Note de traduction : Tout ce que vous verrez en vert est ce qui a été retiré par la traduction française.
Troisième chapitre que nous avons retraduit. Trop de changements y avaient été fait. Dans la version française, Styxx, le frère d'Acheron, devient un Dark-Hunter sous son commandement, Dev passe de videur à portier (on est dans un bar, pas un hôtel de luxe), le groupe de rock devient un orchestre (pas vraiment le même genre). Justin la panthère et Rudy un autre videur du club, deviennent tous les deux des frères Peltier (ce qui n'est pas le cas), tout comme Wren (qui est un tigard, pas un ours).

La confrontation avec l'ex-mari de Sunshine diffère, Talon n'intervient pas de manière aussi spectaculaire dans la version française, et se blesse de manière totalement illogique. La version française fait l'impasse sur le flashback concernant Talon, et dans l'explication qu'il en donne, il dit avoir tuer des femmes et des enfants (faux bien sûr, mais ça devait rendre la scène plus dramatique sans doute). En français, c'est Sunshine qui demande à Talon de la mordre pour "sceller leur union"... euh, ok, enfin là la traductrice se trompe de série, et en plus, dans la vraie version, elle ne lui demande rien du tout et ça n'a rien à voir avec le fait de sceller quoique ce soit.

Les dialogues ont changés dans la version française également, et les situations...
Prenez votre livre et comparez, vous verrez, c'est intéressant wink


Chapitre 15

 

   Ash serra les dents alors qu'Artemis passait ses mains dans ses longs cheveux blonds. Il ferma les yeux alors qu'il la regardait en dessiner les boucles entre ses doigts et l’agiter d'avant en arrière avec son doigt.
   -Je dois y aller, dit-il.
   Elle fit une moue séduisante, coulant sa main gracieuse sur sa poitrine nue, ses ongles grattant doucement sa peau. "Je ne veux pas que tu partes.
   -Libère-moi, Artie. Je dois trouver Styxx avant qu'il ne blesse quelqu'un d'autre. Il a presque tué Zarek hier soir.
   -Qui s’en soucie ? Zarek est mieux mort.
   -On peut dire ça pour la plupart d'entre nous.
   Elle ramena douloureusement ses ongles le long de ses bras, qui étaient fixés aux montants du lit par une paire de cordelettes dorées. 
   -Je déteste quand tu parles comme ça. Tu es si ingrat après tout ce que j'ai fait pour toi.

   Oh oui, elle avait tellement fait pour lui. Plutôt ce qu’elle avait fait de lui et très peu de fois de manière gentille ou agréable.
   -Ne m’oblige pas à briser tes liens, Artie.
   S'il utilisait ses pouvoirs pour délier ses cordes "spéciales", cela enverrait un signal à travers l’Olympe, alertant les autres dieux de sa présence dans son temple. Chaque fois qu'il la "visitait", ses pouvoirs étaient sérieusement restreints. Il pouvait faire des trucs dérisoires comme ouvrir des portes ou s'habiller et se déshabiller, mais n'importe quoi d'autre serait perçu par les dieux olympiens et les amènerait à enquêter sur la source inconnue de ce pouvoir.

   C'était la seule chose qu'Artémis craignait.
   -Tu aimerais ça, n'est-ce pas ? Pour que Zeus ou l'un des autres te trouve dans mon lit ?
   -Alors laisse moi partir.
   Les cordes d'or se déroulèrent de ses poignets. Ash soupira en bougeant ses bras pour la première fois depuis l'aube et laissa la circulation revenir dans ses mains.
   Une vague d'épuisement le frappa, mais il la balaya.
   Comme d'habitude, Artémis ne l'avait pas laissé dormir pendant qu'il était avec elle, et il était maintenant réveillé depuis deux jours d'affilée.
   Il était si fatigué, il ne voulait rien de plus que dormir.
   -Oh, devine ce que j'ai découvert pour toi, dit Artemis. Mon frère sans valeur, Dion, s'est lié avec le tien et avec le dieu Gaulois de la guerre, Camulus, dans une tentative de pouvoir. Est-ce une gaffe ou quoi ?
   Acheron se figea.
   -Qu'est-ce que tu as dit ?
   -Dion et Cam pensent qu'ils peuvent reprendre leurs divinités et ils utilisent ton frère comme meneur. Tu peux croire ça ?
   Elle rit.
   -Imagine, un dieu de la guerre gaulois oublié, mon frère, dont la seule prétention à la renommée est de boire du vin et de se coucher, et ton frère, dont la seule bonne note est qu'il te ressemble. Et ils pensent que le chou peut les conduire à la gloire. "Elle renifla, puis rit à nouveau. "J'ai hâte de voir ce que ces perdants ont prévu."

   Acheron la dévisagea. Elle pourrait sous-estimer leurs capacités, mais il avait une suspicion furtive de ce qu'ils avaient l'intention de faire.
   Le Mardi Gras, la barrière entre ce monde et celui où se trouvait la Destructrice Atlante serait mince.
   Il n’y avait qu’une seule raison pour qu’ils aient Styxx dans leurs plans...
   Ils voulaient libérer la Destructrice et la seule façon de le faire était de tuer Ash.
   D'une façon ou d'une autre, Ash allait s'assurer que ça n'arriverait pas.
   Mardi Gras arrivait, ils auraient tous un grande surprise en approche.
   Ils n'avaient aucune idée de qui et à quoi ils avaient affaire. La Destructrice était bien au-delà de leur capacité à commander ou contrôler. Une fois déchaînée, elle était la déesse antique la plus impitoyable que l’on puisse imaginer. Celle qui avait tué tous les membres de sa propre famille. Par la suite, elle aurait détruit toute la terre si elle n'avait pas été arrêtée et emprisonnée.
   Si Camulus et Dionysos pensaient négocier avec elle après qu'ils l'aient tué, ils se trompaient pathétiquement.
   Il sourit presque à la pensée d’eux essayant de la raisonner. La nuit du Mardi Gras serait sans doute intéressante.
   -Au fait, dit Artémis alors qu'elle était allongée nue sur le lit et faisait courir son pied nu le long de sa colonne vertébrale dans une longue et fraîche caresse, tes enfants ont été très mauvais pendant que tu étais ici.
   Ash arrêta de se frotter le poignet et la regarda.
   -Que veux-tu dire ?
   -En désobéissant directement à tes ordres, Zarek était dehors et plus tôt ce soir, lui et Talon se sont battus dans le Quartier Français.
   La colère l’inonda. 
   -Quoi ? Quand ?

   -Il y a environ deux heures.
   -Bon sang, Artémis, gronda-t-il. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
   Elle haussa les épaules et passa sa main sur ses seins nus dans le but d'attirer son attention sur elle.
   -Je t’aimais là où tu étais et je savais que si je te le disais, tu partirais.
   Ash la dévisagea. Son égoïsme ne connaissait pas de limites. En colère contre elle, il claqua des doigts et fit apparaître ses vêtements sur son corps. Il fit revenir ses cheveux noirs et attrapa son sac à dos sur le sol.
   -Je déteste cette couleur de cheveux sur toi, dit-elle d’un ton irrité en redonnant à ses cheveux une couleur blonde.
   Il se raidit.
   -Ouais, eh bien, la seule couleur que je déteste plus que le blonde c’est l’auburn.

   Il revint à ses cheveux noirs, puis fit en sorte que les siens aient une teinte correspondante.
   Son hurlement furieux résonna dans le temple alors qu'Ash se commandait mentalement de retourner à la Nouvelle-Orléans.

