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Dark-Hunter #15,5 - Shadow of the Moon


Chapitre 1

 

La Nouvelle Orléans

   Fury Kattalakis était sur le point d'entrer directement dans le repaire du dragon. Enfin, pas exactement. Il y avait un dragon dans le grenier du bâtiment vers lequel il se dirigeait, mais ce dragon n'était pas aussi dangereux pour Fury que l'ours qui gardait la porte.
   Ce sale fils de pute le détestait de toutes ses tripes.
   Non qu'il s'en soucie. La plupart des gens et des animaux le détestaient, ce qui lui convenait. Il n'avait pas beaucoup d'utilité pour le monde de toute façon.
   -Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la famille, déclara Fury dans un souffle. Bien que pour être honnête, tout ce concept de famille était encore nouveau pour lui. Il était plus habitué à être baisé par tout le monde autour de lui. Ce n'est que lorsque son frère Vane l'avait recueilli au cours de l'été 2004 qu'il s'était rendu compte que tout le monde dans l'univers n'était pas là pour le tuer.
   L'ours, cependant, l’était toujours…
   Dev Peltier se tendit dès qu'il vit Fury sortir de l'ombre près de la porte du Sanctuary – un bar de motards et un club de danse qui se tenait au 688 Ursulines Street. Comme si cette adresse n'avait pas été choisie intentionnellement par le clan des ours qui la possédait. Ils n'étaient rien sinon ironiques.
   Vêtu d'un t-shirt noir du personnel du Sanctuary et d'un jean, l'ours avait l'air humain pour le moment, avec de longs cheveux blonds bouclés, des bottes de motard noires et une paire d'yeux perçants qui ne manquaient aucun détail ou faiblesse, non que Fury ait une faiblesse. Mais même sous l'apparence humaine de Dev, pour les lycanthropes tels que Fury, la forme alternative de Dev était comme une balise sonore qui avertissait toutes les espèces d'un autre monde que Dev était féroce.
   Encore une fois, Fury aussi. Ce qui lui manquait en capacités magiques, il le compensait largement par sa force pure…
   Et l'attitude et la colère façon "Vas te faire foutre".
   Personne n’avait raison de lui. Jamais.
   -Que fais-tu ici ? Grogna Dev.
   Fury haussa les épaules nonchalamment et décida qu'un combat ne le ferait pas entrer à l'intérieur – ce qu'il avait promis de faire. Lui… tenir une promesse à quelqu'un d'autre que lui… ouais. Bien sûr. L'enfer devait avoir gelé. Il ne savait toujours pas vraiment comment il avait permis à son frère Fang de le convaincre de commettre cet acte de suicide flagrant.
   Le salaud le lui devait.
   Au plus fort.
   -Paix mon frère.
   Fury leva les mains en signe de reddition.
   -Je suis juste ici pour voir Sasha.
   Dev montra ses dents de manière menaçante alors qu'il jetait un regard noir sur le corps de Fury qui aurait normalement amené celui-ci à le frapper pour l'insulte. Merde, son frère Vane déteignait sur lui.
   -La patria Kattalakis n'est pas la bienvenue ici et tu le sais.
   Fury arqua un sourcil en levant les yeux vers l’enseigne au-dessus de la tête de Dev. Sur fond noir avec du bleu électrique et du marron, il représentait une moto sur une colline qui se découpait sur une pleine lune. Il proclamait également que le Sanctuary était la maison des Howlers, le groupe de la maison. Pour les non-observateurs, cela ressemblait à n'importe quel autre enseigne de club. Mais pour ceux qui étaient nés maudits, comme eux, les ombres de la lune formaient le contour d'un dragon qui se levait – un symbole caché pour les êtres surnaturels du monde entier.
   Ce club ne s'appelait pas seulement le Sanctuary, c'était un sanctuaire. Et toutes les entités paranormales étaient autorisées à l'intérieur là où personne ne pouvait leur faire de mal. Du moins tant qu'ils obéissaient à la première règle d'un limani. Pas de sang versé.
   -Tss. Tu connais les lois de notre peuple. Tu ne peux pas choisir qui entre. Tous sont accueillis sur un pied d'égalité.
