mais où a-t-elle été pêché ça ?

-La peau du démon Alastor est à l’origine d’un profond violet foncé. Selon la traductrice, il est couleur sang de bœuf… pourquoi le bœuf plus qu’un autre animal  je ne sais pas. Et pourquoi cette comparaison avec le sang ? Parce que c’est un démon ? Allez savoir.

-Quand Vane dit à Bride que s’ils ne s’unissent pas il lui restera moins de cent ans à vivre et que lui commencera à vieillir d’ici quatre ou cinq cent ans. La traductrice elle, est beaucoup plus pessimiste, puisque Bride n’aurait plus que soixante dix ans à vivre, et Vane ne vieillirait que dans quelques décennies.

 

Le vocabulaire trop compliqué… apparemment :

   Si en commençant le livre 6 je me suis d’abord dit qu’il était relativement bien traduit, j’ai tout de suite noté la plus grosse erreur du livre (répétée tout du long), quand la traductrice a retiré le mot meute pour désigner le groupe de loups de Vane, et le remplacer par… une harde ! Alors. Madame la traductrice, laissez-moi vous rappeler qu’une harde désigne un groupe d’animaux sauvages, certes, mais s’applique généralement aux herbivores, tels les cerfs.

-p.74. Vane explique certaines de ses blessures qu’il a reçues après avoir combattu un ours. En vérité, c’est un sanglier. Ce qui n’est pas vraiment le même animal. (bear = ours / boar = sanglier, une seule lettre de différence en anglais, mais deux animaux bien différents)

-p.82. Les loups assassins (dans le livre originel, des Arcadiens en gros) deviennent des chasseurs de loups-garous… première nouvelle.

En lisant en anglais, j’ai également appris de toutes nouvelles expressions, et ainsi vu que la phrase "take a rasberry", ne veut pas dire "prendre une framboise"… je me disais aussi en lisant que je ne voyais pas le rapport. Cela veut dire "faire un bruit de dérision"… je ne suis pas une professionnelle, je sais seulement que lorsqu’une phrase ne veut rien dire rapport au contexte, en général c’est que c’est une expression… mais visiblement, la traductrice ne le sait pas et n’a pas chercher non plus, puisqu’elle a transformé ça en :

"La Démone (on parle de Simi là) lui jeta une fraise en pleine figure." (p.311), (à la figure d’Acheron qui lui a dit non)... Sans commentaire…

 

Les incohérences :

   Les diverses inventions de la traductrice, que ce soit au niveau du dialogue ou de la narration, alliées aux différentes phrases retirées pour une obscure raison, et inventées, entraînent assez souvent des phrases ou des situations incohérentes, voir ridicules si on y réfléchit bien.

   J’ai beaucoup ris quand la marque apparaît dans la paume de Bride alors qu’elle est au restaurant, ça la brûle, et pour apaiser la douleur, elle la plaque contre son verre… dans la traduction, elle plonge littéralement sa main dedans (p.46)… déjà niveau hygiène et élégance on repassera, mais on parle d’un verre, pas d’un pichet. Je vous défis d’arriver à entrer votre main complète dans un verre d’eau standard.
   Un peu plus loin dans l’histoire, au bar Le Sanctuary, Kyle et Rémi se battent, et ce dernier retrousse les lèvres, qui, je cite la traductrice "soudain ressemblaient à des babines"…. Euh…. Il y a des humains présents quand même et non, non en vrai il ne fait pas ça.
   Durant cette même bagarre, Wren "surgit", alors qu’il est dit juste avant qu’il est déjà dans la même pièce.

-p.130, quand Vane est au lit avec Bride, pour ne pas qu’elle voit qu’il porte la même marque qu’elle sur sa paume, il plaque leurs main l’une contre l’autre… c’est très symbolique, inventé par la traductrice, et surtout totalement idiot, puisqu’en faisant cela, il aurait dû déclencher l’acte d’union, ce qu’il ne souhaite pas… dans le texte originel, il ne fait rien de ça, et les occulte simplement par magie.

-p.155, quand Fury se transforme en loup pour "jouer le rôle" de Vane, Bride dit qu’elle n’avait pas vu qu’il avait une tache "ici"… ou ça ici ? Sur la tête ? Le dos ? Le ventre ?... dans le texte originel, elle indique la patte arrière.