 
  Sunshine ressentit une montée d'adrénaline en approchant du bar des motards au 688, avenue Ursulines. C'était le meilleur endroit en ville pour rencontrer des amis, manger de la bonne nourriture et trouver toutes sortes de choses amusantes à faire.
   -Tu ne m'as pas dit que nous allions au Sanctuary.
   Talon fronça les sourcils.
   -Tu connais le Sanctuary ?
   -Chérie, il n'y a pas une seule femme dans cette ville qui ne connaisse pas le Sanctuary, la Terre des Dieux Fabuleux. Hé, moi et mes copines ont voulaient se réunir et voter pour que Mama Lo ait un prix pour sa politique contre l'embauche d'un homme pas parfaitement beaux et musclés.
   Elle remarqua la grimace offensée sur son visage et ne put s'empêcher de rire.
   -Non pas que tu ne sois pas dans cette catégorie. Tu peux certainement rivaliser contre les Sulfureux de Sanctuary. Mais avoue-le, tu n’as jamais remarqué que cet endroit est comme phare pour les femmes ?

   -Non. Je peux honnêtement dire que je n'ai jamais remarqué à quel point les hommes du Sanctuary sont beaux. Je ne m'en suis jamais soucié.
   L'extérieur du club était un bâtiment typique de la Nouvelle-Orléans qui avait été construit en 1801. La couleur de la brique était couleur rouille et une énorme pancarte se balançait au-dessus des anciennes portes de type saloon. Il montrait une pleine lune se levant au-dessus d'une colline où une moto était garée et proclamait fièrement cet endroit comme le Sanctuary, Maison des Howlers - les Howlers étant le groupe en place dans le club, et était aussi un groupe d'hommes puissants.
   Le bar était ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, et appartenait à la famille Peltier. La propriétaire, Mama Lo, avait eu onze fils viril qui encore une fois justifiait que cette femme ait un prix pour avoir embellit la ville.
   Chacun d'eux était un spécimen masculin de premier ordre garanti pour laisser une femme pantelante.
   Dev Peltier était à la porte quand ils entrèrent. Un videur régulier, il était l'un des quadruplés de la famille. Sunshine n'avait jamais rencontré une femme qui ne voulait pas prendre l'un des quads à la maison. D'ailleurs, elles voulaient les ramener à la maison et les utiliser comme serre-livres dans la chambre. Seulement, ce n'étaient pas des livres que ses amies voulaient prendre en sandwich entre les quadruplés.
   Dev avait une paire d'yeux bleus perçant et de longs cheveux blonds ondulés qui tombaient au milieu de son dos. La seule chose qui lui faisait savoir que c'était Dev par opposition à l'un de ses frères était le tatouage de l'arc et de la flèche sur son bras.
   Elle s'interrompit en réalisant qu'il était identique à la marque sur l'épaule de Talon.
   -Hey, mec, dit Dev dans cet accent chaud et chantant qui était un croisement entre Français et Cajun quand il aperçut Talon. Les deux se tapèrent dans la main.
   -Où t'étais passé ?

   -En vadrouille. Et toi ?
   Dev lui fit un sourire mauvais. 
   -Principalement dedans et dehors.
   Talon se mit à rire.
   -Je ne voudrais pas y aller.
   Dev la regarda et lui fit un clin d'œil. 

   -Hey, petite Sunshine, pourquoi tu traînes avec ce perdant ? Tu as perdu un pari ou quelque chose dans le genre ?
   -Ou quelque chose dans le genre, dit-elle avec un sourire. 
   -Tu connais Dev ?
   Lui demanda Talon, son corps devenant rigide comme si cette pensée le rendait jaloux.

   -Ouais, répondit Dev avant qu'elle ne le puisse. Elle vient tout le temps. Elle et Aimée jouent au billard dans le fond.
   -Tu viens ici seule ?
   Sunshine tapota Talon sur l'épaule. "Tu veux bien arrêter ? Tu n'es pas mon père et personne ne me dérange ici grâce à Dev et à ses frères.
   -C'est vrai, Talon, tu connais ma politique. Personne ne harcèle une femme au Sanctuary à moins qu'elle ne veuille être harcelée.
   -L'exception étant Aimée, Sunshine n'avait pas pu résister. Seule fille du grand clan Peltier, Aimée ne pouvait pas approcher un homme sans qu’un de ses frères ou son père vraiment grand et bien musclé ait un accident vasculaire cérébral.
   -Putain non !
   Dev inclina la tête vers le cercueil qui était planté dans le coin du club juste au moment où l’on passait la porte.
   -C'est le dernier crétin qui a demandé un truc à ma sœur.

   Talon rit à nouveau.
   -Il y a un autre endroit où je ne veux pas aller. Je cherche Eros, il est déjà ici ?

   -À l'étage dans la réserve, jouant au poker avec Rudy, Justin et Etienne.
   -Merci.
   Talon la conduisit à travers la moitié avant du bar où des tables et des cabines étaient disposées pour manger. L'endroit était plutôt bondé ce soir et la musique des Howlers était bruyante et tapageuse.

   -Hé, Talon, cria Sunshine à son oreille. Pourquoi toi et Dev avez-vous la même marque d'arc et de flèche sur le corps ?
   Il jeta un coup d'œil à l'endroit où Dev se tenait à la porte. 
   -Dev pense que c'est marrant qu'il porte la marque d'un... Sa voix s'évanouit, mais elle capta son non-dit par la lueur dans ses yeux.

   La marque de l’arc devait être le signe distinctif d'un Dark-Hunter. 
   -S’en est un aussi ?

   -Non, il est d’une race entièrement différente.
   La compréhension la frappa. "Une race comme Vane ?
   Il s'arrêta et baissa la tête pour pouvoir parler sans être entendu. 
   Oui, et en même temps, non.
   Donc il devait être un animal-garou d'un genre différent.

   -Est-ce que ça veut dire que toute sa famille est capable de changer... - elle changea sa phrase quand un client s'approcha trop près - leurs vêtements en quelque chose de complètement nouveau ? Finit-elle.
   Il acquiesça.
   Hou la la ! Qui savait cela? Toute une famille-Garou dirigeait l'un des endroits les plus populaires de la ville. Très chic.
   Talon se redressa et se dirigea vers l'arrière salle où les tables de billard étaient installées. Il y avait un escalier en pins ornés qui menait à la zone au-dessus, où des tables supplémentaires étaient installées pour que les gens puissent manger et regarder le groupe pendant qu'ils jouaient en dessous.
   Même l'étage était plein ce soir.
   Sans s'arrêter, Talon la conduisit au milieu des clients et se dirigea vers la dernière table à gauche, dans un coin.
   Cinq personnes y étaient assises et quatre d'entre elles jouaient au poker. Etienne Peltier était plus maigre que son frère aîné Dev, mais pas moins musclé. Il avait des cheveux blonds, droits et longs jusqu’aux épaules, et un visage qu'on ne pouvait qu'appeler angélique. Mais comme Sunshine l'avait appris plus d'une fois, le diable lui-même résidait dans ce beau corps. Personne ne voulait croiser Etienne.
   Rudy St. Michel était assis à côté d'Etienne. D'apparence moyenne, il ressemblait à un vagabond typique de la Nouvelle-Orléans avec de longs cheveux noirs et des tatouages ​​colorés couvrant chaque centimètre de chair visible. Il avait commencé à travailler ici il y a environ un an et était responsable des jeux d'arcade en bas.
   Un autre videur, Justin Portakalian, était adossé au mur et l’une de ses longues jambes moulée dans du cuir était tendue sur une chaise en bois alors qu'il tendait deux cartes à Rudy. Il était aussi beau que n'importe lequel des Peltiers, avec des cheveux bruns foncés de longueur moyenne et des yeux noisette qui brillaient de malice. Un mètre quatre-vingt quatorze et avec une mauvaise attitude qui redéfinissait le terme, c’était quelqu'un que Sunshine avait toujours essayé d'éviter. Il ne parlait pas beaucoup et avait jeté son dernier petit ami par la porte arrière. Littéralement.
   Elle avait également entendu une rumeur selon laquelle Justin était sorti de prison pour meurtre, et quelque chose au sujet de son comportement instable ajoutait une certaine crédibilité à cette spéculation.
   Elle ne connaissait pas les deux autres personnes. L'un d'eux était un motard blond qui tenait une belle rousse à peine vêtue sur ses genoux. Il leva les yeux, vit Talon et son sourire disparut de ses lèvres.
   -Que fais-tu ici, le Celte ?
   -J'ai besoin de te parler.
   -Tu ne vois pas que je gagne ?
   Talon regarda les jetons de poker près de son coude.
   -Oui, et je peux aussi voir que tu triches.
   -Quoi ?
   Les autres hommes étaient soudainement animés.