   -Va te faire foutre, gronda Dev.
   Fury secoua la tête alors qu'il réprimait sa réplique caustique naturelle. Au lieu de ça, il décida de le gérer avec un sarcasme mordant.
   -Merci beaucoup pour l'offre, mais même si tu as une certaine qualité féminine dans ton comportement et une chevelure remarquable que n'importe quelle femme envierait, tu es beaucoup trop poilue à mon goût. Sans vouloir t’offenser.
   Dev retroussa les lèvres.
   -Depuis quand un chien se soucie-t-il de ce qui le saute ? 
   Fury inspira brusquement.
   -Je pourrais descendre si bas avec ça que même le caniveau nous envierait, mais… je sais ce que tu essais de faire. Tu essais de provoquer une bagarre avec moi pour que tu puisses légalement me repousser.
   Il serra les poings et fit mine de se débattre avec ce qu'il voulait faire et ce qu'il avait promis de faire.
   -Je veux vraiment, vraiment te donner ce combat aussi, mais je dois voir Sasha et ça ne peut pas attendre. Désolé. Nous devrons baiser et nous battre plus tard.
   Dev grogna de façon menaçante, un pur son de grizzli.
   -Tu es sur de la glace mince, Loup.
   Fury se calma et réduisit son regard à celui de sa forme de loup. Lorsqu'il parla, sa voix était basse et sauvage et remplie de la promesse d'un coup de poing qui attendait si Dev voulait continuer ce jeu.
   -Tais-toi, va te faire foutre et laisse-moi entrer.
   Dev fit un pas vers lui.
   Plus vite que Fury ne pouvait même se tendre dans l'attente du coup que Dev était sur le point de livrer, Colt fut là. D’une tête plus haute qu'eux deux, Colt avait des cheveux courts d'un noir de jais et des yeux mortels. Il posa une grosse main tatouée sur la poitrine de Dev et le retint.
   -Ne le fais pas, Dev, déclara Colt d'un ton bas et égal. Il n'en vaut pas la peine.
   Fury aurait probablement dû être insulté, mais la vérité ne l'avait jamais dérangé.
   -Il a raison. Je suis un bâtard sans valeur engendré par un bâtard encore plus sans valeur que moi. Tu ne veux certainement pas que ton permis de sanctuaire soit retiré pour des gens comme moi.
   Dev haussa les épaules au toucher de Colt, ce qui fit remonter la manche de sa chemise et exposer le tatouage du double arc et de la flèche sur son bras.
   -Peu importe. Mais nous te surveillons, Loup.
   Fury lui fit un salut d'un doigt.
   -Alors j'essaierai de ne pas pisser sur le sol ou de ne pas heurter les meubles… 
   Il baissa les yeux sur la botte noire à clous argentés de Dev.
   -Ta jambe, cependant, pourrait être une autre affaire. 
   Dev grogna à nouveau tandis que Colt riait et resserrait sa prise.
   Colt indiqua la porte d'un coup de menton.
   -Mets ton cul à l'intérieur, Fury, avant que je décide de te donner à manger à Dev.
   -Je ne vaux vraiment pas l'indigestion.
   Avec un clin d'œil de rivalité à Dev, Fury passa devant eux pour entrer dans le bar où la musique était forte et puissante, ce qui donna envie au loup en lui de gémir en signe de protestation alors qu'il attaquait son ouïe surélevée.
   Comme Colt était l'un des Howlers, ils n'étaient pas encore sur scène. Mais il y avait déjà une foule de bonne taille rassemblée. Touristes et habitués dansaient ou s'affairaient au premier étage du bar qui en comportait trois. Sans aucun doute, il y avait aussi beaucoup de monde au deuxième étage. Le troisième étage, cependant, était seulement réservé à leur espèce.
   Fury glissa ses mains dans ses poches arrière alors qu'il se déplaçait à travers les gens. Il était facile de repérer les motards des autres car beaucoup d'entre eux étaient de la vieille école et recouverts de cuir. Les plus jeunes et les plus branchés portaient des costumes en nylon ou Aerostich comme le sien, tandis que les touristes et les collégiens portaient de tout, des jupes courtes aux pantalons kaki en passant par les jeans.