-p.176. Première grosse incohérence.
Contexte : Bride pense que Vane est un psychopathe et appelle Tabitha à la rescousse, celle-ci lui propose de se réfugier chez sa sœur Amanda. En lui précisant :

"C’est peut-être un tueur en série, mais s’il a entendu parler d’Amanda, il restera loin d’elle"… d’accooooord… enfin, elle est comptable quand même. Tabitha je veux bien qu’elle est une réputation de combattante mais Amanda ? Au point qu’un parfait inconnu sache qui est son mari ? Et d’ailleurs, Bride sait qu’Amanda connait Vane, et elle ne réagit pas ? Ça ne vous parait pas étrange ? Vous voulez la vraie scène ? La voici :

Bride hésita à l'idée d'aller chez Amanda.
   "Amanda connaît mon petit-ami psychopathe devenu tueur en série. Elle a même mis en place notre rendez-vous !
Tabitha émit un son dégoûté.
   -Tu m’étonnes. Mandy a toujours été mauvais juge de caractère. Putain ! Ne la laisse jamais te mettre en contact avec un mec.
   -Je pensais que c'était ce qu'ils disaient de toi, Tabby ?
   Tabitha l'ignora.
   -Tu sais, ça pourrait être une bonne idée pour toi de préparer un sac et de camper chez Amanda au moins pour ce soir, jusqu'à ce que nous en apprenions davantage sur ton ami tueur en série. S'il connaît Amanda, alors il en sait assez pour la laisser tranquille.

 

   Durant son combat contre Alastor, celui-ci envoie un éclair vers Tabitha qui heurte un mur… et elle n’est pas morte ? Sérieusement ?...
   Certainement parce que dans le texte d’origine il l’envoie bien contre un mur, mais par télékinésie, pas avec un éclair, mais la traductrice adooooore ajouter des éclairs. Tout le monde balance des éclairs quand la traductrice s’en mêle, même les humains qui n’ont pas de pouvoirs, (comme Styxx dans le livre 3, il est vachement fort ce mec pour un humain !).
   D’ailleurs Vane de déroge pas à cette règle (p.210), ce qui est tout à fait impossible puisque les Were-Hunters ne réagissent pas très bien à l’électricité, et ça ne fait pas partie de leurs pouvoirs.

 

Les expressions désuètes, et les mots qui imposent de prendre un dictionnaire :

Choir, au lieu de retomber (p.9)
Se goberger, au lieu de manger (p.11)
Les fâcheux, au lieu de tout le monde (p.51)… j’avoue là je n’ai pas compris le rapport.
Le goujat, au lieu du mec (p.110), en parlant de l’ex de Bride (qui d’après moi méritait un terme beaucoup plus grossier).
Atermoierait, au lieu de "remettait ça à longtemps" (p.134)
Se mettre martel en tête.

 

Les mêmes mots mais pas le même contexte :

   Ce qui est intéressant, c’est que très souvent la scène réécrite par la traductrice garde quand même quelques aspects du texte originel, mais placés différemment. Un bon exemple se trouve à la page 187, quand Vane se bat contre un démon du nom d’Alastor (je ne parle pas d'un Daimon, mais d'un démon, avec une minuscule contrairement à ce que dit la traductrice).

Dans la traduction vous pourrez lire ceci :
Vane se jeta sur Alastor, mais le Démon se volatilisa. Avant de disparaître, d’un coup d’épaule, il projeta Vane contre la porte avec une telle violence que le loup vit trente-six chandelles.

Texte d’origine :
Vane l'attrapa à bras le corps et essaya de le prendre au piège dans l'encadrement de la porte du hall. Avant qu'il n'ait pu le faire, le démon disparut et le laissa s'enfoncer dedans avec son épaule.

Il y a bien une histoire d’épaule quand même…

 

Et encore et toujours :

Les personnages qui bredouille, bégaient ou hésite en parlant (jamais dans la version américaine ou si peu).

Les insultes plus gentilles que les originales (pour ne pas froisser les lecteurs ?)

Quant à Nick, c’est peut-être un coureur de jupons, mais quand il parle de la gente féminine, il parle des filles, pas des nénettes (p.105).

 

Des exclamations et des points d’interrogations partout dans la narration. En plus de l’expression in petto (3 fois dans ce livre), ça semble être un tic d’écriture de la traductrice.
Elle en rajoute également beaucoup dans les dialogues. Comme par exemple quand Bride indique la moto de Vane à Tabitha, en lui disant juste Il est toujours là.
Une fois traduite, cette scène devient :

-La moto, Tabby !
-Hein ? Ah, cette moto, devant la boutique ? Qu’est-ce qu’elle a ?

 

Et la meilleure pour la fin !
Contexte : Vane quitte la maison de Kyrian en laissant Bride, persuadé qu’elle ne veut plus de lui. Dans le texte originel, on peut ensuite lire :
-Vane ! Viens vite !
Il s'arrêta en entendant la voix grave de Kyrian. À l'urgence qu’il entendait dans le ton de l'ancien Dark-Hunter.

Traduit ainsi :
-Vane ! Reviens ! Vite !
Kyrian ? Qui l’appelait ? Pourquoi ?

 

Dites-vous bien que dès que vous voyez ce genre de paragraphes ou de dialogues bourrés de ponctuations à outrance, c’est de l’invention de la part de la traductrice.
Mais au final, le livre reste à peu près bien traduit, si l'on fait abstraction des dialogues et des remarques parfois ridicules, et des comportements parfois peu naturel des personnages. C'est également le premier livre de la série dont le titre "Jeux Nocturnes", et la véritable traduction du titre originel "Night Play".

 

 

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