   -Talon, espèce de con ! Le blond s'éclaircit la gorge. Il plaisante. Donnez-moi une minute, d'accord ?
   Rudy gronda vers Justin et Etienne alors qu'il ajustait les cinq cartes dans ses mains. "Je ne sais pas pourquoi vous vous plaignez les mecs. Vous trichez tous les deux aussi.
   Etienne sourit, de ce charmant sourire diabolique tandis que Justin lançait un regard bien moins amusé sur Rudy.
   Le motard blond commença à sortir de table, puis revint rapidement en arrière et se saisit de ses cartes.
   -Au cas où, dit-il aux autres.
   Dès que le blond revint vers eux, Talon les présenta.
   -Sunshine, voici Eros et Psyché. Sunshine les regardait avec curiosité.

   -Ils pensent juste que ce sont des noms sont mignons, non ? Ils ne sont pas vraiment Eros et Psyché.
   Eros lui lança un regard furieux.
   -Pourquoi est-ce qu’elle me parle ?
   -Cupidon, dit Talon avec une note d'avertissement dans sa voix. Soit gentil. 
   Il se tourna vers Psyché.
   -Tu veux bien s'il te plaît me rendre service, Psyché, et t’occuper de Sunshine pendant que je traite avec son mari ?

   -Bien sûr, chérie.
   Psyché drapa son bras sur les épaules de Sunshine.
   -Allez, allons voir quel genre de problème nous pouvons avoir en bas."

   Sunshine suivit Psyché jusqu'à l'escalier ornemental qui menait à l'étage inférieur, non loin de la scène. Toute la zone était bondée de danseurs et de gens qui voulaient entendre les Howlers chanter, et de femmes qui voulaient juste lorgner sur les magnifiques membres du groupe.
   Elle et Psyché allèrent à une table de billard où un gars nommé Nick Gautier faisait une partie avec Wren, l'un des serveurs du Sanctuary. Wren était un type tranquille et timide qui répandait une aura autour de lui qui disait qu'il préférait être invisible. Pourtant, il y avait quelque chose de dangereux chez lui. Un peu comme s'il se battrait volontiers contre quelqu'un d'assez stupide pour déranger son espace personnel.
   Ses cheveux blond foncé étaient longs, et il les portait dans un style qui n'était pas tout à fait des dreadlocks, mais pas quelque chose qui en était loin non plus. Ses yeux étaient si pâles qu'ils semblaient presque incolores.
   Quant à Nick Gautier, Sunshine l'avait rencontré ici quelques fois. Sa mère était l'une des cuisinières et il venait souvent dîner et jouer une partie de billard avec Wren.
   -Salut, mesdames, dit Nick avec son léger accent cajun.
   Psyché prit la queue de billard de sa main.
   -Prends tes boules, Nick. Nous voulons jouer.

   Nick rit.
   -Psych, une chose qu'une femme ne devrait jamais dire à un homme de faire est de prendre ses boules.

   L'ignorant, Psyché regarda Wren.
   -Ça ne te dérange pas au moins ?
   Wren secoua la tête et tendit sa queue de billard à Sunshine. Sans un mot, il disparut rapidement dans la foule.
   -Je ne voulais pas vous déranger, dit Sunshine à Nick. 
   -Ah, ne t'en fais pas pour ça. Wren et moi jouons beaucoup. Il avait besoin de retourner à la cuisine de toute façon. Et vous mesdames vous voulez quelque chose à boire ?
   -Une bière, dit Psyché.
   -De l’eau.
   Il acquiesça et partit.
   Sunshine le regarda pendant que Nick naviguait dans la foule. Elle se retourna vers Psyché.
   -Alors toi et Eros venez souvent ici ?
   Elle acquiesça.
   -Je t'ai déjà vu quelques fois ici. Tu sors habituellement avec Aimée et une fille aux cheveux noirs.

   -Trina.
   -C'est elle.
   Psyché saisit la bille blanche et l'aligna.
   -Oui, dit-elle en tirant son coup, envoyant six balles dans les poches.
   -Je suis une déesse et Eros est un dieu.

   -Comment avez-vous su…
   -Je suis une déesse. Je peux entendre toutes les pensées dans ta tête.
    Elle sourit à Sunshine pendant qu'elle lui mettait de la craie sur le procédé de la queue.

   -C'est un fait vraiment inconfortable à savoir.
   -Psyché a soufflé sur le bout, mit la craie de côté, puis frappa trois autres balles dans les poches. "Et parce que je sais ce que tu penses, la réponse est oui.
   -La réponse à quoi ?
   -Que Talon t’aime ou non.
   Sunshine grimaça alors que Psyché coulait le reste des boules sur la table. 
   -Je ne sais pas. Il y a des moments où j'ai le sentiment qu'il ne peut pas me parler de Nynia. Je pense qu'il l'aime plus que moi.

   Psyché rassembla encore les boules. 
   -Ne t’offenses pas, mais c'est stupide. Toi et Talon êtes des âmes sœurs. Il t'aimera toujours peu importe qui ou ce que tu es. Toi, lui, pourriez revenir en tant que baleine à bosse et il t’aimerait. Il n’y peut rien. Vous êtes tous les deux destinés l'un à l'autre.

   -Oui mais…
   -Il n'y a pas de mais, Sunshine.
   Elle bougea pour se tenir devant elle.
   -Je suis la déesse des âmes et des âmes sœurs. Contrairement aux autres dieux olympiens, je sais quand je vois deux personnes qui ont été créées l'une pour l'autre. Si toi et Talon mouriez ce soir et renaissiez plus tard aux extrémités polaires de la terre, tôt ou tard vous vous réunirez tous les deux. C'est le truc avec les âmes sœurs. Seul, tu peux survivre, bon sang, tu peux même être avec d'autres personnes, mais aucun d'entre vous ne sera jamais complet sans l'autre.
    Elle jeta un coup d'œil à l'étage où ils avaient laissé les hommes.
 
   -Vous pouvez tout les deux combattre ça. Mais tout ce que vous allez faire, c'est vous rendre malheureux. 
    Elle tapota l'épaule de Sunshine. 
   -Je sais que tu ne me crois pas. Je sais que ça prendra du temps avant de l'accepter. Et cela étant dit, le problème avec votre relation n'est pas de savoir s'il t’aime ou non. C'est qu'il ne peut même pas penser à cette idée.

   -Pourquoi ?
   -Parce qu'à la minute où il le fera, Camulus va te tuer. Talon le sait. Il ne se laissera pas aller à aimer de peur d’apporter la mort à nouveau.
   Sunshine ravala ses mots. On en revenait toujours à ce dieu celtique violent et désagréable. -Y a-t-il un moyen de contourner Camulus ?
   -Peut être.
   -Peut être ? C'est le mieux que tu puisses faire ?
   -Hey, c'est mieux que non.
   C'est vrai, mais elle voulait encore plus d'espoir que ça.
   -Et Artémis ? Demanda Sunshine. Même si nous passons outre Camulus, qu'en est-il d'elle ?
   Psyché tordit sa queue de billard dans ses mains alors qu'elle pensait à ce fait à ne jamais oublier.
   -Elle est rusée. Avec elle, tu devras négocier très soigneusement.
   -Alors c'est possible que je puisse lui parler ?
   -C'est possible.
   L'esprit de Sunshine tournoya à cette pensée. Pourrait-il vraiment y avoir de l'espoir pour eux ?