   Alors que Fury passait devant les tables où les clients pouvaient s'asseoir et manger, il croisa le regard de la belle serveuse blonde qui se trouvait être la sœur du connard à l'extérieur.
   Aimée Peltier.
   Comme son frère Dev, ses longs cheveux étaient blonds et elle était grande et mince. Souple. Dans l'ensemble, très attirante, à l'exception du fait que lorsqu'elle se couchait le soir, elle se transformait en ourse. Il frissonna à cette pensée. Le goût de son frère pour les femmes laissait beaucoup à désirer.
   Aimée se figea au moment où elle le vit.
   Il indiqua subtilement le bar du regard pour lui faire savoir qu'il avait un message pour elle. Elle était la vraie raison pour laquelle il était ici, mais si l'un de ses nombreux frères le découvrait, ils seraient tous les deux morts.
   Il continua donc son chemin vers le bar où trois barmans préparaient des boissons. Étant donné que Dev faisait partie d'un ensemble de vrais quadruplés, Fury avait l'impression de voir double lorsqu'un autre ours-garou s'approcha de lui. La seule raison pour laquelle il pouvait différencier Dev de ses trois autres frères était le tatouage sur son bras. Avec les trois autres, eh bien, il s'en foutait vraiment de qui c'était.
   Le quadruplé plissa les yeux d'un air menaçant.
   -Qu'est-ce que tu veux, Loup ?
   Nonchalant, Fury s'assit.
   -Dis à Sasha que je dois le voir.
   -Pourquoi as-tu besoin de le voir ? 
   Fury lui lança un regard blasé.
   -C’est l'affaire des loups, et la dernière fois que j'ai reniflé, ce que j'essaie vraiment de ne pas faire parce que la puanteur de ton cul est rude pour mon sens de l'odorat accru, tu es un ours. Choppe-le et envois-le moi.
   -Est-ce que tu dois énerver tous ceux que tu rencontres ? 
   Cette voix douce descendit le long de sa colonne vertébrale comme une caresse.
   Il se tourna pour voir Margarite Neely debout à côté de lui. Minuscule et humaine, Margery avait l'un des plus beaux postérieurs qu'il ait jamais vus sur une femme. Mais là était le problème. Elle était humaine, et il avait du mal à s'identifier à cette race, ou à n'importe quelle race d'ailleurs. Les compétences sociales n'étaient donc pas son fort. Comme Margery l'avait souligné, il avait tendance à énerver quiconque était assez stupide pour s'approcher de lui. Même quand il n'en avait pas l'intention.
   -C'est une habitude congénitale qui me sert bien la plupart du temps.
   En riant, elle lui tendit une bouteille de bière.
   Fury secoua la tête, déclinant l'offre. Ce truc sur ses papilles… mauvais. Il fronça les sourcils.
   -Je suis surpris de te voir ici. 
   Elle était l'infirmière des Peltier et il ne la voyait normalement que lorsqu'il était blessé et avait besoin de soins. En règle générale, elle évitait le bar et restait dans l'hôpital caché qui y était rattaché.
   Elle but une gorgée de bière.
   -Ouais, mais il y a un mauvais mojo qui descend. Je devais boire un verre pour calmer mes nerfs.
   Comme il ne l'avait jamais vue boire, cela l'intriguait.
   -Quel genre de mauvais mojo ?
   Sasha les rejoignit et répondit pour elle.
   -Il y a un Litarian dans le bureau de Carson.
   Fury fronça les sourcils vers Sasha, dont le visage était pâle. S'il ne savait pas mieux, il penserait que le loup était secoué.
   -Ouais, et alors ? Il y a beaucoup de merde dans son bureau la plupart du temps.
   Carson était le médecin résident et le vétérinaire que tous les Were-Hunters de la Nouvelle-Orléans consultaient lorsqu'ils avaient besoin de services médicaux. Le fait qu'il ait un lion dans son hôpital ne devrait même pas faire lever un sourcil.
   Margery secoua la tête.