 

   Talon conduisit Eros dans la réserve et ferma la porte. Quinn Peltier avait insonorisé la pièce il y a quelques dizaines d'années pour s'assurer que les Peltier et d'autres amis sélectionnés puissent avoir une vie privée en urgence s'ils en avaient besoin.
   A l'origine, la salle avait été conçue comme lieu de détention dans le cas où l'un d'entre eux se serait accidentellement transformé en ours alors que le club était occupé, mais avec le temps, l'un des frères pouvait aussi y emmener une femme consentante. S’ils avaient une démangeaison qui ne pouvait pas attendre.
   Mais c'était une autre histoire.
   Talon alluma le faible éclairage au plafond et fit face à Eros. 
   -J'ai besoin d'une faveur.

   -Une faveur, bon sang. Tu ne sais pas que je suis supposé vaporiser tout Dark-Hunter qui s'approche de moi ?
   Talon le regarda drôlement.
   -Je m'en souviendrai la prochaine fois que tu veux m'emprunter de l'argent au poker sans que Psyché le sache.
   Eros eut un sourire bon enfant.
   -Bon point. D'accord, que puis-je faire pour toi ?

   Talon hésita. Silencieusement, il pria Eros de lui donner une réponse autre que celle qu'il craignait.
   -Connais-tu le dieu celte Camulus ?
   Eros haussa les épaules.
   -Pas vraiment. Il court avec Arès, Kel, Ara, et ces autres dieux de guerre. Étant le dieu de l'amour et de la luxure, je n'ai pas tendance à m'associer avec eux. Pourquoi ?
   -Parce que j'ai été maudit par lui et je voulais savoir s'il y avait un moyen pour moi de briser la malédiction.
   -Honnêtement ?
   -Oui.
   -Plutôt pas. En règle générale, les dieux de guerre ne pardonnent pas vraiment. Cela vient en quelque sorte de toute cette mentalité de destruction de masse. Mais cela dépend de ce que tu as fait et de ce qu'il a utilisé comme malédiction.
   -J'ai tué son fils et il m'a interdit d'aimer un humain. Quand je le fais, il le tue.
   -Oooh, souffla Eros. Désolé, mec, mais quelque chose comme ça, vous pouvez oublier la clause de retrait. La vengeance coule profondément dans les os des dieux de guerre.
   Maintenant, si tu avais le sang d'un dieu en toi, tu pourrais avoir un effet de levier. C’est le cas ?
   -Non. Je suis complètement humain, avec du sang de sage.
   -Alors tu es totalement foutu.
   Talon serra les dents à cette vérité, même s'il n'en était pas surpris. Il n'avait pas réalisé jusque-là qu'il avait commencé à voir un avenir pour lui et Sunshine.
   Que dans le fond de son esprit il y avait vraiment eu de l'espoir.
   Mais c'était futile.
   -Il n'y a aucun moyen de garder Sunshine.
   Il n'avait pas réalisé qu'il avait parlé à voix haute jusqu'à ce qu'Eros dise :
   -Si tu l'aimes, alors je suis sûr qu'elle paiera pour ça.
   Talon se préparait à ce qu'il devait faire. Même si cela lui arrachait le cœur et lui donnait envie de pleurer. Il savait qu'il devait le faire.
   C'était le seul moyen de la protéger.
   -Bien alors. J'ai une dernière requête.
   Eros lui fit un regard compréhensif.
   -Tu veux que je te tire dessus avec la flèche de plomb pour tuer votre amour.
   Il acquiesça.
   Eros tira de son cou son arc mis en pendentif et l'agrandit.
   Talon lui saisit la main en le pointant sur lui.
   -Pas encore. D'accord ? Je veux juste un peu plus de temps avec elle. Tu peux attendre jusqu'à minuit ?
   Rétractant l'arc à la taille du collier, Eros hocha la tête et tapota Talon sur l'épaule.
   -L'amour mord, mec. Crois-moi, je le sais.
   Talon pensa à Psyché et ressentit un pincement de jalousie.
   -Ouais, mais tu peux garder ton amour.
   -Vrai. Je suis sacrément chanceux sur ce point.
   Eros se déplaça comme si quelque chose l'avait mis mal à l'aise.
 
   -Où veux-tu que je tire ?

   -Quelque part où ça ne fera pas mal.
   Eros roula des yeux.
   Talon répondit sérieusement.
   -Le Runningwolf's Club. Je l'y aurai emmené à minuit.
   Hochant la tête, Eros fit deux pas.
   -On se voit à minuit.
   -Merci, Eros. Je te le devrais.
   -Oui, tu me le devras.
   Talon inclina la tête dans une compréhension mutuelle. Maintenant, il était redevable à Vane et Eros. Au rythme où il allait, il risquait de perdre beaucoup plus que son âme avant que tout soit dit et fait.
   Il pria juste pour qu'à la fin, Sunshine ne perde pas la vie.
   Mais il ne penserait pas à ça maintenant. Il n'avait plus que quelques heures à passer avec la femme qu'il aimait.
   Il voulait profiter du peu de temps qu'ils avaient avant d'apprendre à le détester. 



   Talon quitta la pièce et s'arrêta lorsqu'il aperçut Sunshine en bas jouant au billard avec Psyché.
   Elle était si belle là-bas. Les lumières de la scène jouaient sur ses cheveux noirs comme la nuit. Et son corps luxuriant et doux... C'était la perfection.
   Sunshine était tout pour lui.
   Les pensées de Talon se dispersèrent quand il réalisa qu'un homme mince de taille moyenne parlait à Sunshine et qu'elle n'avait pas l'air très heureux.
    Soudainement, leur conversation s'intensifia en un combat verbal. Sunshine était très animée alors qu'elle poussait l'homme avec son doigt et le repoussait.
   Psyché posa sa queue de billard et se plaça entre eux.
   Talon vit rouge.
   Sans penser aux clients ou à autre chose que Sunshine, il posa la main sur la rampe et balança ses jambes par-dessus pour atterrir à l'étage inférieur.
   Les gens du rez-de-chaussée hoquetèrent et se dispersèrent.
   La douleur monta dans sa jambe et s'aggrava quand il fit un pas. Talon s'en fichait. La seule chose qu'il vit fut le visage affligé de Sunshine. Le seul son qu'il entendait était sa voix en colère.
   -Comment peux-tu faire ça, Jerry, espèce de serpent !
   -Je te l'ai déjà dit, Sunny, tout n’est qu’affaires.
   -Mais c’était mon client. Je me suis assise là toute la journée aujourd'hui en attendant de le voir.
   -Ouais, eh bien, tu dors, tu perds.
   -Voici un autre dicton, dit Talon, attrapant le gars et le tournant pour le regarder en face. Personne ne dérange ma copine.
   Sunshine se figea au regard de Talon. C'était vraiment effrayant. Il regarda Jerry comme s'il était un steack.
   -Tout va bien, Talon, dit-elle, ne voulant pas qu'il ait des ennuis ou, pire, soit arrêté pour avoir battu cette limace.
   Elle pouvait dire par l'expression de Jerry qu'il mourrait d'envie de dire quelque chose de sarcastique, mais la taille et la férocité de Talon gardaient ses lèvres scellées.
   Elle prit le bras de Talon.
   -Allez, bébé, allons-y.
   Talon voulait vraiment déchirer le gars en deux. Comment osait-t-il voler le client de Sunshine ? Il savait ce que cela signifiait pour elle.
   Sa colère se brisa et siffla, contrant le contrôle qu'il utilisait pour le maintenir en laisse.
   -Qui est cette merde ? Demanda Talon à Sunshine.
   -J'étais son mari, et vous ?
   Les yeux de Talon s'embrasèrent.
   -Idem.
   Jerry n'aurait pas pu être plus choqué si Talon l'avait frappé.
   Talon regarda Sunshine. Une partie de lui se sentait extrêmement trahie par le fait qu’elle ait épousé quelqu'un d'autre. Cela n'avait pas d'importance qu'elle n'ait eu aucune idée de leur vie passée ensemble.
   Ça faisait encore mal.
   Ses yeux s’excusèrent auprès de lui.
   -J'allais te le dire.

   -Quand, Sunshine ?
   Elle se retourna et jeta un coup d'œil à Jerry.
   -Tu es un abruti. Je ne peux pas croire que j'ai été assez stupide pour t'épouser.
   Elle s’apprêta à traverser la foule maintenant silencieuse.
   -Hey, Sunny, l'appela Jerry. Assures-toi d'aller chez Fallini et d'admirer mon travail. Rappelles-toi quand tu regarderas ce que le meilleur artiste a gagné.
   Talon vit les larmes dans ses yeux.
   Son humeur explosa.
   Tournant les épaules, il se retourna et frappa si fort Jerry qu'il le renversa. Il atterrit avec un bruit sourd sur la table de billard, envoyant des boules de billard rouler et rebondir un peu partout.
   Plusieurs membres du clan de l'ours jurèrent alors que les caméras clignotaient.
   -Gardes un profil bas, Celte, dit Justin à côté de lui.
   Talon ignora la panthère. Il prit la main de Sunshine et la conduisit à travers la foule.
   Nick les croisa à la porte.
   -Mec, Ash va flipper quand il découvrira ça. Je ne peux pas croire que tu aies fait quelque chose comme ça avec la foule du Mardi Gras pour en être témoin. Tu es pire que Zarek.

   -Assures-toi juste de tout mettre en ordre.
   -Nettoyer le bordel. Tu sais combien de caméras ont simplement capté le coup de ton saut depuis l’étage ? Ma mère pense maintenant que tu utilises les médicaments qu'elle soupçonne Kyrian de vendre. Nous sommes foutus. Ma vie est grillée. Je suis sur le point de devoir participer à des réunions concernant les trafiquants de drogue... encore une fois. Ma mère, bénit soit son cœur, est si naïve, elle ne réalise même pas qu'elle travaille pour les ours. Je suis totalement foutu.
   -Ne t'en fais pas, dit Dev en les rejoignant. Nous sommes derrière toi, Celte. Le nettoyage des indiscrétions est notre spécialité. Aucun humain ici ne s'en souviendra demain et nous veillerons à ce que rien d'électronique ne montre quoi que ce soit non plus. Tout le monde sera ravit de voir que tout ce qu'ils ont eu en photo n'était qu'une grosse tache noire.
   -Et moi ? Demanda Nick. Je ne veux pas de vos trucs dans mon esprit.
    -J'ai dit les humains, Nicky.
   Nick avait l'air extrêmement offensé.
   -Merci, déclara Talon à Dev.
   -De rien. Je te verrai demain pour Mardi Gras.
   Talon inclina la tête vers l'ours et conduisit Sunshine à l'extérieur même si toute sa jambe semblait avoir été brisée par le saut.
   Une fois qu'ils furent dans la rue, il l'a confronta. 
   -Tu étais mariée ?

   -C'était il y a sept ans, Talon. J'étais jeune et stupide.
   -Tu étais mariée, répéta t-il. À lui.
   Sunshine prit une profonde inspiration et soupira.
   -Oui.
   -Je ne peux pas le croire.
   -Oh, allez, Talon, donne-moi un instant. Ne me reproche pas quelque chose alors qu’à ce moment je n'avais aucune idée que tu existais. Si quelqu'un a le droit d'être fou maintenant, je pense que ça devrait être moi.
   -Excuse-moi.
   -Selena m'a parlé de toi. Comment tu as eu à peu près toutes les femmes de la Nouvelle-Orléans. Tu veux me parler de ça ?
   -C'était différent.
   -Pourquoi ? Parce que je suis une femme ? Tu savais que je n'étais pas vierge, Talon. A quoi est-ce que tu t’attendais ?
   Talon ne le savait pas. Mais alors, ça n'avait pas vraiment d'importance.
   Après ce soir, elle le détesterait quand même. La dernière chose qu'il voulait était de passer la soirée à se battre avec elle.
   C'était tout le temps qu’il leur restait.
   -D'accord, Sunshine. Tu as raison. Je suis désolé.

   Sunshine était stupéfaite. C'était la première fois qu'elle connaissait un type qui abdiquait si facilement.
   -Tu l’es vraiment ?

   -Oui, dit-il en la regardant de ses yeux sincères. Je ne veux pas me battre, d'accord ? Oublions-le et allons manger.
   Elle porta sa main à ses lèvres et embrassa ses jointures.
   -Ça m'a l'air bien.
   Alors qu'ils se dirigeaient vers un petit café sur Iberville, elle remarqua qu'il avait une légère boiterie.
   -Est ce que ça va ?
   -Ouais, je me suis juste tordu la jambe quand j'ai sauté par-dessus la rambarde, dit-il.
   -Chaque fois que je me fâche, j'ai tendance à perdre mes pouvoirs de Dark-Hunter, et sans eux, mon corps devient humain.
   -Tu as besoin d'un docteur ?
   Il secoua la tête.
   -Tant que je reste calme, elle devrait guérir pendant que nous mangeons.
   Talon la garda près de lui tout le temps qu'il leur fallut pour atteindre le restaurant et s'asseoir. Il mémorisa tout à son sujet. Il se souviendrait toujours d'elle comme ça et ces souvenirs vivraient en lui avec ceux qu’il avait de Nynia.
   Ou perdrait-il ces souvenirs quand Eros lui tirera dessus ?
   Est-ce que son esprit allait les déformer pour qu'il ne puisse plus l'aimer ?
   Son estomac se noua à cette pensée. Qu’est-ce que ce serait de ne pas avoir le réconfort de ses souvenirs de Nynia et de Sunshine ?
   Ne pas se souvenir de la douceur de son toucher, de l'odeur du patchouli sur sa peau ?
   La façon dont ses yeux s'éclairaient chaque fois qu'elle le regardait ?
   Serrant les dents, il essaya de ne pas y penser ou de ressentir la douleur dans son cœur. Ce n'était pas à propos de lui et de ce qu'il risquait de perdre.
   C'était à propos d'elle.
   Il devait faire ça pour elle.
   Elle était assise dans la cabine en face de lui, la tête penchée pendant qu'elle mangeait. La lumière des bougies reflétait l'obscurité de ses cheveux, donnant à sa peau un bronzage crémeux. Un bronzage crémeux qui lui donnait l’eau à la bouche comme un avant-goût.
   Talon observa les gestes gracieux de ses mains alors qu'elle découpait sa salade de pois chiches et la mangeait. Il aimait ces longs doigts effilés. Aimait les taquiner avec sa bouche, les sentir sur son corps.
   -Qu'est-ce qui t’as donné envie d'être une artiste ? Demanda-t-il.
   -J'aime travailler avec mes mains.
   Il se pencha en avant et prit sa main gauche dans la sienne. Il en étudia la courbe délicate, la façon dont il la sentait si délicate dans sa paume.
   -Tu as de si belles mains.
   Elle sourit et pressa sa main avec la sienne.
   -Je te remercie. Ils sont la chose la plus précieuse qu'un artiste puisse avoir. J'avais l'habitude de faire des cauchemars où il leur arriverait quelque chose, une grave cicatrice ou une brûlure qui m'empêcherait de les utiliser pour la poterie ou le dessin. L'art est ma vie. Je ne sais pas ce que je ferais si je ne pouvais pas créer.
   Talon ferma les yeux alors que l'agonie le submergeait. Ses émotions se mélangèrent, mais il les força à se calmer. Il le devait.
   L'horloge tournait pour eux.
   Sunshine lui tendit une bouchée de sa salade et il fit de son mieux pour ne pas grincer des dents.
   -Pourquoi tes yeux ne sont plus ambrés ? Demanda-t-elle.
   Il avala sa bouchée et prit un verre de vin.
   -Une partie du lot de ce qu’obtiennent les Dark-Hunters. Nous sommes devenus des prédateurs afin que nous puissions traquer et tuer les Daimons. Nos yeux deviennent noirs et se dilatent beaucoup plus que les yeux humains pour que nous puissions voir dans les ténèbres.
   -Et tes crocs ? Tu les utilises pour sucer le sang ?
   Il secoua la tête.
   -Non. Le sang n'a jamais été à mon goût. Les crocs font aussi partie du lot.
   -Et tu aimes ce que tu fais ?
   -Il y a des moments où c'est amusant et stimulant et parfois c'est ennuyeux. Pour la plupart du temps, cela ne me dérange pas.
   Elle semblait l'accepter.
   Elle mangea pendant quelques minutes avant de parler à nouveau.
   -Talon, pourquoi as-tu abandonné ton âme ?
   Il détourna les yeux. Dans son esprit, il pouvait voir ce jour si clairement. Il était allongé sur l'autel, les mains attachées au-dessus de la tête, la poitrine nue et marquée de sang des symboles sacrificiels. C’était une journée fraîche et tous les membres de son clan étaient là. Vêtu de robes noires, le prêtre druide l'avait regardé et avait un sourire cruel.
   -Saisissez Ceara.
   Les mots de son cousin avaient résonnée dans sa tête. Il lui avait fallu une minute entière avant de comprendre ce qui se passait. Horrifié, Talon avait vu ses hommes saisir les bras de sa sœur.
   -Speirr ! Aide-moi, bràthair, s'il te plaît !
   Il s'était battu contre les cordes jusqu'à ce que ses poignets saignent et le brûlent. Il leur avait hurlé de la libérer.
   Comme un animal en cage, il avait essayé de l'atteindre.
   Encore et encore, elle cria.
   -C'est la volonté des dieux que vous mouriez tous les deux pour ce que votre mère a fait. Son cousin avait enfoncé son poignard dans le cœur de Ceara.
   Elle avait regardé Talon, les yeux terrifiés et remplis de larmes alors qu'elle luttait pour respirer.
   Pire que tout, il avait vu la déception dans ses yeux.
   Elle avait cru en lui, avait confiance en lui pour la protéger.
   Les hommes l'avaient relâchée et elle avait trébuché sur le sol, atterrissant sur ses mains et ses genoux.
   -Speirr ? Sa voix avait tremblé alors qu'elle tendait une main ensanglantée vers lui.
   -Je ne veux pas mourir," murmura-t-elle, sa voix était celle d'une enfant.
   Elle mourut devant ses yeux.
   Haletant de fureur, il avait laissé s'échapper son cri de guerre, puis il les avait tous maudits. Il en avait appelé à la colère de la Morrigane et elle l'avait ignoré.
   C'était Artémis qui avait répondu à son cri de vengeance.
   La dernière chose qu'il avait vue était le Druide retenant sa tête en arrière, puis faisant passer le couteau sur sa gorge. 