   -Pas comme ça, Fury. Il ne peut pas devenir humain ou utiliser sa magie.
   Ça c’était choquant.
   -Qu'est-ce que tu as dit ?
   -Les Arcadiens l'ont frappé avec quelque chose, dit-elle à voix basse, comme si elle craignait d'être entendue. On ne sait pas quoi. Mais ça a épuisé ses pouvoirs instantanément. Il ne peut même pas projeter ses pensées sur sa compagne.
   Fury ne pouvait pas respirer à l'idée que cela se produise. Même si sa forme de base et principale était celle d'un loup et qu'il manquait de beaucoup de contrôle magique, il ne pouvait toujours pas imaginer ce que ce serait de vivre entièrement comme un animal.
   -Et tu es sûr qu'il n'est pas un lion ordinaire ?
   C'était une question stupide, mais qui devait être posée.
   Ils lui lancèrent tous les deux un regard idiot.
   Fury leva les mains en signe de reddition.
   -Je vérifie juste. Vous auriez pu avoir un anévrisme ou quelque chose comme ça.
   Margery prit une grande gorgée de sa bière.
   -Ça a été une mauvaise journée.
   -Ouais, acquiesça Sasha en lui prenant la bouteille et dupliquant le geste. Nous en sommes tous bouleversés. Tu t’imagines en train de t’occuper de te propres affaires et d'avoir une tessera qui sort de nulle part, qui te botte le cul avec quelque chose que nous ne pouvons pas identifier, puis tu perds pour toujours.
   Fury laissa échapper un long soupir.
   -J'ai vu ce film une fois. C'était nul.
   Sasha inclina la tête d'un air penaud alors qu'il se souvenait du passé de Fury.
   -Désolé mec. Je ne voulais pas parlé de ça.
   Personne ne le faisait jamais. Pourtant, ça piquait sans en avoir l’intention.
   -Tu avais besoin de me voir ? demanda Sasha en changeant de sujet.
   Fury vérifia sa vision périphérique pour s'assurer qu'aucun membre du clan des ours n'était à proximité. Puis il jeta un regard pointu à Margery.
   -Nous avons quelques affaires de Loup, si cela ne te dérange pas.
   -C'est bon. Je dois quand même remonter. La compagne du Litarian a dû être mise sous calmant un peu plus tôt et elle devrait en sortir d'un moment à l'autre.
   Elle passa devant lui pour frapper le bar et attirer l'attention de l'ours.
   -Rémi, donne-moi encore une bouteille et je me remets au travail.
   Fury s'étrangla à ses mots.
   -Je suis content de ne pas être le patient. 
   Margery lui lança un regard de réprimande.
   -C'est pour Carson.
   Il renifla.
   -Et je répète ce que j'ai dit. Juste ce dont j'ai besoin, un tas d’ivrognes qui travaillent sur moi.
   Il rencontra l'expression amusée de Sasha.
   -Rappelle-moi de ne rien faire de stupide ce soir. Oh attends, je suis là. Trop tard pour cet avertissement, hein ? 
   Sasha ignora cette question alors qu'il croisait ses bras sur sa poitrine et déplaçait son poids sur une jambe.
   -De quoi as-tu besoin, Fury ? Nous ne sommes pas vraiment amis.
   Fury le conduisit à quelques mètres de l'endroit où Rémi tendait une autre bouteille de bière à Margery.
   -Je sais, mais tu es le seul loup dont les Peltier ne se méfient pas et le seul en qui je peux avoir confiance pour apporter ça à Aimée.
   Il mit le petit mot dans la main de Sasha.
   -Assure-toi de te torcher le cul avec ou quelque chose pour éliminer la puanteur de Fang. J'ai fait ce que j'ai pu, mais il est assez parfumé.
   Sasha n’avait pas vraiment l'air heureux de cette demande.
   -Tu sais, la dernière fois que je me suis impliqué dans un subterfuge, j'ai été mortellement blessé et marqué, et j'ai vu tout mon clan se faire tuer. Suis mon conseil et ne laisse pas ton frère t’entraîner avec lui.