   Talon respira profondément et il chercha à enterrer ces souvenirs. C'était le passé et maintenant il avait Sunshine à surveiller.
   -C'était une colère juvénile, dit-il avec un calme qu'il ne ressentait pas. J'avais tellement perdu en si peu de temps, ma tante, mon oncle, toi et notre fils. Après que je t'ai perdu, je me suis promené couvert de chagrin. J'ai lutté contre à chaque minute de chaque jour. La seule chose qui m'a permis de continuer était de savoir que le clan et Ceara avaient besoin de moi. Quand les Druides sont venus me voir et m'ont dit que je devais abandonner ma vie aux dieux pour protéger le clan, c'était en fait un soulagement. Je n'ai pas hésité à leur permettre de me placer sur l'autel des sacrifices.
   Talon serra les dents en voyant à nouveau sa sœur dans son esprit. La façon dont elle avait regardé ce jour-là.
   -Ceara pleurait, mais elle essayait d'être forte. Tout se passait comme prévu, jusqu'à ce que Murrdyd se tourne vers elle et dise à mes hommes de la saisir. Il a dit que nous devions tous deux mourir pour apaiser les dieux.
   -C’était la vérité ?
   -Non. Il voulait être roi. Il avait besoin de Ceara et de moi, puisque nous étions des héritiers légitimes. Je peux comprendre qu'il voulait me tuer, mais il n'avait pas à tuer Ceara. C'était une injustice que je ne pouvais pas supporter.
   Elle plaça sa main sur la sienne.
   -Bébé, je suis tellement désolé.
   Il lui serra la main alors qu'il clignait des yeux contre l'agonie qu'il ressentait. Le seul réconfort qu'il ait jamais connu dans sa vie était le contact de cette femme.
   -Eux aussi à la fin.
   -Qu'est-ce que tu as fait ?
   Talon s'éclaircit la gorge alors qu'il essayait d'effacer les souvenirs de cette nuit. Les regrets. Il avait été comme un monstre à l’idée fixe qui faisait rage dans son village.
   La seule pensée dans son esprit avait été d'atteindre son cousin.
   Faire payer ce bâtard.
   -J'ai traversé le village en tuant tous les hommes qui se trouvaient entre moi et ceux qui avaient tué Ceara. Les femmes et les enfants ont fui pendant que je me frayais un chemin vers Murrdyd. Après que je me sois vengé de lui, j'ai brûlé tout le village.
   -Et tu as servi Artémis depuis ?
   Il acquiesça.
   -Tu l’as déjà rencontrée ?
   -Juste la fois où elle est venue négocier avec moi pour mon âme. Elle m'a rencontré dans le Néant, là où une âme est prise au piège après avoir quitté ce monde, mais n'a pas encore voyagé vers l'autre.
   -Tu ne l'as pas vue depuis ?
   Il secoua la tête.
   -Nous ne sommes pas autorisés à avoir des contacts avec les dieux. Ils nous considèrent comme une abomination.
   -Mais qu'en est-il d'Eros ? Il prit une profonde inspiration et ressentit un pincement d'humour à la pensée du dieu de l'amour, qui aimait s'amuser.
   -Il est un peu différent. Pour une raison quelconque, il aime sortir avec nous.
   Sunshine considéra ses mots alors qu'ils finissaient de dîner. Pauvre Talon. Il avait traversé tellement de souffrance. Tellement de chagrin.
   D’une certaine mesure, cela la dérangeait qu'il la confonde toujours avec Nynia. Elles pouvaient partager une âme, mais finalement, elles étaient deux personnes entièrement différentes.
   Non pas que ce soit vraiment important. Tant qu'il était lié à Artémis et maudit par Camulus, il ne pourrait jamais être libre. Il ne pourrait jamais avoir d'avenir.
   Lorsqu'elle avait parlé à Psyché, la déesse lui avait dit comment appeler Artémis.
   Sunshine voulait avoir encore une conversation sympa avec cette déesse et voir si peut-être Talon pouvait encore gagner sa liberté. Si elle accomplissait cela, alors peut-être qu'ils pourraient aussi faire quelque chose pour arrêter Camulus.


   Après avoir payé le dîner, ils quittèrent le restaurant et se dirigèrent vers le club de son père. Sunshine ne savait pas pourquoi Talon voulait la ramener à la maison, mais elle les avait fait entrer en douce pour qu'ils puissent avoir un peu plus de temps seuls.
   Talon l'emmena sur la piste de danse.
   Sunshine n'avait jamais réalisé à quel point un homme pouvait être sexy quand il dansait. Personnellement, elle avait toujours pensé que la plupart des hommes avaient plutôt l'air idiots.
   Mais pas Talon. Il était la chose la plus sexy qu'elle ait jamais vue dans sa vie.
   Quand la chanson se termina, Talon l'a poussa à le présenter à son père et à son frère. Ils étaient assis à proximité, examinant les papiers et les statistiques du club pendant que Wayne les aidait.
   -Salut, papa, Storm et Wayne.
   Ils levèrent les yeux et sourirent jusqu'à ce qu'ils voient Talon derrière elle.
   -Sunshine, ça va ? Demanda son père.
   -Je vais bien. Je voulais juste que tu rencontres Talon. Talon, mon père, Daniel Runningwolf.
   Talon lui tend la main, mais son père la refusa.

   -Je suis un chaman et je ne peux pas te toucher.
   Talon hocha la tête avec un regard qui disait qu'il avait compris.
   -Désolé, je ne savais pas.
   Wayne s'excusa.
   Après son départ, les yeux brun foncé de son père brillèrent durement alors qu'il glissait son regard vers Sunshine.
   -Starla ne m'a pas dit que ton petit ami était sans âme, chaton.
   -Elle a probablement pensé que tu flipperais. C’est le cas ?
   -Oui.
   Sunshine chercha à changer rapidement de sujet.
   -Comment va maman au fait ?
   -Elle va bien. Et toi ?
   -Je vais bien, papa. Ne t'inquiète pas.
   -Je suis ton père, Sunshine. S'inquiéter pour toi est mon occupation à plein temps.
   Elle lui sourit.
   -Et tu le fais très bien.
   Pourtant, il n’avait pas l'air plus apaisé.
   Talon s'avança.
   -Daniel, pourrais-je avoir un mot avec vous ?
   Sunshine fronça les sourcils à la note menaçante dans la voix de Talon. Les yeux de son père se plissèrent encore plus avant qu'il n’acquiesce subtilement.
   -Sunshine, reste avec Storm.
   Elle les regarda s'éloigner tous les deux et une vague de terreur l'envahit. Quelque chose n'allait vraiment pas.


   Talon conduisit son père dans un autre coin du bar. Il jeta un coup d'œil à Sunshine et son cœur se déchira.
   -Qu'est-ce que vous me voulez ? Demanda Daniel.
   -Ecoutez, je sais que vous ne m'aimez pas.
   -Je ne vous aime pas ? Vous êtes un tueur sans âme. Certes, vous le faites en toute sécurité, mais cela ne change rien au fait que vous n'êtes plus humain.
   -Je le sais. C'est pourquoi nous sommes ici. Je vais laisser Sunshine sous votre protection ce soir. Il y a des gens qui veulent lui faire du mal et j'apprécierais vraiment que vous la surveilliez. Je resterai à proximité, hors de vue, jusqu'à après demain soir au cas où la chose après elle essaye de la reprendre.
   -D'après ce que ma femme me dit, Sunshine ne vous laissera pas la quitter volontairement.
   -Dans quatre minutes, elle ne voudra plus jamais me regarder. Je vous le promets.
   Il fronça les sourcils.
   -Que voulez-vous dire ?
   Talon s'éclaircit la gorge en jetant un coup d'œil à la grande horloge Budweiser posée sur le mur au-dessus du bar.
   Leur temps était presque écoulé.
   Maudites soient les Moires
   -Rien, dit-il calmement. Croyez-moi sur parole, votre fille est vôtre.
   Daniel acquiesça.
   Alors que Talon retournait vers Sunshine, tout son être était douloureux. Il ne pouvait supporter l'idée de ce qu'Eros allait faire. Cela le coupait à un niveau si profond qu'il en était insondable.
   Mais cela devait être fait.
   Ils ne pouvaient pas être ensemble. C'était idiot de penser autrement.
   Il devait le faire pour lui sauver la vie.
   Du coin de l'œil, il vit apparaître Eros sous forme de dieu. Invisible pour les humains, le dieu de l'amour était facilement perceptible aux sens de Dark-Hunter de Talon.
   -Tu es sûr ? Résonna la voix d'Eros dans sa tête.
   Talon se pencha, embrassa doucement Sunshine sur les lèvres, puis hocha la tête.
   Il tenait son visage dans ses mains et fixait ses yeux bruns, attendant le moment où ils vireraient en haine. Attendant qu'elle se fige et le maudisse.
   Eros leva son arc et visa directement Sunshine.
   Talon déglutit en une attente douloureuse qui le brisait.
   Au revoir mon amour.
   Elle grimaça.
   -Aïe ! Talon, tu m’as frappé ?
   Il secoua la tête et attendit que la haine vienne dans ses yeux.
   Ce ne fut pas le cas.
   Les secondes s’égrainèrent lentement alors que son froncement de sourcils s'approfondissait.
   -Je ne me sens pas bien.
   Elle se frotta le cœur là où Eros l'avait touchée.
   Puis, étonnamment, elle leva les yeux et concentra son regard sur Eros.
   -Cupidon ?
   Eros regarda nerveusement autour de lui.
   -Tu peux me voir ?
   -Eh bien, oui, dit-elle.
   Eros bougea et devint un peu vert. Talon fronça les sourcils alors qu'un mauvais sentiment le parcourait.
   -Qu'est-ce qui se passe, Eros ? Pourquoi ne me déteste-t-elle pas ?
   Eros semblait encore plus mal à l'aise.
   -Vous deux vous n’êtes pas des âmes sœurs, n'est-ce pas ?
   -Si, répondit Sunshine. Psyché a dit que nous l’étions.
   Eros eut un sourire penaud. 
   -Oups. Je pense que je dois parler avec ma femme. Merde, elle aurait dû me le dire.
   -Oups ? Répéta Talon. Eros, mieux vaut que ce ne soit pas dans ton vocabulaire.
   Eros s'éclaircit la gorge.
   -Personne ne m'a dit que vous étiez deux âmes sœurs. Voyez-vous, ceci - il leva son arc - ne marche que sur la luxure et l'engouement. Les âmes sœurs sont un tout autre enjeu. Ce genre d'amour, je ne peux pas le tuer. Rien ne le peut.
   Sunshine resta bouche bée quand elle comprit ce qui se passait. A ce moment, elle voulut étrangler Talon.
   -Tu as essayé de l'amener à me faire te détester ?
   Maintenant, Talon avait l'air aussi penaud qu'Eros.
   -Chérie, je peux t’expliquer.
   Elle lui lança un regard furieux alors que la rage animait chaque particule de son corps.
   -Oh, tu vas tout expliquer. Comment oses-tu essayer de trafiquer avec mon esprit et mon cœur ? Je n'apprécie pas que tu fasses quelque chose de si sournois.
   -Sunshine, dit son père. Il a raison. Tu ne peux pas avoir d'avenir avec lui. Il n'est pas humain.
   -Je me fiche de ce qu'il est. Lui et moi avons quelque chose ensemble et je ne peux pas croire qu'il ferait quelque chose comme ça.
   -Je t'interdis de le revoir." Le ton de son père était sévère.
   Elle tourna sa colère vers son père.
   -Et je n'ai pas treize ans. Je me fous de ce que tu m’interdis ou pas, papa. C'est entre moi et lui.
   -Je ne te regarderai plus mourir, dit lentement Talon, soulignant chaque mot.
   -Et je ne serai pas manipulé. Je ne vais pas non plus t’abandonner.
   Talon se retourna et sortit en trombe du club, ses émotions bouillonnantes. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas.
   Il devait la laisser partir.
   C'était pour leur bien.
   Sans regarder en arrière, il alla vers sa moto. Il l'enfourcha, mais avant qu'il ne puisse la démarrer, Sunshine lui attrapa le bras.
   -Tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça.
   Il lui montra les crocs.
   -Ne comprends-tu pas ce que je suis ?
   Sunshine déglutit. Tout à coup, tout ce que Psyché avait dit avait du sens pour elle. Il n'était pas Speirr, le chef de son peuple. Le petit garçon effrayé qui avait transformé son cœur en pierre pour vivre. L'homme qui avait volé le cœur de Nynia et l'avait ensuite réclamée alors que personne d'autre ne l'aurait fait.
   C'était Talon, le Dark-Hunter qui avait passé l'éternité à protéger les étrangers du mal obscur dans la nuit.
   Elle l'aimait encore plus.
   Il faisait chanter son cœur. Sans lui, elle ne pouvait même pas imaginer son avenir.
   Elle ne savait pas comment vaincre tout ce qui se trouvait entre eux, mais il valait la peine de se battre pour ça.
   -Je sais ce que tu es, Talon. Tu es l'homme que je suis né pour aimer. Le seul homme que je puisse aimer.
   -Je ne suis pas un homme. Plus maintenant.
   -Tu es à moi et je ne te laisserai pas partir sans combattre.
   Talon ne savait pas quoi faire. Le ton de sa voix le déchira.
   Il voulait la serrer et la garder pour toujours.
   Il voulait la repousser et la maudire. Pour qu’elle le déteste.
   Elle le prit dans ses bras et l’embrassa profondément.
   Talon gémit à son contact. Bien qu'il sache qu'il ne devrait pas, il l'a tirée sur sa moto et démarra, puis s’engagea dans la circulation.