   -Ouais, mais je ne m'interpose pas entre deux dieux. – C'est ce qui avait failli faire tuer Sasha – Je fais juste une faveur à mon frère.
   -C'est ce que je me suis dit aussi. Mais le problème avec la famille, c’est qu’ils te mettent dans la merde puis t'y abandonnent. Ou pire, te font tuer.
   C'était vrai, et il le savait. Mais il devait à Vane et à Fang de l'avoir accueilli alors que personne d'autre ne l'avait jamais fait.
   Rien que pour ses frères, il était prêt à mourir.
   -Alors, tu veux bien lui donner le mot ? 
   Sasha grinçait des dents.
   -Je vais le faire. Mais tu me le dois.
   En fait, Fang lui devait, mais… ils étaient frères, et pour la première fois de sa vie, il comprenait ce que cela signifiait.
   -Je sais et je l'apprécie vraiment.
   Sasha glissa le papier dans sa poche arrière.
   -Tu sais, ce qui me tue vraiment, c'est que je n'ai jamais vu deux animaux agir de manière plus humaine. Quel genre de conneries de Roméo-Juliette jouent-ils en fait ?
   Fury haussa les épaules.
   -Par l'enfer si je le sais. Il dit qu'elle est la seule à le comprendre. Compte tenu de la façon dont il a agi ces derniers temps, je suis d'accord avec ça parce que je ne comprends absolument rien. S'il commence à porter du rouge à lèvres et du rose, je vote pour qu'on le sorte et qu'on lui tire dessus. Que l’on sort son cul pleurnichard de ma misère.
   Le coin des lèvres de Sasha se retroussa comme s'il essayait de ne pas sourire.
   -Que fais-tu ici ?
   Fury se tendit à la voix au profond accent français de Nicolette "Mama" Peltier. Comme son frère passait du temps avec la fille unique de Mama, Aimée, il comprenait plus que son hostilité envers l'ensemble de leur clan, mais cela ne voulait pas dire qu'il appréciait le ton.
   Il commença à lui dire ce qu'elle pouvait en faire, mais avant qu'il ne puisse reprendre son souffle pour répondre, Sasha prit la parole.
   -Je lui ai demandé de venir. Je voulais l'avertir de ce qui est arrivé au Litarian.
   Mama se détendit un peu, mais son expression était toujours profondément troublée.
   -C’est mauvais tous ça. 
   Elle jeta son regard dans la pièce comme si elle cherchait quelqu'un de suspect.
   -Que les dieux prennent pitié de nous tous si nous n'arrêtons pas ceux qui sont derrière ça. Je frissonne à la pensée de ce dont ils pourraient être capables d'autre.
   Fury aussi.
   -Est-ce que les ours font quelque chose pour découvrir qui est responsable ? 
   Elle secoua la tête.
   -Non*, les lois du sanctuaire l'interdisent.
   -Alors je vais creuser un peu. 
   Sasha renifla.
   -Tu ne peux pas empêcher cette séquence kamikaze que tu as, n'est-ce pas ? 
   Fury sourit.
   -Pas vraiment. Je trouve que c'est plus facile si je fais avec plutôt que de le combattre. En plus, si quelqu'un nous baise, je veux savoir qui et comment. Surtout, je veux leur gorge pour ça.
   Le respect brillait dans les yeux de Nicolette. Elle regarda Sacha.
   -Emmène-le à l'étage avant que trop d'odeurs ne contaminent le lion afin qu'il puisse suivre ceux qui ont fait ça.
   Sasha inclina la tête vers Nicolette avant de faire signe à Fury de le suivre.
   Fury ne parla pas alors qu'ils quittaient le bar et se dirigeaient vers la cuisine puis dans la maison Peltier. Une fois hors de vue des humains, Sasha utilisa ses pouvoirs pour disparaître et réapparaître dans le bureau du médecin au deuxième étage. Fury était un peu plus prudent.
   Parce que personne ne l'avait guidé sur la façon d'utiliser sa magie quand il avait atteint la puberté, son contrôle sur celle-ci était moins que souhaitable. Plus précisément, il refusait de faire savoir à quiconque à quel point il avait peu de contrôle. Personne ne connaissait ses défauts et vivait pour le dire.
   Il monta donc les escaliers jusqu'aux pièces réservées aux soins médicaux.
   Dès qu'il entra dans le petit bureau, il vit Margery, Carson et Sasha l'attendre.
   -Pourquoi tu ne m'as pas suivi ? Cracha Sasha.
   -Je l'ai fait.
   -Oui mais…
   Fury l'interrompit.
   -Je ne laisse pas de trace de pouvoir à l'un de vous, connards, à utiliser contre moi. La marche fonctionne pour moi. Alors, où est ce lion ?
   Carson se diriger vers l'arrière du bureau où une autre porte menait à la zone de l'hôpital.
   -Je l'ai mis ici.
   Fury le suivit. Dès qu'il entra dans la chambre stérile, il se figea. Il y avait une femme penchée sur le lion sur la civière, en train de pleurer. Elle avait une main profondément enfoncée dans sa crinière tandis que l'autre était allongée paume vers le haut sur la table. Au centre de sa paume se trouvait le dessin élaboré qui la marquait comme la compagne de quelqu'un. L'affection qu'elle montrait envers le lion ne laissait aucun doute sur qui elle était.
   -Anita ? Dit Carson doucement. Voici Fury Kattalakis. Il est là pour aider à trouver ceux qui ont fait ça.
   Elle leva la tête en reniflant pour lui lancer un regard qui disait qu'elle n'était pas impressionnée par son offre.
  -Ma fierté est après ceux qui l'ont causé.
   -Oui, dit doucement Carson, mais plus nous avons de pisteurs, plus nous avons de chances de les trouver et, espérons-le, d'obtenir un remède.
   -Nous sommes des lions…
   -Et je suis un loup, déclara Fury en la coupant. Si j'ai besoin de brutalité brute et de force, je t'appellerai. Mais si tu cherches quelqu'un qui t’a fait du mal, rien ne marche mieux que l'un d'entre nous.
   Carson posa sa main sur le bras de la femme.
   -Il a raison, Anita. Laisse-le voir s'il peut nous aider à trouver les coupables avant qu'ils ne s'attaquent à quelqu'un d'autre.
   Elle serra sa main dans la crinière du lion avant de se lever et de s'éloigner.
   Fury s'approcha lentement de la table.
   -Est-il pleinement animal ou conserve-t-il une logique humaine ? 
   Carson soupira.
   -Nous ne sommes pas sûrs.
   Ces mots arrachèrent un profond sanglot à la femme.
   Fury l'ignora et s'approcha de la table. Le lion grogna alors que Fury s'approchait de lui. C'était un avertissement pour les animaux. Le loup à l'intérieur de Fury passa au premier plan, mais il l'écrasa. Alors que le loup pourrait vouloir se battre, l'homme savait qu'un lion le mettrait en pièce. Parfois, il était bon d'avoir des capacités humaines, même si celles-ci allaient parfois en guerre avec son cœur de loup.
   -Doucement, dit-il d'un ton calme alors qu'il serrait sa main dans un poing pour protéger ses doigts. S'il n'y avait rien d'autre à l'intérieur du lion qu'un animal, il répondrait à toutes les phéromones hostiles ou de peur qu'il sentirait. Il tendit lentement la main pour que le lion puisse capter son odeur et son intention.
   Le lion le frappa mais ne le blessa pas. Bien. Fury posa sa main sur le dos du lion. Se penchant plus près, il sentit les muscles bouger, mais ils ne se rassemblaient pas pour attaquer. Il inspira et sentit l'odeur de Carson, Margery, la lionne et d'autres. Mais c'est l'odeur la plus légère qui le fit chanceler…
   Une louveswan.
   Fury regarda la lionne.
  -As-tu côtoyé d'autres Lykos ?
   Anita indiqué le loup près de Carson.
   -Sacha.
   -Non, dit Fury lentement. Une femelle.
   Anita se moqua de lui.
   -Nous ne nous mélangeons pas avec d'autres races. Nous sommes des puristes.
   Peut-être… mais il y avait aussi d'autres odeurs qu'il sentait. Chacal, panthère et loup.