   Son amour et sa colère en furie, il les éloigna de la ville, jusqu'au bord de son marais. Tout le temps l'odeur et la sensation d'elle contre lui l’imprégnèrent, rendant ses émotions encore plus volatiles. Son corps était si proche de lui que c'était tout ce sur quoi il pouvait se concentrer. Sa chaleur, son amour.
   Il devait l'avoir.
   Incapable de le supporter, il s'arrêta dans les bois et éteignit le moteur.
   Sunshine était partiellement effrayé par son regard sauvage quand il la regarda fixement. Ses yeux brillaient de feu et de passion alors qu'il la saisissait et l'embrassait rudement. Sa faim la déchirait, l'excitait. Elle enroula ses bras autour de ses épaules alors qu'il se penchait sur son réservoir d'essence.
   Elle ne l'avait jamais vu comme ça. C'était comme si toutes ses émotions étaient hors de contrôle, comme s'il ne vivait que pour la toucher. Il embrassa son cou et son visage alors que ses mains desserraient sa veste pour pouvoir prendre sa poitrine entre ses mains.
   Il était sauvage et indompté et il lui semblait qu'il avait plus de deux mains. C'était comme s'il la touchait partout à la fois.
   Elle le voulait désespérément. Le voulait de la même qu'il la voulait elle.
   Elle embrassa ses lèvres, se frottant contre son aine enflée alors qu'elle passait son T-shirt au-dessus de sa tête. Elle passa ses mains sur la vaste étendue de sa poitrine, sentant ses muscles se serrer et se tendre.
   Il remonta sa jupe sur ses hanches.
   -J'ai besoin de toi, Talon, murmura-t-elle.
   Talon voulait la posséder. Chaque partie de lui criait cela. Il ne s'était jamais senti comme ça de toute sa vie. Il devait entrer en elle. Devait la toucher. Il devait sentir ses mains sur sa peau, son souffle contre son cou.
   C'était un besoin si puissant qu'il le secouait.
   Elle joua avec sa braguette avant de défaire son pantalon, libérant son érection. Il tremblait alors qu'elle le prenait dans ses mains.
   Il s'étouffa en sentant à quel point ses mains étaient merveilleuses sur lui.
   -Oui, Sunshine, souffla-t-il contre ses cheveux. Ramène-moi à la maison.
   Elle l'arqua en arrière et le guida doucement dans la chaleur humide de son corps. Talon grogna férocement en la sentant contre lui.
   Comme un animal, il lui fit l'amour furieusement.
   Haletante et faible de désir, Sunshine le serra contre elle alors qu'il se jetait contre elle jusqu'à ce qu'elle soit étourdie de plaisir. Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il ne lui avait pas caché ses crocs. Il la laissa le voir tel qu'il était vraiment.
   Lui faisant connaître la bête indomptée qui habitait le corps de cet homme.
   Leurs regards se fermèrent, elle regarda l'extase sur son visage alors qu'il se balançait entre ses cuisses.
   Elle prit son visage entre ses mains, hypnotisée par l'homme et le prédateur qu'il était.
   Toute sa vie, elle avait entendu des histoires d'êtres immortels, de vampires prenant possession de leurs victimes.
   Ce soir, elle voulait être la sienne. 
   Talon ne se contrôlait plus avec elle. Il le savait. Ses émotions explosaient, il ne pouvait pas penser. Il ne pouvait que ressentir. Elle était son évidence. Son tout.
   Son odeur imprégnait sa tête, couvrait son corps, rehaussant ses sens.
   Il entendit le sang qui coulait dans ses veines, sentit son cœur battre contre sa poitrine. La chaleur de sa peau douce et féminine glissant contre la sienne.
   Prends-la !
   C'était un besoin sauvage.
   Primitif.
   Exigeant.
   S'il avait été censé, il se serait contrôlé. Tel qu'il était, il ne le pouvait pas.
   Maintenant, il était la bête qui marchait la nuit. Sa seule pensée en tête, il se glissa au fond d'elle et ensuite enfonça ses crocs profondément dans son cou.
   Il ne ressentit sa surprise que pendant un instant jusqu'à ce que l'extase sexuelle complète les frappe tous les deux.
   Leurs corps et leurs esprits étaient unis. Réunis.
   Il sentait chaque pensée dans sa tête. Chaque émotion. Chaque peur. Chaque joie.
   Il vit dans son cœur jusqu'à sa peur qu'il ne l'aimait pas autant qu'il aimait Nynia. Qu'il ne l'aimerait jamais autant. Il sentit son désespoir et sa détermination.
   Surtout, il sentit son amour.
   Grognant violemment, il laissa son essence l'envahir. La laissa s'infiltrer dans tous les coins de son être. Il n'y avait plus de secrets entre eux. Plus d'endroits pour se cacher.
   Elle était aussi nue pour lui que pour elle.
   Et son amour pour lui était le sentiment le plus incroyable qu'il ait jamais éprouvé.
   Talon s'enfonça profondément alors que sa tête et son corps explosaient. Leurs orgasmes étaient si féroces qu'il ne pouvait pas garder la moto droite. Avant qu'il ne sache ce qui s'était passé, ils étaient allongés par terre, encore empêtrés alors que ses sens lui revenaient.
   Sunshine le fixait au clair de lune, ses vêtements froissés et son visage exalté.
   Dans son esprit, elle pouvait encore entendre ses pensées. Sa peur de la perdre, son besoin de la protéger.
   Elle vit sa culpabilité d'avoir permis à sa sœur de mourir. Son besoin de corriger le mal qui avait été fait à Nynia.
   La tristesse et le chagrin qui l'habitaient en tant que compagnons permanents.
   Surtout, elle vit son besoin de la retenir. Son besoin de ne pas la perdre.
   Elle sentait son pouvoir et sa force, qui ne ressemblaient à rien de ce qu'elle avait imaginé. Il était un prédateur.
   Et il était l'homme qu'elle aimait. Qui l'aimait et qui était prêt à faire n'importe quoi pour elle. Même abandonner sa propre vie.
   "Je t'aime, Talon," souffla-t-elle.
   Talon ne pouvait pas croire ce qu'il avait fait en frottant la main contre son cou et en enlevant les signes révélateurs du sang. Son goût imprégnait son esprit, ses sens.
   Zarek avait raison, c'était la chose plus incroyable qu'il n’ait jamais connu. Et maintenant qu'il avait vu dans son cœur...
   Dieux, qu'avait-il fait ?
   Dans un moment de passion insouciante, il avait semé les graines de leur destruction.

  


Texte original © Sherrilyn Kenyon - 2003
Traduction © Dark-Hunter Francophone 

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