   -Quand avez-vous été près d'un chacal ? 
   -Jamais ! Cracha-t-elle, indignée à cette simple suggestion.
   Les chacals n'étaient pas exactement la race préférée de quiconque. Au pays des parias, ils étaient les animaux oméga. Ceux que tout le monde évitait et à qui on s’en prenait.
   Sasha se rapprocha.
   -Je le sens aussi.
   Carson échangea un regard inquiet avec Margery.
   -Anita, dis-nous tout ce dont tu te souviens sur ceux qui ont attaqué ton compagnon.
   -Je ne les ai pas vus. Jake était sorti avec son frère, sous sa forme naturelle, juste pour courir. Ils ne faisaient de mal à personne. Son frère a dit qu'une tessera d'Arcadiens est arrivée et est venue vers eux. Ils se sont battus, et les Arcadiens ont tiré sur Jake avec quelque chose, et il est tombé durement. Peter a couru chercher de l'aide.
   -Où est Peter maintenant ? Demanda Fury.
   Une larme glissa du coin de l'œil.
   -Mort. Peu importe avec quoi ils ont tiré ça l'a touché à la tête. Il a seulement vécu assez longtemps pour nous dire ce qui s'est passé.
   Carson l'a laissa à Margery avant de conduire Sasha et Fury hors de la pièce.
   -J'ai fouillé dans la tête de Peter et je n'ai rien trouvé. Il n'y a pas de blessure d'entrée, pas de blessure de sortie, pas de sang. Rien. Je ne sais pas ce qui l'a tué.
   Cela ne présageait rien de bon.
   -Magie ? Demanda Fury.
   Carson secoua la tête.
   -Mais qu'est-ce qui serait si puissant ? 
   Sasha déplaça son poids sur une jambe.
   -Les dieux.
   Fury n'était pas d'accord avec ça.
   -Je n'ai pas senti de dieu. Je nous ai sentis.
   Sasha poussa un long soupir.
   -Tu sais combien de patrias Lykos existent ? 
   -Puisque je suis le Régis des Katagaria, oui, je le fais. Nous sommes des milliers et juste à cette époque.
   Ce qu'il ne leur disait pas, c'est que l'odeur était celle d’une louve avec laquelle il était plus que familier. Une louve d'un passé qu'il avait fait de son mieux pour oublier.
   -Je vais faire quelques recherches et voir ce que je peux trouver.
   -Merci, déclara Carson.
   Fury ne tint pas compte de sa gratitude.
   -Sans t’offenser, je ne fais pas ça pour vous. Je suis inquiet pour mon peuple. Nous devons savoir ce qui le pousse à conserver sa forme.
   -Et si c'est réversible, ajouta Sasha.
   Fury hocha la tête.
   -Je reste en contact.
   -Hé, Fury ?
   Il se tourna vers Sasha qui lui frappa trois fois la poitrine avec son poing, puis baissa la main. Un geste silencieux pour lui faire savoir que Sasha n'oublierait pas de donner la lettre à Aimée. Il inclina la tête avec respect avant de quitter la pièce et de descendre les escaliers.
   Mais à chaque pas qu'il faisait, ses souvenirs enfouis depuis longtemps le traversaient. Il remonta dans le temps auprès d'une femme qui avait été autrefois son monde entier. Ni son amante ni sa parente, elle avait été sa meilleure amie.
   Angelia.
   Et en un battement de cœur, lorsque son frère avait dit à son clan ce qu'il était vraiment, elle n'avait pas seulement trahi sa promesse sacrée envers lui, elle avait essayé de le tuer. Il pouvait encore sentir la morsure de son couteau alors qu'elle l'enfonçait jusqu'à la garde – la cicatrice était toujours apparente sur sa poitrine à quelques centimètres de son cœur. La vérité était qu'elle n'avait pas vraiment raté cet organe. Ses paroles lui avaient fait plus de dégâts que n'importe quelle arme.
   Si elle était derrière tout ça, il s'assurerait que ce soit la dernière erreur que cette garce ait jamais commise.

 

 


Texte original © Sherrilyn Kenyon
Traduction © Dark-Hunter Francophone